Notes & Docs - 17.10.2008

Bilan Economique 2007 : une bonne tenue quand-même

Effet bénéfique des réformes structurelles, développement des secteurs porteurs, diversification du tissu économique et accélération des exportations : autant de facteurs déterminants qui ont fait passer la croissance du PIB de 5.5% en 2006 à 6.3% en 2007. Extraits du Rapport de la Banque Centrale de Tunisie pour l’année 2007.

L’environnement mondial instable et difficile qui a prévalu en 2007 a affecté, en particulier, la croissance économique des principaux pays développés, notamment à partir du dernier trimestre, se traduisant par une décélération du rythme d’expansion de leurs économies, tandis que les pays émergents et ceux en développement, comme la Chine, l’Inde et la Russie, ont continué à connaître, dans l’ensemble, une croissance soutenue.

En dépit de la conjoncture internationale difficile, l’économie tunisienne a réalisé un taux de croissance du PIB de 6,3% en termes réels, contre 5,5% en 2006, grâce aux effets positifs des réformes structurelles sur l’amélioration de la compétitivité et le développement des secteurs prometteurs et à haute valeur ajoutée, à la diversification du tissu économique et à l’accélération de la progression des exportations de biens et services.

L’affermissement de la croissance a intéressé les industries manufacturières (6,7% contre 4,5% en 2006), particulièrement les industries du textile et habillement et des cuirs et chaussures (5,4% contre -2,5%) et les industries mécaniques et électriques (15,9% contre 18,7%), le secteur des hydrocarbures qui a connu une reprise appréciable (22,5% contre -4,6%) suite à la nette augmentation de la production pétrolière, stimulée par la hausse des prix sur le marché international, et les services marchands (8,4% contre 8,2%), surtout le secteur des communications (20% contre 21% un an plus tôt).

Concernant le secteur agricole et de la pêche, sa progression s’est poursuivie à un rythme modéré. Elle a même légèrement diminué en 2007, pour revenir à 3,3% contre 3,5% l’année précédente. Cette décélération est due, principalement, à la baisse de la production d’huile d’olive et à l’évolution enregistrée au niveau de certaines branches d’activité, en particulier l’élevage.

Hors agriculture et pêche, la croissance économique s’est consolidée, pour passer à 6,7% contre 5,7% en 2006, témoignant de la solidité de la plupart des secteurs, notamment ceux des industries mécaniques et électriques et des communications. Pour sa part, la formation brute de capital fixe (FBCF) s’est accrue, en 2007, de 12,9% en prix courants et de 6,4% à prix constants, contre 15,3% et 8% respectivement l’année précédente. En dinars courants, elle s’est élevée à 10.926 MDT, dont 58,7% contre 56,5% en 2006 provenant du secteur privé.

L’augmentation des investissements a concerné, surtout, les industries manufacturières (8,2% contre 3,6% un an plus tôt), particulièrement les industries du textile, habillement, des cuirs et chaussures (24,2% contre -6,3%) et les industries mécaniques et électriques (26,7% contre 12,5%), ainsi que les services marchands (7% contre 9%), notamment les secteurs des transports et du commerce et services divers. A l’inverse, les investissements ont accusé un ralentissement de leur progression dans les industries non manufacturières (40,1% contre 73% en 2006) après une année de forte reprise et, surtout, dans le secteur de l’agriculture et de la pêche (1% contre 16%).

Pour ce qui est des investissements directs étrangers (IDE), hors privatisation de Tunisie Télécom réalisée en 2006 (2.972 MDT), ils sont passés, d’une année à l’autre, de 1.431 MDT à 2.071 MDT. Cette progression a bénéficié, essentiellement, aux secteurs de l’énergie (44,6% contre 143,5% l’an passé) et des industries manufacturières (40,1% contre -7,5%), dont les parts respectives ont atteint environ 66% et 23% du total.

Quant à l’épargne nationale, et malgré la consolidation de la croissance économique, elle a connu, au cours de 2007, une décélération de son rythme d’augmentation qui s’est établi à 5,7% contre 22,8% en 2006, pour s’élever à 10.068 MDT. Cette situation s’explique, entre autres, par la progression soutenue de la consommation des ménages. Il y a lieu d’indiquer que le revenu par habitant a continué à s’accroître mais à un rythme moins rapide qu’une année auparavant, soit 6,2% contre 10,8%, pour atteindre 4.377 dinars suite, notamment, à l’accroissement sensible des transferts nets de revenus de facteurs vers l’extérieur (essentiellement les revenus du capital).

En conséquence, le taux d’épargne a légèrement diminué, en 2007, pour se situer à 22,5% du revenu national disponible brut (RNDB) contre 22,8% en 2006. Quant au taux de financement de la FBCF par les ressources de l’épargne nationale, il s’est situé à 92,1% contre 98,4% une année auparavant.

Grâce à l’affermissement de la croissance économique et à la progression des investissements, la situation de l’emploi s’est améliorée, en 2007, avec la création de 80 mille postes d’emploi dans la pêche et les activités non agricoles, soit autant que les prévisions initiales, contre près de 77 mille emplois créés en 2006. Ainsi, le taux de chômage est revenu, d’une année à l’autre, de 14,3% à 14,1%.

S’agissant de l’évolution des prix à la consommation familiale et malgré la forte hausse des cours mondiaux des produits de base, notamment les produits énergétiques, les céréales et les huiles végétales, et l’apparition momentanée de tensions pour certaines denrées alimentaires, le taux d’inflation est revenu de 4,5% en 2006 à 3,1% en 2007. La maîtrise des prix a été assurée grâce, surtout, à la poursuite d’une politique monétaire appropriée, à une discipline budgétaire au niveau des finances publiques et à la prise en charge par l’Etat, dans le cadre d’une loi de Finances complémentaire, de l’accroissement des dépenses de la Caisse générale de compensation.

