News - 24.10.2008

Le Salon de l'Ambition

« Alors, tu as bouclé ton projet ? Cachotier ! » Sur le parking de la Foire du Kram où s’était tenu, les 16 et 17 octobre 2008, le premier Salon de la Création d’entreprises, les échanges sont vifs.

Comme du temps des classes de Prépa où chacun garde jalousement ses secrets, s’il ne donne pas dans la désinformation. Le spectacle met du baume au cœur : des centaines de jeunes affluents en … curieux déterminés.

Les organisateurs évoquent 167 exposants, 15000 visiteurs, plus de 100 projets acceptés pour un financement de près de 130 MD.

Le discours officiel ne cesse de rappeler la multiplicité des instruments et dispositifs offerts aux jeunes promoteurs qui veulent se lancer à leur propre compte.

Mais, souvent, la réalité est plus compliquées avec une multitude de formalités à accomplir, de barrages à franchir. C’est du moins la perception des entrepreneurs, évidemment impatients de démarrer et peu avertis des parcours.

 Le mérite du Kram est d’avoir réuni tous les opérateurs dans un même espace. Qu’il s’agisse de centres d’affaires, de pôles d’innovation, de banques ou d’organismes d’études et d’appui : ils sont à l’écoute.
Chacun y est allé de son effort avec stands, brochures et dirigeants disponibles, mais parfois, les décisionnaires, n’étaient pas tous là. A quelques surprises près comme en témoigne Wassim, un jeune ingénieur qui a une bonne idée derrière la tête.
 
« La totale ! »
 
« J’ai tenu à venir très tôt, vendredi matin, nous confie-t-il, pour être parmi les premiers à visiter le Salon et disposer du plus long temps possible. Et dès le premier stand visité, la chance m’a souri.
Je suis tombé sur une banque, ce que j’avais souhaité, parce que j’estime qu’au fond, ce sont les fonds qui comptent le plus alors, allons-y tout droit.
 
Dans  le stand de la Banque de Tunisie, je croyais avoir affaire à une chef de service, une dame à l’élégance sobre et à l’abord accueillant qui a aimablement répondu à mes questions. Sur un ton doux et sage, elle a essayé de comprendre mon idée, et m’a demandé si j’ai vérifié tel et tel aspect, rédigé mon concept, commencé à établir mon business plan, bref, j’étais déjà sur la rampe de lancement, éveillé sur tant d’aspects.
 
Avec pédagogie, elle m’a expliqué en termes simples, des mécanismes financiers qui peuvent paraître hermétiques, me conseillant des les intégrer dans le financement et m’assurant de l’appui de la Banque et de sa disponibilité personnelle à m’assister dans la réalisation du projet.
 
La totale quoi ! Mais attendez ! La meilleure, c’est quand elle me remet sa carte de visite : c’est la Présidente Directrice Générale de la Banque. En chair et en os, présente à 10 heures du matin, sur le stand, pour accueillir et soutenir de simples jeunes promoteurs comme moi. »
 
Le Hall grouille de visiteurs, pour la plupart âgés entre 30 et 40 ans. De stand en Centre d’affaires, ils déambulent à la recherche du projet rentable et du financement.
La qualité de la réponse est inégale : brochures et dépliants dans certains stands livrés par de simples hôtesses ou des agents non-décisionnaires, mais prise en charge sérieuse pour la plupart.
 
L’expérience des centres d’affaires commence à porter ses fruits. Celui de Sfax a identifié pas moins de 800 idées de projets, consignées dans un ouvrage didactique alignant pour chaque projet, les indicateurs de base, le budget et un mini-business plan.
 
L’ouvrage, arraché par les visiteurs comprend également des données très utiles sur les organismes et mécanismes d’appui.
 
 
Nous les coachons bien
 
« Nous en  sommes à notre troisième édition, précise Mme Ikram Makni, Directrice Générale du Centre et nous essayons de l’enrichir davantage. L’essentiel pour nous est de détecter les entrepreneurs, de les aider à évaluer leur positionnement, à bien identifier leur projet et bien le soutenir devant les banquiers.
 
Chaque mois, nous organisons des séances de soutenance de projets devant les représentants des banques. Il faut voir comment les jeunes promoteurs s’y préparent, comme les concours des grandes écoles. Il est vrai qu’on les coachent bien afin qu’ils séduisent les bailleurs de fonds.
 
Des dizaines de projets ont déjà démarré et nombre d’entre eux ont même bouclé leur premier exercice et dégagé des bénéfices. »
 
 Ingénieure formée aux Etats-Unis, et longtemps Directrice Centrale à la Chambre de Commerce et d’Industrie de Sfax où elle a lancé Médibat, plusieurs salons et forums de partenariat, Ikram Makni vient renforcer le réseau des Centres d’Affaires établi à travers les régions et animés par M. Mohamed Agrebi, Directeur Général au Ministère de l’Industrie, de l’Energie et de la PME.
 
Certaines déceptions sont inévitables. « Beaucoup de promesses, se plaint Rafika, gestionnaire, à la recherche d’un projet.
Ce n’est pas facile de trouver les bonnes données afin d’élaborer l’étude de marché, de cerner de près l’idée de projet et de susciter l’appui des banques.
On commence souvent par me réclamer l’autofinancement et les garanties, avant même de comprendre l’idée du projet. Mais, je crois quand même avoir déniché un bon contact. Déterminée à réussir, je ne lâcherai pas prise. »
 
Le Salon de la création d’entreprise a-t-il tenu ses promesses ? L’initiative est très bonne, selon nombre de visiteurs qui souhaitent la voir se rééditer tous les 6 mois. Pourquoi pas ?
 
 
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