Algérie: Qui investit quoi
Ils auront été 65 investisseurs étrangers, y compris la CGF et Cogitel, à avoir entamé leurs opérations en Algérie depuis le début de l’année 2008, selon une étude révélée par ANIMA Investisment Network, ce week-end à Beyrouth. A l’occasion du Forum Med Invest 2009, qui a rassemblé, les 20 et 21 février 2009, des participants des mondes de l’investissement et de l’entreprise, des représentants de fonds de développement du Golfe et d’institutions politiques Anima a présenté en exclusivité les premiers résultats de son analyse 2008 des Investissements directs étrangers (IDE) à destination des pays Med. Si cette année a été marquée par une baisse du volume des IDE vers la région (40,6 milliards d’euros contre 61 milliards en 2007), elle constate que les pays Med, forts d’atouts importants, résistent plutôt bien à la crise économique internationale. Malgré la crise financière, qui secoue la planète, la région méditerranéenne résiste avec 770 nouveaux projets.
Ainsi et si l’on se réfère au listing des investisseurs en Algérie pour l’année 2008, comme le souligne notre confrère Le Quotidien d’Oran, la compagnie tunisienne gestion et finances CGF a créé la compagnie financière d’Algérie CFA, filiale dotée d’un agrement d’intermédiaire en bourse. La banque française PNB Paribas, a inauguré pour sa part, sa première agence dans la ville de Mostaganem, deux autres a Oran et prévoit de faire de même a Tlemcen et Sidi Bel Abbes. La société algéro-saoudienne d’investissement, holding d’investissements détenu à part égales par les deux Etats a été creé et a été dotée d’un capital appelable de 08 milliards de dinars.
Dans le secteur de l’assurance, la compagnie Espagnole Fiatc Seguros, forme un joint-venture avec la Caat dans l’assurance vie et l’assurance santé. L’autre entreprise espagnole Bahia Ferilisers forme elle aussi un join-venture avec Sonatrach pour la construction d’une usine d’ammoniac à Arzew.
Dans l’agro-business, les Suisses de Nestlé et le groupe algérien Zahaf, inaugurent la première usine de production d’eau embouteillée au Maghreb. Heinken, le groupe hollandais, a repris les bières Tango du groupe Mehri et lancé la production de sa propre marque.
Le groupe émirati ENC, choisit la production laitière et crée la plus grande ferme laitière d’Afrique à Hamada, adossée à un projet de production fourragère . Les Chinois ont aussi décidé d’investir en force le marché algérien. C’est dans ce contexte que le constructeur automobile Shanx signe un contrat de partenariat avec l’Algérien GM Trade en vue de créer une usine d’assemblage à Sétif d’ici 2010. Toujours dans le secteur de l’automobile, grâce à un partenariat avec le constructeur chinois Zonda, l’Algérien Fendi Motors ouvre un site d’assemblage à Mohamadia.
Le spécialiste français des pièces plastiques usinées et chaudronnées, PlasteXel SAS, ouvre un bureau à Alger, alors que Air Liquide fabricant français de gaz industriels et médicaux rachète l’entreprise publique Sidal et prévoit d’investir 200 millions d’USD d’ici 2012.
Les Saoudiens de Swicop/Altea créent, de leur coté, Cogitel, filiale algérienne en charge d’une nouvelle usine d’emballages souples à Constantine.
Les investisseurs omanais, par le biais de Suhail Bahwan en joint-venture avec Sonatrach, ont décidé de créer un complexe d’Ammoniac et d’urée à Mers El Hadjadj. Toujours durant la même année le groupe British Petrolium s’associe à l’Algérien Petroser pour la production et la commercialisation de lubrifiants grâce à une usine d’urée à Arzew. Le bureau d’études français G.Envirennement et le fournisseur de solution Télecom et réseaux Tibco, créent respectivement une filiale algéroise pour le premier et une deuxième filiale algérienne Tibco Solution Réseaux pour le deuxième. Le cabinet d’Audit britannique Ernest et Young, pour sa part, inaugure son premier bureau à Alger. Dans le domaine du Data Processing, l’éditeur français Phone Control crée une filiale à Alger et la firme californienne (USA) Sisco System, se développe et recrute 20 salariés supplémentaires. Les sociétés islandaises ont aussi investi en Algérie, à l’image d’Activia, spécialiste dans le médicament générique, qui accroît ses parts de marché en Afrique du Nord grâce à un joint-venture avec un groupe algérien. Toujours en matière de médicaments, Pfitzer le géant américain de l’industrie pharmaceutique rachète à l’entreprise publique Saidal sa participation à 30% dans leur joint-venture Pfitzer Saidal Manufacturing.
Dans le domaine de l’énergie, le groupe pétrolier italien ENI remporte la licence d’exploration pour la concession de Kerzak dans le bassin de Timimoun et acquiert les actifs de First Calgary Petrolium. L’investisseur Saoudien Swicorpn de son coté prend une participation dans le capital pétrolier Petroser fabricant et distributeur de carburant et produits dérivés. Le texan (USA) Shlumberger s’allie avec Enabor, filiale de Sonatrach pour créer Shara Well Construction Services, société de forage de puits de pétrole.