Sur le plan des paiements extérieurs, les échanges commerciaux ont enregistré, au cours de 2007, une nette accélération de leur rythme de progression, soit 24,8% pour les exportations et 22,2% pour les importations contre 12,8% et 15,7% en 2006. Il en est résulté une amélioration du taux de couverture de 1,6 point de pourcentage, pour se situer à 79,4%.

L’accroissement des exportations a concerné, particulièrement, l’énergie (55,5%), les industries mécaniques et électriques (30,9%) et le secteur du textile et habillement (16,4%).

Quant à l’augmentation des importations, elle a intéressé, principalement, l’alimentation (54,5%) en raison, surtout, de la flambée des prix mondiaux des céréales et des huiles végétales, les matières premières et demi-produits (27,3%) et les biens d’équipement (25,6%). Cette évolution reflète le dynamisme de l’activité économique, mais comporte aussi l’impact de la hausse des prix sur le marché international et de l’effet-change, notamment l’appréciation de l’euro. Il y a lieu de souligner que l’accroissement des recettes touristiques en devises et des revenus du travail rapatriés par les Tunisiens à l’étranger, soit de 8,9% et 9,4% respectivement, a contribué à la maîtrise du déficit courant, ce dernier ayant atteint 2,6% du PIB contre 2% en 2006.

 

Les entrées nettes de capitaux au titre de l’année 2007, quoique accusant une baisse de 1.559 MDT ou 42,7%, pour revenir à 2.088 MDT, suite à l’absence d’opérations de privatisation de grande envergure, à l’instar de ce qui s’est passé un an plus tôt, ont permis de couvrir largement le déficit courant et de générer un excédent au niveau de la balance générale des paiements, soit 883 MDT contre 2.773 MDT une année auparavant.

En conséquence, les avoirs nets en devises ont continué à augmenter pour s’élever à 9.582 MDT ou l’équivalent de 141 jours d’importation à la fin de 2007, contre 8.705 MDT et 157 jours au terme de l’année précédente. Par ailleurs, le taux d’endettement extérieur a baissé de 3,2 points de pourcentage pour s’établir à 44% du RNDB, suite notamment à des remboursements anticipés de certains emprunts sur les ressources de privatisation réalisées en 2006. De même, le coefficient du service de la dette a diminué revenant, d’une année à l’autre, de 16,4% à 11,5% des recettes courantes.

Au niveau monétaire, l’agrégat M3 s’est accru de 12,5% en 2007 contre 11,4% l’an passé. Cette progression, supérieure à celle du PIB nominal (8,9%), s’est traduite par un accroissement du taux de liquidité de l’économie (moyenne mensuelle de M3/PIB) qui est passé à 62,9%, contre 61,6% une année auparavant.

Pour leur part, les contreparties des ressources du système financier ont été marquées par une augmentation appréciable des avoirs en devises, reflétant la bonne tenue du secteur extérieur, et des concours à l’économie à un rythme assez rapide (9,7% contre 6,6% en 2006), en vue d’accompagner le dynamisme de l’activité économique aux plans de la production, des investissements et des échanges extérieurs.

Quant aux créances nettes sur l’Etat, elles se sont accrues à un rythme moins rapide que celui de l’année 2006 (9,9% contre 24%), suite à la décélération des émissions nettes de bons du Trésor.

En matière de finances publiques, les recettes fiscales ont progressé, en 2007, de 12,4% contre 7,2% l’année précédente, en rapport notamment avec l’affermissement de l’activité économique et les effets positifs des réformes entreprises dans ce domaine, étant signalé que la pression fiscale s’est légèrement accrue pour passer, d’une année à l’autre, de 20,6% à 21,2%. A l’inverse, les recettes non fiscales ont diminué de 7,5%, après une forte augmentation de 51,4% enregistrée en 2006, suite principalement à la baisse des revenus de privatisation (-32,5%) qui se sont situés à environ 391MDT.

S’agissant des dépenses de l’Etat, elles ont augmenté de 8,6% contre 6,6% en 2006, pour totaliser 15.089 MDT, dont 49,4% au titre des dépenses de fonctionnement hors compensation des carburants qui se sont accrues de 12,7%, d’une année à l’autre, pour atteindre environ 7.455 MDT. De leur côté, les dépenses d’équipement et d’octroi de prêts ont progressé de 14% pour s’établir à 3.263 MDT, étant signalé la forte augmentation des avances et prêts nets du Trésor dont le montant est passé d’environ 36 MDT à 310 MDT.

Pour le service de la dette publique, il s’est quasiment stabilisé en 2007 (+0,2%) contre un accroissement de 2,1% l’année précédente, portant sur environ 3.921 MDT. Si le remboursement du principal de la dette a diminué de 1,6% après un léger accroissement de 0,5% une année auparavant, plus précisément celui relatif à la dette extérieure (-275 MDT ou -16%), pour totaliser environ 2.739 MDT, l’enveloppe allouée au règlement des intérêts s’est accrue de 4,6%, atteignant 1.182 MDT.

Compte tenu de ces évolutions et malgré les retombés de la forte hausse des cours mondiaux des produits de base, le déficit budgétaire, hors remboursement du principal de la dette, revenus de privatisation et dons, s’est situé en 2007 à 3% du PIB contre 2,9% une année auparavant.

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