Fatwa & Chinois
Nos frères algériens n’y sont pas allés de mainmorte : les 36 000 travailleurs chinois employés sur les chantiers du pays (45% du total des expatriés) commencent à se faire trop nombreux et à menacer les chances des demandeurs d’emploi. Avec un taux de chômage officiellement de 15% et effectivement de près de 24%, la question devient, en effet, inquiétante, surtout qu’elle s’accompagne de la recrudescence des importations de produits asiatiques, l’implantation de pas moins de 40 boutiques chinoises rien que dans la capitale Alger, l’installation de restaurants typiques et l’ouverture de lignes aériennes directes avec la Chine.
Présents sur les chantiers d’infrastructures, comme sur les champs énergétiques, mais aussi dans les télécommunications et d’autres secteurs, les chinois s’avèrent en fait de grands bosseurs, alignant 15 à 18 heures d’affilée, à des salaires très compétitifs et des conditions de vie spartiates ajoutées à une productivité très élevée. Faut-il alors leur refuser leur permis de travail et leur demander de partir pour céder la place aux autochtones ? Peut-on les remplacer efficacement par les demandeurs d’emploi locaux. Un grand dilemme pour les pouvoirs publics, comme pour les employeurs.
DSortant de sa réserve, un membre du gouvernement est allé jusqu’à suggérer une fatwa interdisant de dilapider toute opportunité de créer un emploi pour un Algérien ou une Algérienne. Sans s’attaquer à quiconque, cette recommandation s’adresse en fait aux demandeurs d’emploi eux-mêmes afin qu’ils ne gaspillent pas leurs chances, ne dédaignent aucune offre et ne ratent aucune possibilité pour décrocher un emploi.
Sur le marché du travail, le protectionnisme ne saurait, désormais, être verrouillé. La concurrence se fera de plus en plus rude, comme au temps de Carthage ou on comptait, déjà, des travailleurs de pas moins de 32 nationalités différentes. L’impératif de la compétitivité, couplé à la mondialisation, imposera de nouvelles règles. Mieux formé, plus professionnel et très motivé : la trilogie de base sera l’unique recette gagnante. Ou laisser la place aux autres.