Tendance - 31.12.2008

Aly M'Rabet , l'enfant prodige

Arts contemporains, danse, médias, cinéma, tous ces domaines n’ont plus de secret pour le jeune Aly M’Rabet. Polyvalent et bouillonnant d'idées, ce jeune de 21 ans a su se faire un nom dans la cour des grands.

Né un 21 mai 1987, Aly M’Rabet se lance dans la danse contemporaine à l’âge de 15 ans. Après une période de quatre années d’apprentissage en danse contemporaine auprès du grand « Hafedh Zallit » durant laquelle il  participe à plusieurs créations de la compagnie « Haraka Danse » sous la direction du même chorégraphe,  il décide de voler de ses propres ailes. Il stoppe net ses études au lycée de Khaznadar à 19 ans et se lance dans une carrière de création chorégraphique avec un atelier de recherche qu'il a lui- même nommé «L’Atelier Haraka en création» au centre culturel de la ville de Tunis. Dans cet atelier,  il donne naissance à sa première pièce «Tænia» puis à la chorégraphie «Territorium». Après quoi, Aly prit un congé sabbatique de neuf mois tout en s'investissant dans  la vie associative et essentiellement  la lutte contre le sida.
 
En Octobre 2007, Aly M’Rabet retourne à la scène pour y monter son premier projet en solo «Hum Yughadirun Wa Yussefirun Bi Samt» (Ils quittent et voyagent en silence) dans lequel il exprime sa vision de Tunis dans une démarche de non danse. La non danse qui est une forme de rébellion car c’est une conception du mouvement et de l'art chorégraphique, refusée et marginalisée par une grande majorité des gens de la danse, puisqu'elle redonne à la danse des notions qui sont en contradiction avec les fondements de cet art :« je pense que la danse demeure personnelle, beaucoup plus appropriée à l'être qu'aux codes qui essayent d’en faire un mécanisme machinalement exécutable. »
 
Ce solo faisait partie de la section officielle de la compétition des pièces en solo lors de la biennale ’’ Danse L’Afrique Danse ’’ dans sa septième édition de Tunis, Co-organisée par CulturesFrance et Ness El Fen.
 
« Je me souviens encore des réactions à  la représentation de mon premier solo « HYWYBS ». Beaucoup de gens ont aimé, d'autres ont détesté. Cela ne peut que me réjouir car ceux qui ont aimé n'étaient pas nombreux : Ils étaient 9. » Confie-t-il en riant.
 
Mais la scène de la danse contemporaine n’est pas la seul sur laquelle Aly évolue. En effet, il a joué un rôle remarqué dans le feuilleton ramadanesque « Weld Il Talyena » réalisé par Nejib Belkadhy. Dans ce feuilleton, Aly interprétait le rôle de Ferid Federico, le file de l’italienne en question.
De plus, il peut se vanter d’être le père de la Web radio « TB KultureS ». Cette station issue de « Radio Tounes Blédi » présente depuis plus de 5 ans et dont le fondateur Fawzi Abdelkefi et la directrice Khouloud Mabrouk ont contribué au lancement de ce projet novateur et unique en Tunisie. Cette radio  prône l’ouverture sur toutes les cultures du monde proposant de nombreuses émissions, traitant de tous les arts, et de tous les horizons. Forte d’une équipe jeune, soudée et ambitieuse, cette station se veut  le point de rencontre de toutes les cultures, de tous les arts et de tous les courants quelle qu’en soit l'origine.
Et dans le même ordre d'idées, le jeune homme prépare un festival d’art vidéo. Ce festival, unique en son genre, à pour but de sortir de l'oubli un  art peu connu en Tunisie. « La caravane vidéo », comme il l’a appelée, sillonnera les routes du pays pendant un mois allant de Bizerte à Sousse en passant par Le Kef et Tunis. Le bénévolat est donc très présent dans la vie de ce jeune prodige sachant qu’il ne reçoit  pas de  rémunération de la radio qu’il a créée  et  qu'il gère et  anime et la caravane: « si on trouve des sponsors pour la caravane, cela sera juste pour couvrir les charges diverses du festival. Mon seul gain est celui de voir ce projet réussir. »  martèle t-il.
 
 
Ajoutez à tous ces projets et ces activités le rôle de Wessim dans le film de « Mehdi Attia » intitulé « Le Fil » aux côtés de Claudia Cardinale et  Slim Kechouich, et un projet pour Al Jazeera kids sur lequel il travaille actuellement.
 
Aly M’Rabet a des idées plein la tête mais il a aussi le courage, la conviction et l’énergie de les mener à bien. Humble et modeste , il ne rate pas une occasion de rappeler qu’il est soutenu par d’autres personnes et refuse sont statut  d’artiste polyvalent considérant qu’il n’est qu’un jeune parmi d’autres.