Ahmed Mahjoub
De La Kalaa Kbira, sa ville natale en pleine oliveraie du Sahel, tous près de Sousse, à Pretoria, son chemin a connu des étapes significatives : New-York et Ryad, notamment. Matheux depuis son jeune âge, bac en poche, il poursuit ses études universitaires aux Etats-Unis où il décroche son PhD en informatique et réseaux à Stony Brook, l’Université d’Etat de New-York. La presse locale de la région newyorkaise le montre tout jeune, tout frêle, longiligne, le front encore garni, et une barbichette de savant, un costume noir élégant, pur produit de l’université américaine, célébré pour sa réussite et promis à une brillante carrière universitaire aux States. Mais, malgré les offres alléchantes reçues, c’est sa Tunisie natale qu’il décide en fait de servir.
Tunis ne sera pour lui, cette fois-ci qu’une escale. Après des années d’enseignement, le voilà reparti en coopération technique à l’Université de Ryad où il renforcera les rangs d’autres éminents professeurs tunisiens (B. Younsi, A. Khemakhem, etc.). Auprès des étudiants, comme des universitaires et des autorités, il laissera d’excellents souvenirs et aura beaucoup de mal à obtenir le non-renouvellement de son contrat.
De retour à Tunis, il est nommé en 1994, directeur des études de l’Ecole Polytechnique, puis de l’Ecole Supérieure des Télécoms avant de devenir, en 1997, PDG de Tunisie Télécom. La date est importante, c’est le 20 mars 1998, que le GSM est lancé. Le développement du réseau est engagé, tout comme sa numérisation. Mais d’autres défis à relever l’attendent ainsi que toutes ces excellentes équipes du ministère qui deviendra celui des Technologies de la Communication. La chance de la Tunisie, c’est d’ailleurs, d’avoir formé une élite d’ingénieurs de très haut niveau qui, en générations successives et soudées, ont repris en main et développé dès l’aube de l’Indépendance, les réseaux et centraux télécoms. Dès le début des années 1990, la restructuration du dispositif, installe une nouvelle galaxie formée de l’Office national des télécommunications, l’ONT, le CERT, l’ATI, l’ANF, etc. dotés des meilleures compétences tunisiennes.
Janvier 2001, M. Ahmed Mahjoub est nommé Secrétaire d’Etat à l’Informatique, avec pour mission, la promotion de la culture numérique. Déjà, on pensait SMSI. Un an plus tard, le voilà de retour, en septembre 2002, à la tête de Tunisie Telecom. L’ouverture du capital était déjà programmée, tout comme l’octroi d’une deuxième licence pour le GSM. Les challenges sont redoutables.
Réussir la transformation de l’opérateur historique
Donner une nouvelle impulsion à l’opérateur historique, le sortir de son statut de monopole, le préparer à l’agressivité de la concurrence et changer les mentalités : la mission est aussi exaltante qu’exigeante en efforts continus. A cela s’ajoute tout le processus de l’ouverture de capital, certes piloté par l’autorité de tutelle et le Secrétariat d’Etat à la Privatisation, mais nécessitant une minutieuse préparation, la constitution de la Data Room, et le respect de toutes les procédures. L’engouement des candidats a été très fort et le montant d’adjudication (record de 3,052 milliards de dinars tunisiens offert par Dubaï Investment Group) aura été un véritable plébiscite pour la Tunisie et son opérateur public. Le closing, célébré le 18 juillet 2006 à Tunis fera date.
La conversion de Tunisie Telecom devait commencer. L'appui du Ministère des Technologie de Communication, sous la conduite du Ministre de l'époque, M. Montasser Ouaili, est décisif. De nouvelles recrues internationales viennent renforcer les équipes tunisiennes, et des stratégies de restructuration sont lancées, avec notamment ce plan des 100 premiers jours concocté avec le concours du Boston Consulting Group. Fort de la sollicitude des pouvoirs publics et du nouveau partenaire stratégique, Ahmed Mahjoub et ses équipes vont se déployer sur tous les fronts. La mutation est engagée et le pari de la réussite gagné.
C’est avec le sentiment d'une mission bien accomplie, non sans difficultés et parfois certaines incompréhensions inévitables au carrefour de tant de changements et d’intérêts des différents interlocuteurs, qu'il quitte Tunisie Telecom. Et le voilà nommé Ambassadeur en Afrique du Sud. Les liens entre les deux pays sont profonds et les perspectives sont prometteuses. Nelson Mandela en tête et tous les dirigeants vouent à la Tunisie une réelle considération. Les échanges se développent. Déjà une centaine de médecins tunisiens sont actuellement en mission de coopération technique en Afrique du Sud. L’Association d’Amitié présidée par le Dr Hamda Belkhiria s’active à promouvoir partenariats et affaires. Et puis, la Coupe du Monde de football que l’Afrique du Sud organisera en 2010, et génèrera au moins 2 points supplémentaire de croissance économique, offrira de multiples opportunités.
« Nous avons beaucoup de travail à accomplir », souligne le nouvel Ambassadeur avec conviction et ardeur. Tous nos voeux de réussite!