Tunisie-Italie: l'histoire du premier câble sous-marin
La signature, le 12 février 2009 des contrats relatifs au premier câble sous-marin en fibres optiques totalement tunisien devant relier la Tunisie à l'Europe, offre l’occasion de révéler un détail historique, jamais publié. Comment avait pu être lancé, au milieu des années 1960, le tout premier câble entre les deux pays ? Nous étions au lendemain de la guerre de Bizerte, et diverses considérations géopolitiques européennes empêchaient le gouvernement italien de l’époque à acquiescer à la réalisation de ce projet, arguant notamment de la position de l’OTAN.
C’est alors qu’à peine rappelé de son poste d’Ambassadeur à Bonn (Allemagne), M. Nejib Bouziri, nommé Secrétaire d’Etat aux PTT, s’attela à la tâche. De sa belle plume, il écrivit à son homologue italien qu’il s’agissait d’une décision qui ne relèvait que de la volonté de deux pays amis, voisins et souverains, se gardant de la moindre interférence ou pression. En fin diplomate, Si Néjib, a su broder de bons arguments qui ont fini par emporter la décision italienne. Ainsi fut lancée la première liaison téléphonique sous marine.
A nouveaux temps, nouveaux défis, voilà que MM. Montasser Ouaïli, P-DG de Tunisie Télécom, Jim Kinsolia, président du premier opérateur européen d'infrastructures "Interoute", et Ian Douglas, P-DG du Groupe HMN constitué d'une joint-venture, viennent de procéder au lancement du premier câble en fibres optiques. D’une capacité pouvant atteindre 3,2 Pbps, il sera opérationnel avant la fin de l'année en cours et ne manquera, une fois réalisé, de contribuer à l'amélioration de la compétitivité de l'économie du pays.
M. Néjib Bouziri est le premier à s'en féliciter. Pour ceux qui ne le connaissent pas assez, faut-il rappeler que, Docteur en droit de l'Université de Paris et diplômé de l'Institut d'études politiques de Paris, il est une grande figure tunisienne. Président de l’AEMNA (Association des Etudiants Musulmans Nord Africains), fer de lance en France du mouvement national maghrébin, Chef de Cabinet de Bourguiba, alors chef du premier gouvernement de la Tunisie indépendante et Ministre des Affaires Etrangères, puis Chargé d’Affaires à Paris, il s’est toujours distingué par son érudition juridique, ses talents diplomatiques, et ses prises de positions courageuses.
Il a enseigné le droit et la pratique diplomatiques et consulaires à l'E.N.A. de Tunis. Ambassadeur de Tunisie durant vingt-huit ans, notamment à Rome, Bonn, Madrid, Moscou et Représentant auprès de la C.E.E. et auprès des Nations Unies à New York ; ancien ministre ; et membre du Comité des droits de l'homme des Nations Unies (1979-1986) ; il a été également président de la cinquième commission de l'O.N.U. et du comité de la sixième commission sur les traités et conventions. Au cours de sa longue carrière diplomatique il conduit la délégation tunisienne aux conférences des Nations Unies sur le droit de la mer, sur les relations diplomatiques, sur les relations consulaires, sur la protection de la Méditerranée contre la pollution et a représenté la Tunisie aux première, quatrième et sixième commissions de l'O.N.U.
On lui doit notamment, un excellent ouvrage publié aux Editions L’Harmattan sous le titre de : « La protection des droits civils et politiques par l'ONU : L'œuvre du comité des droits de l'homme. »