Faut-il naturaliser les joueurs étrangers ?
L’équipe de Tunisie n’avait jamais remporté de Coupe d’Afrique des Nations jusqu’au jour où l’on a décidé de naturaliser Silva Dos Santos sur l’insistance de Roger Lemerre. Un attaquant brésilien, découvert par l’Etoile Sportive du Sahel où il joua pendant deux saisons avant de rejoindre l’équipe française de Sochaux. Pour ne pas faire les choses à moitié, la fédération avait aussi naturalisé son compatriote Clayton qui avait été aussi lancé par l’Etoile. Grâce-notamment- à l’apport de ces deux joueurs, on avait remporté la CAN.
C’était en 2004. Beaucoup de beaux souvenirs mais un sentiment de malaise. Cela justifiait-il qu’on brade aussi facilement notre nationalité alors qu’il aurait fallu une longue période de mise à l’épreuve pour la mériter ? Mais, Santos avait terminé meilleur buteur de la CAN et a été l’un des meilleurs éléments de l’équipe de Tunisie avec son compère, Clayton, balayant ainsi, les appréhensions de ceux qui doutaient de la pertinence de ce choix et surtout du vrai mobile des deux joueurs en optant pour la nationalité tunisienne.
C’était l’époque où dès qu’un joueur étranger se faisait remarquer, il se voyait proposer la nationalité tunisienne. C' était la potion magique qui devait booster le football tunisien.
Ce qui a fait dire à certains esprits chagrins qu’au train où vont les choses, on va finir par envisager, à notre tour, une loi sur la discrimination positive pour pouvoir intégrer quelques joueurs de souche tunisienne en équipe nationale. Or, quelques mois plus tard, Sochaux remportait la Coupe de la Ligue. Comme le match était télévisé, les Tunisiens ont vu de leurs yeux, de leurs propres yeux, le néo tunisien, Santos, drapé du drapeau…brésilien, brandir le trophée que lui tendait un de ses co-équipiers, jetant le trouble dans les esprits.
Et si Santos avait opté pour la nationalité tunisienne pour des raisons bassement mercantiles ou tout simplement pour se rappeler au bon souvenir du Coach de l’équipe du Brésil à moins que ce ne soit pour faire monter sa cote en cas de transfert.
Devant le tollé provoqué par ce geste, Dos Santos avait juré ses grands dieux qu’il n’y était pour rien et que c’était un supporter brésilien qui lui avait mis le drapeau sur les épaules. Mais le mal est fait, bien que le joueur, en petite forme, ait continué à être convoqué par Lemerre. Et, surtout la leçon a-semble t-il- été retenue par la Fédération qui a juré qu'on ne l'y reprendrait plus d’autant plus que la politique de formation des jeunes commençait à porter ses fruits et qu’on vient de découvrir un vivier inépuisable de jeunes expatriés en Europe, de la deuxième ou troisième génération, qui rêvent-pour la plupart- d’endosser le maillot national. C’est pourquoi, il faut saluer le refus des instances dirigeantes du football tunisien- malgré l’insistance de certains-de naturaliser le joueur Eneramo, un Nigérian de 22 ans sociétaire de l’Espérance Sportive de Tunis et actuel meilleur buteur du Championnat de Ligue 1 qui, tout doué qu’il est, doit, en toutre logique, se soumettre, comme le commun des mortels, à la loi.
Aux dernières nouvelles, ledit joueur vient d’être appelé en équipe nationale nigériane.
C’est apparemment ce qu’il recherchait.
Grand bien lui fasse !