«Palestine» : l'hymne de la Paix d'Hubert Haddad
L’année 2008 n'aura pas été, à l'international, sans malheurs: krach boursier, crise économique planétaire, attentats meurtriers en Inde, guerre en Géorgie, on se croyait dispensé du reste jusqu'au moment où Israël décida d'envahir Gaza, une expédition d'un autre âge avec son cortège de morts et de blessés, un véritable crime contre l'Humanité auquel le monde assiste impuissant, indifférent même à ce spectacle d’un autre âge. Jamais, sans doute, Israël n’aura autant justifié sa réputation de récidiviste de l’agression.
L’Etat Hébreu a gagné toutes les guerres, mais il aura perdu aussi toutes les paix, incapable qu’il est d’empathie, de comprendre le malheur des autres, de ressentir ce qu’ils ressentent.
Pourtant au moment où tous les désespoirs semblaient permis, où le bon sens apparaîssait comme la chose du monde la moins partagée des voix se font entendre pour appeler à la raison. Parmi elles et ce n’est pas par hasard, celle d’un juif de Tunisie, terre de tolérance et de fraternité s’il en fut, Hubert Haddad dont le livre "Palestine" vient de remporter le prix des cinq continents de la Francophonie pour l’année 2008, qui luia été remis à Québec, par le secrétaire général de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), Abdou Diouf en présence de Jean-Marie Gustave Le Clézio, Prix Nobel de Littérature 2008.
18 pays y ont participé avec 78 romans et si Haddad l’a emporté c’est justement pour le message de paix que son livre véhicule à une époque où le dialogue devenait quasi impossible. M. Diouf a d’ailleurs souligné que « Palestine met en résonance cette valeur si chère à la Francophonie que constitue le dialogue des cultures au service de la paix ».
C’est l’histoire d’un soldat israélien nommé Cham qui se réveille amnésique, suite à une embuscade tendue par un commando palestinien, dans une famille palestinienne et devient Nessim. La famille l’accueillera et l’adoptera presque et c’est ainsi qu’il se retrouve frère de Falastin, étudiante anorexique et fils d’Esmahane, veuve d’un responsable politique. Il vivra aux côtés de Falastin, le drame de la Palestine et de la région. Et là, il apprend à voir les choses autrement qu’avec les yeux d’un soldat israélien jadis, son arme tournée contre ceux qui deviendront sa famille.
Il a fallu qu’il change de camp, mais aussi qu’il perde son identité pour qu’il puisse ressentir toute leur douleur jusqu’au retour de sa mémoire, Cham reviendra alors différent… Epousant la cause de l’autre camp. Hubert Haddad démontre que les causes faisant partie de l’identité ne sont qu’un acquis nullement inné. Il suffit parfois de regarder autrement, d’être capable d’empathie.
Un regard différent que porte cet enfant de la Tunisie, qui a toujours cultivé son identité judéo-arabe, sur une cause qui suscite tant de passions. Il le dit, d’ailleurs clairement : « c'est face à Israël, que le nationalisme palestinien s'est incarné fortement. Mais nous sommes nombreux, Juifs et Arabes, à penser que deux Etats de droit seront, un jour prochain en paix. Dans Palestine, j'ai tenté de dire cette attente. »
Hajer AJROUDI