L'associatif: une folle envie d'agir
On mesure souvent l’évolution d’une société à l’aune de sa vie associative. C’est le meilleur baromètre de son dynamisme et de sa vitalité. De fait, depuis une vingtaine d’années, le nombre d’associations dans notre pays a connu une progression exponentielle. On parle d’une dizaine de milliers d’associations soit dix fois plus qu’il n’y en avait il y a une vingtaine d’années.
Seulement voilà, ce qui importe ce n’est pas tant le nombre d’associations que la régularité et l’intensité de leurs activités. Et à ce niveau le bilan n’est pas très brillant: A peine un millier de ces associations est actif. Un chiffre dérisoire quand on connaît l’acuité des problèmes auxquels une société comme la nôtre, en pleine mutation, est confrontée ou ceux qu’elle est appelée à anticiper pour mieux les combattre d’autant plus que de nouveaux problèmes apparaissent au fur et à mesure qu’un pays évolue comme les problèmes de l'environnement
La pollution est fille du progrès. Il y a trente ans ce problème n’existait pas ou plutôt, les gens n’y étaient pas sensibilisés. Pour que le danger devienne insupportable, il fallait y ajouter la conscience du danger. C’est notamment le rôle des associations: une action de sensibilisation et de prévention avant de passer au traitement curatif. A ce niveau, l’Etat à un rôle à jouer. Mais les associations peuvent lui servir de relais ou le cas échéant, d’aiguillon. Et à ce niveau, on peut compter sur leurs membres que personne n'a forcé à y entrer et qui sont de ce fait généralement, supermotivés, supersensibilisés pour des raisons professionnelles, familiales ou tout simplement humanitaires donc bien armés pour motiver et sensibiliser les autres.
Un autre exemple, les dons d’organes. Les premières greffes dans notre pays ont eu lieu en 1986 sans qu’aucune action de sensibilisation n’ait été engagée au préalable auprès des donneurs éventuels. Très vite, on s’est retrouvé confrontés au problème de la disponibilité des organes. Il a fallu lutter contre les préjugés dont tout le monde sait qu’ils ont la vie dure, impliquer les hommes de religion, un travail pédagogique de longue haleine. Aujourd’hui, même si les mentalités ont quelque peu évolué, les résultats étant en deçà des attentes, peut-être parce que les associations s’en sont remises à l’Etat, peut-être aussi parce qu’on s’est trompé de cible: il ne fallait pas focaliser sur les donneurs mais là où les résistances s’étaient révélées, contre toute attente, les plus tenaces: les familles des donneurs. Le résultat: des centaines de malades en attente d’un don d’organe (notamment les reins) alors que la prévalence de ces maladies augmente et la liste des malades s’allonge.
Toujours au chapitre des fléaux que les associations sont appelées à combattre et le font avec des fortunes diverses: le tabagisme, l’alcoolisme et plus récemment la drogue.
A la décharge de ces associations, on peut invoquer le manque de moyens humains et surtout matériels, l’argent étant, ici comme ailleurs, le nerf de la guerre. C’est pourquoi, il faut encourager le mécénat et mettre à contribution les leaders d’opinion: chanteurs, acteurs, journalistes, écrivains… A l’instar de ce qui se passe à l’étranger.
L’association est le cadre idéal pour tout un chacun d’exercer une activité citoyenne et pour la société entière un signe de bonne santé et de maturité.