Le groupe britannique GKP a investi 50 millions d’USD dans des projets d’exploration et d’équipement dans 5 blocs gaziers et pétroliers. Toujours en matière d’énergie, l’entreprise allemande E.ON Ruhrgas ouvre un bureau à Alger, alors que le groupe irlandais Petroceltic obtient un nouveau permis d’exploration pour le site Isarene dans le nord du pays. Le fonds d’investissement du gouvernement d’Abou Dhabi, Moubadala Developpement, prend 15% des concessions de Reggane, Djebel Hirane et Zerafa, exploités par Shell et la Sonatrach. Enfin, en matière d’énergie, le groupe italien ENI et la Sonatrach renouvellent leur accord de production pour les champs du bloc 403 dans la région de Bir Rebaa.
Côté matériaux de construction , la société française Lafarge a opté pour la réalisation d’une cimenterie à Oum El Bouaghi, la compagnie minière canadienne Cancor remporte une 2eme concession aurifère dans la région de Tamanrasset, les tunisiens de Carthago Ceramic construisent une nouvelle usine de carreaux céramiques de sol à Sétif et le groupe Saoudien Pharaon/Scib décide de financer la construction d’une seconde cimenterie à Beni Saf. Outre les matériaux de construction et l’énergie, les français ont investi dans le domaine de la formation professionnelle avec la création par le groupe Pigier, de 12 centres de formation en partenariat avec la chambre algérienne de commerce et d’industrie. Des investisseurs cubains ont pour leur part ouvert le premier hôpital Ophtalmologique à Djelfa en attendant l’ouverture d’autres hôpitaux à Bechar, Ouargla et El Oued. Le promoteur libanais Heneiné Entreprises, réalise à Cheraga un complexe immobilier à usage mixte et la compagnie Dubaï World crée un joint-venture avec l’entreprise portuaire de Djendjen pour gérer et agrandir le principal terminal de conteneurs du port d’Alger.
Dans le secteur de la métallurgie et du recyclage, l’entreprise française Recyclex/ECO s’associe à un partenaire local pour former Eco-Recyclage, société de traitement des batteries automobiles usagées à Ain Oussera. Pour la même activité, le fabricant égyptien d’équipements électriques El Swedy Cables construit une usine de câbles haute tension dans la wilaya de Ain Defla pour 50 millions USD. Le secteur des travaux publics et des transports est un créneau qui a aussi suscité l'interet de nombreux investisseurs. C’est le cas du groupe Dubai World qui a créé un joint-venture 50/50 avec l’Entreprise Portuaire de DjenDjen pour gérer et agrandir ses infrastructures sous une concession de 30 ans. La branche construction-maintenance de réseaux ferrés du groupe de BTP Français Bouygues/Colas Rail, crée une filiale chargée de suivre les nouveaux appels d’offres alors que le groupe Emirati Al Qudra Holding United Arab met sur pied une filiale locale en prélude à la création d’un complexe immobilier mixte s’étalant sur 8,5 ha à Sidi Fredj. Toujours coté investisseurs arabes, Gulf Agency Company, l’armateur dubaïote, s’implante à Alger et crée GAC Algeria, une agence maritime fournissant des services logistiques.
A El Magtaa dans la wilaya d’Oran, l’entreprise Singapourienne Hyflux Singapore Public Works, décide de créer avec Algerian Energy Company ; une usine de dessalement en partenariat 51/49 et le groupe logistique Suisse Kuehne et Nagel Switzerland prend en charge la distribution des produits Legrand en Algérie grâce à un entrepôt de 2000m2 dans la banlieue d’Alger . Selon le même listing des investisseurs, rendu public par ANIMA, au cours de cette année, Snasco-Algérie Saudi Arabia Public Works, le promoteur immobilier lance avec l’EPLF un projet résidentiel sur la frange maritime d’Oran.
D’autres investisseurs ont jeté leur dévolu sur la gestion et le traitement des eaux à l’image du consortium britannique Biwater UK Public Works, un consortium mené par le spécialiste du traitement de l’eau qui aura 51% du joint-venture formé pour construire et gérer une station de dessalement à Oued Sebt. Les groupes espagnols Abengoa / Befesa Agua et La Caixa / Suez investiront respectivement dans la réalisation de la station de dessalement de l’eau de mer de Ténès au travers d’un joint-venture 51-49 avec Algerian Energy Company pour le premier et dans la gestion déléguée de l’eau à Oran. Enfin, la société d’investissement émiratie Emirates International Investment / Bloom investira 5 milliards d’USD sur 5 ans pour développer «Parc Dounya», projet immobilier aux Grands Vents d’Alger. Pour l’année 2009 le groupe français REYES spécialiste en énergie finalise un gros contrat en Algérie.
Il ressort de ces premiers résultats d’analyse, que les investisseurs européens restent en tête en matière d’investissement vers l’Algérie. Face à la chute vertigineuse des cours du pétrole et la crise financière mondiale, une nouvelle géographie économique se met en place, dans laquelle l’Europe joue un rôle plus important. Talonnée ou dépassée par les pays du Golf ces dernières années, l’Europe retrouve en 2008 sa place de première région émettrice d’investissements directs étrangers IDE vers les pays de la Méditerranée avec 41%, alors que les investisseurs du Golf ne représentent que 17% des IDE émis vers l’Europe.
ANIMA Investment Network est une plate-forme multi-pays de développement économique de la Méditerranée. Le réseau réunit une quarantaine d’agences gouvernementales et réseaux internationaux du pourtour méditerranéen. L’objectif d’ANIMA est de contribuer à une amélioration continue du climat des affaires et à la croissance de l’investissement dans la région Méditerranée.