Energie : la stratégie tunisienne
La hausse continue des prix de l'énergie (…) a encouragé les investissements en matière de recherche des hydrocarbures et de raffinage ainsi que la mise en place de politiques volontaristes et ambitieuses de maîtrise de l’énergie et de développement des énergies renouvelables. En Tunisie, sous l’impulsion de SEM le Président de la République, une politique énergétique volontariste a été adoptée avec une série de mesures prises pour accompagner ce processus international selon ces deux axes principaux.
Le premier axe concerne donc le développement de la Prospection, Exploration et Développement de la Production. Ainsi, des amendements ont été introduits dans le code des hydrocarbures afin de mettre en place un cadre plus incitatif.
Le deuxième axe a trait à la maîtrise de l'énergie avec le démarrage cette année du 2ème Programme de Maîtrise de l’Energie et de développement des énergies renouvelables qui s’étalera sur la période 2008-2011 après avoir fait le bilan d’un premier programme 2005-2008 réussi.
Donc, premièrement, pour le développement de l’exploration / production l'un des piliers de la politique énergétique tunisienne est l'attraction des IDE et l'encouragement de partenariats. En effet, le climat des affaires dans notre pays offre des facteurs de compétitivité qui représentent des atouts majeurs pour les compagnies qui désirent réaliser des projets de prospection et de développement des hydrocarbures.
D'autre part, l’Entreprise Tunisienne des Activités Pétrolières (ETAP) dispose désormais d'une plus grande marge de manœuvre lui permettant de participer à des recherches des hydrocarbures en dehors du territoire tunisien. C'est dans ce cadre qu'elle vient de bénéficier en partenariat avec Sonatrach de deux permis en Tunisie et en Algérie à travers l’entreprise mixte « NUMYD ». Aussi et conformément aux derniers amendements du code des hydrocarbures, l’ETAP est aujourd’hui en mesure de participer, seule ou en partenariat, au financement des activités de prospection et de recherche des hydrocarbures en Tunisie et à l'étranger. Cette politique de partenariat a donné des résultats probants comme l’illustrent clairement les indicateurs suivants.
- Quintuplement de l’investissement dans le domaine de l’exploration et de développement passant de 500 MD en 2005 à 2500 MD prévus pour 2008 et 1100 MD en 2007.
- Les Investissements Directs Etrangers dans le secteur de l’énergie ont représenté 60 % de l’ensemble des flux des IDE réalisés en Tunisie en 2007.
- Forage en 2007 de 42 puits d’exploration et de développement contre 14 puits seulement en 2005. Cet effort a aboutit à la réalisation de 10 nouvelles découvertes augmentant le niveau des ressources nationales des hydrocarbures d’environ 20% et permettant de rééquilibrer la balance de l’énergie primaire pour la même année après 6 années de déficit.
- Nous comptons garder ce même rythme de forages en 2008 et 2009, afin d’atteindre un volume de ressources en hydrocarbures s‘élevant à 8.4 Mtep en 2009 contre 5.6 Mtep en 2005.
- Dans le secteur gazier, les projets qui sont en cours ou prévus dans le court terme, vont permettre à la Tunisie de dégager un excédent du bilan du gaz à partir de 2009, qui va atteindre environ 2.3 Mtep en 2012 et pourra offrir au pays outre la possibilité de développer son marché intérieur (doublement des abonnés gaz en 2011), l’opportunité d’exporter notre gaz sur d’autres marchés.
Dans ce cadre, nous avons également l'ambition de renforcer notre position de Hub gazier de l'Afrique vers l'Europe.
- D'autre part, Qatar pétrolium a été choisi par le Gouvernement tunisien pour la réalisation d'une raffinerie de 6 millions de tonnes à La Skhira dans le Sud du pays. Les équipes de QP sont mobilisées pour finaliser les dernières phases des études préparatoires du projet.
- Enfin, je tiens également à citer les projets de développement de l’infrastructure énergétique en Tunisie qui ont eu lieu à l’instar du doublement de la capacité du Gazoduc d’Oum Chieh - Gabes de 1.2 Mm3/j à 2.4 Mm3/j et qui seront renforcés à court et à moyen terme par plusieurs autres projets importants dans le domaine du transport et de la distribution du gaz naturel et de production de l’électricité.
La deuxième composante de la Politique Energétique Nationale concerne la Promotion de la Maîtrise de l’Energie et des énergies renouvelables. Le premier programme triennal (2005-2007) a abouti à l'économie de 700.000 Tep en 2007 soit 7% de la consommation. Le deuxième Programme 2008-2011, a deux objectifs principaux :
- 20 % d'économie d’énergie en 2011 soit 2 Millions de tep dont plus de la moitié résulteront des actions du programme.
- 4 % d’énergies renouvelables dans notre consommation globale et 10 % de la capacité de production d'électricité par des énergies renouvelables (avec notamment 200 MW d’éolien saturant pratiquement les possibilités du réseau en 2011).
Ainsi un objectif de 20 % d'économie est fixé pour 2011 contre 20 % en 2020 pour l’UE parce que nous partons évidemment de plus bas, c’est comme pour la mise à niveau en termes de productivité, les premiers pas sont les plus rapides.
Par contre, l’autre objectif de l’UE 20 % d’énergies renouvelables en 2020 est plus difficile pour nous, notamment parce que nous n’avons pratiquement pas de bois et d’hydraulique. Hors ces deux énergies l’objectif européen devient 4 % de renouvelables en 2011 c’est également notre objectif.
Les principales composantes de ce programme de maîtrise de l’Energie dont le financement se fera en partie par le Fonds National de Maîtrise de l’Energie sont les suivantes : Ces économies proviendront notamment des actions ciblant :
- Les Entreprises Grosses Consommatrices d’Energie (700 000 tep d‘économies attendues, en outre tout projet industriel consommant plus de 7000 tep est soumis à autorisation préalable) ;
- Le secteur du transport (300 000 tep d‘économies).
- Les ménages et le secteur du bâtiment : à travers :
- La promotion de l’usage des chauffes eaux solaires : 700.000 m2 de panneaux en 2011 contre 100.000 en 2005,
- la promotion des lampes basse consommation, des appareils électroménagers peu énergivores, et l’isolation thermique des bâtiments.
Ce programme donne lieu à une véritable mobilisation nationale avec la participation de tous les Ministères concernés et des organisations professionnelles dans le cadre de 12 pactes signés le 12 avril 2008 à l’occasion de la tenue de la Conférence Nationale de Maîtrise de l’Energie. Aujourd'hui plus que jamais, l’évolution de la conjoncture internationale, appelle tous les intervenants dans le secteur énergétique à déployer tous leurs efforts et à mobiliser les ressources nécessaires pour assurer l’approvisionnement des marchés des hydrocarbures dans la région du Maghreb et en méditerranée dans les meilleures conditions. (*) Intervention de M. Afif Chelbi, Ministre de l’Industrie, de l’Energie et des PME, à l’ouverture du 6ème "Maghreb and Mediterranean Oil and Gas 2008", Tunis, 17 juin 2008
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