Thèse à Dauphine: Crédits aux PME et déterminants
Y a-t-il rationnement de l’octroi des crédits aux PME et quels en sont ses déterminants ? C’est le thème d’une thèse en vue de l'obtention du Doctorat en Sciences Economiques, soutenue avec succès à l’Université de Paris Dauphine, par Mme Yousra Benzarti. Intitulés "La distribution du crédit dans les pays émergents : Fondements micro économiques et estimations empiriques sur le marché tunisien", ses travaux, conduits sous la direction du Professeur Joël Metais (Directeur de Thèse, Paris Dauphine), ont retenu toute l’attention du jury, composé notamment de MM. Thierry Chauveau (Paris1 Panthéon-Sorbonne, Rapporteur), M. Abderrazek Zouari (Université de Tunis) et François Etner (Paris-Dauphine).
A travers cette recherche, Mme Benzarti a voulu cerner les déterminants micro-économiques de la distribution des crédits bancaires dans les pays émergents. Les théories montrent que le risque de défaut et le gap informationnel sont les principales causes d'une insuffisance de financement des investissements. Le manque de fiabilité des documents comptables et le nombre élevé des entreprises en faillite, au sein des pays émergents, poussent les banques à pratiquer un rationnement de crédits envers certains clients. L'entretien d'une relation de clientèle permet à la banque d'anticiper le comportement du client et d'évaluer le risque qu'il entraine.
Pour se préserver des risques de défaut, les banques exigent des garanties et des cautionnements élevés de la part des emprunteurs. Certaines PME, composant majoritaire du tissu économique des pays émergents, se trouvant dans l'incapacité de satisfaire ces exigences sont finalement évincées du marché des crédits. Le dysfonctionnement et parfois l'inexistence d'un système juridique de recouvrement des dettes, dans les pays émergents, entraine une prudence excessive de la part des banques en matière d'octroi des crédits.
L'étude empirique réalisée sur le marché tunisien sur la période 1974-2007 montre que le rationnement du crédit est expliqué par les variables autres que le prix telles que les sûretés, les relations de clientèle et le cadre juridique. Le rationnement de crédit n'a cessé de s'accroître sauf pour l'année 1988, année charnière de la mise en place de la libéralisation financière. Ce rationnement du crédit est une stratégie volontaire des banques, optimisant leurs profits futurs anticipés et non une contrainte imposée par une politique monétaire donnée.
Avec toutes nos félicitations pour la dense réflexion et la brillante soutenance.