2009: La Tunisie célèbre ses centenaires de génie
Cheikh El Fadhel ben Achour, Aboul Kacem Chabbi, Ali Douaji et Hédi Jouini: quatre figures emblématiques tunisiennes se sont dsitinguées dans des domaines différents, mais ont en commun d'être nés la même année: 1909. L’année 2009 sera donc marquée par la célébration du centenaire de ces quatre Hommes d'exception représentatifs du génie tunisien et qui ont marqué de leur empreinte la culture tunisienne du vingtième siècle.
- Aboul Kacem Chabbi, l’auteur des vers les plus célèbres de la poésie arabe contemporaine :
Lorsque le peuple veut la vie
Force est pour le destin de répondre
Force est pour les ténèbres de se dissiper
Force est pour les chaînes de se briser
qu’il compose à l’âge de 22 ans à peine. Méconnu de son vivant, il est boycotté par les conservateurs de la Zitouna. Il a fallu attendre que ses poèmes soient publiés par la revue egyptienne, "Apollo" pour qu'il soit connu et reconnu dans son propre pays. Son recueil «Aghani el hayet» (Odes à la vie) ne sera publié que 21ans après sa mort, en 1955. La commémoration de son centenaire aura lieu notamment dans sa bonne ville de Tozeur où il repose.
- Le Cheikh Mohamed El Fadhel Ben Achour, un grand théologien, un penseur à la culture encyclopédique doublé d’un grand homme politique, descendant d’une lignée de savants et de théologiens. Il était le fils du Cheikh Mohamed Tahar Ben Achour, un théologien de renom auteur d’une exégèse du Coran en plusieurs volumes qui fait autorité jusqu’à nos jours et recteur de l’Université de la Zitouna dont il réforme les programmes en y introduisant les matières scientifiques. Le Cheikh Ben Achour a été Directeur de la Khaldounia, une annexe de la Zitouna, recteur de l’Université Zitouna et mufti de la république. Il succéda à Ferhat Hached en 1952 après l’assassinat de ce dernier par la " Main rouge". Bourguiba qui s’y connaissait en hommes de valeur disait de lui : «c’est la seule tête pensante et agissante des religieux en Tunisie.» Nul doute que les Départements concernés (Culture, Enseignement Supérieur, Université de la Zitouna, Affaires Religieuses, etc.) se sont attelés à la préparation d'un programme digne de son envergure.
- Ali Douagi, considéré comme le plus grand prosateur tunisien. Autodidacte. Bien qu'issu de la grande bourgeoisie tunisienne, il connait des conditions de vie très difficiles. Mène une vie de bohème avec ses compagnons du groupe de "Taht essour". Se distingue par ses critiques acérées de la société à la manière de Bayram Ettounsi qui lui vouait, d'ailleurs, une grande admiration.
- Hédi Jouini, considéré comme l'un des rénovateurs de la chanson tunisienne avec Salah Mahdi, KhémaïsTarnane et Ali Riahi. Son répertoire inspiré de la musique hispano-mauresque est terriblement moderne d'où le succès qu'il rencontre auprès des jeunes. Les jeunes chanteurs ne s' y sont pas trompés qui pillent allègrement ses chansons.
La Tunisie se devait d'honorer ses enfants qui ont contribué à son rayonnement régional et international quand bien même ils seraient à un moment donné en butte à l'incompréhension voire à l'hostilité de leurs compatriotes. Le propre du génie n'est-il pas d'être incompris, parce que, en avance sur son temps. Leur exprimer ou leur réitérer, aujourd'hui, la reconnaissance de la Communauté nationale, c'est réparer une injustice, c'est s'acquitter d'une dette envers des hommes qui ont bien mérité de la patrie.