Dali Jazi
Il y a deux ans, le 9 mars 2007 s’éteignait, à 65 ans, Dali Jazi, ancien ministre, ancien ambassadeur, juriste et figure emblématique de toute une génération. Né à Nabeul le 7 décembre 1942 dans une famille qui a également donné un illustre pharmacien, Si Radhi, longtemps président du Conseil de l’Ordre, Dali, Docteur d’Etat et Professeur agrégé en droit public et sciences politiques de l’Université de Paris II, d'abord, s'inscrire au barreau de Tunis puis comme professeur à la Faculté de Droit de Tunis.
Son engagement militant avait commencé au sein du néo-destour et du mouvement estudantin, l’UGET, avant de rejoindre le courant d’Ahmed Mestiri, tout en participant, le 20 mars 1976, à la fondation de la Ligue Tunisienne des Droits de l’Homme et en 1978 à la création du Mouvement des Démocrates et Sociaux.
Le Changement du 7 Novembre 1987 lui faisait rencontrer ses propres aspirations. C’est ainsi que s’inscrivant résolument dans le renouveau de la Tunisie, il adhérait au Rassemblement constitutionnel démocratique en 1989, dont il deviendra membre du comité central puis du Bureau politique avant d'occuper, dès 1988, plusieurs postes au sein du gouvernement et à la tête de diverses institutions.
Il sera tour à tour ministre de la santé publique (1989-1992), premier président de la Cour des comptes président de la Cour de discipline financière, ministre de l'enseignement supérieur (novembre 1994-novembre 1999), ministre délégué auprès du premier ministre chargé des droits de l'homme, de la communication et des relations avec la Chambre des députés (novembre 1999-avril 2000), ministre conseiller auprès du président de la République, ministre de la défense nationale (janvier 2001-novembre 2004) puis président du Conseil économique et social en août 2005.
Sa carrière d’ambassadeur le conduira à Vienne où il représentera également la Tunisie auprès de l’AIEA et l’ONUDI et couvrira aussi la Hongrie.
Partout où il est passé, Dali Jazy avait toujours laissé ses empreintes, son sens du travail en équipe et sa forte capacité d’analyse et de synthèse. A commencer par le 33 rue El Jazira, en plein cœur de Tunis, où il avait établi son cabinet d’avocat avec comme partenaires deux autres illustres figures militantes tunisiennes, Me Ahmed Chetourou, ancien Ministre de la Jeunesse et des Sports et ancien député, connu pour ses positions avant-gardistes et courageuses, et Me Sahbi Bouderbala, dirigeant du MDS. Mais aussi dans tous les départements ministériels où il était passé et à tous les postes qu'il avait occupés.
Plus particulièrement au ministère de la Santé, médecins et paramédicaux sont unanimes pour estimer qu’il a été parmi ceux qui avaient le mieux compris le système et œuvré pour sa réforme. Le contact facile, l’abord agréable, et sa vaste culture ont en fait un interlocuteur très apprécié, au large carnet d’adresses. Aussi à l’aise dans un ministère ou une ambassade que dans une grande institution de la République, il avait toujours gardé la simplicité du professeur universitaire proche de ses étudiants et l’engagement du militant irréductible.
Une interview-bilan
Un an seulement avant sa disparition, et alors qu’il était président du Conseil Economique et Social, il avait accordé, à notre confrère Zyad Krichen, rédacteur-en-chef de Réalités, une interview-bilan, à la faveur de la célébration du 50ème anniversaire de l’Indépendance de la Tunisie, d’une rare perspicacité. « Dali Jazi, y lit-on en introduction, fait ressortir la quintescence des grandes réformes et les faiblesses aussi, de la Tunisie de ces cinquante dernières années. Le fil rouge étant toujours la modernité tant rêvée et ensuite servie par les militants et les dirigeants de la Tunisie indépendante. » Extraits. Télécharger l'interview
Témoignages
L’ami, le frère s’est éteint
Par Faïza Kéfi
Il aura mené son combat jusqu’au bout, sans jamais se départir de sa superbe ni de son sens de l’humour. Jusqu’au bout il aura été attentif aux évènements de son pays et du monde et à l’écoute de ses amis et de ses plus proches.
Ayant eu, grâce à la bienveillance de son épouse, le triste, mais bien précieux privilège de l’avoir vu avant le jour fatidique, il m’a soufflé, mi-interrogatif, mi-affirmatif « Tu te souviendras de tout ? ». Avait –il le moindre doute ?
Comment oublier Dali Jazi, cet homme si attachant qui joignait l’élégance du geste à la finesse – je devrais dire à la prouesse du verbe, qui ne savait pas refuser son aide quand on le sollicitait, qui n’épargnait ni son temps ni ses efforts pour verser ses opinions et idées aux débats auxquels il était souvent invité.
Comment oublier ce grand Monsieur que j’ai côtoyé durant près de vingt ans, que j’ai vu déployant tout son art et son pouvoir de conviction à la concrétisation des grandes ambitions de la Tunisie et qui a tenu à m’associer aux nombreux projets qui lui tenaient à cœur et devenus pour lui autant de défis à relever absolument : la réforme des structures hospitalières, la rénovation universitaire, la restructuration de la Cour des Comptes, la formation professionnelle, pour ne citer que ces quelques exemples.
Ministre de l’ère du Changement, il s’investissait dans ses dossiers, fort de la confiance placée en lui par le Président Ben Ali, heureux de pouvoir agir et servir avec probité et une haute conscience du devoir. Il détestait les opportunistes, les flatteurs et les profiteurs et se plaisait à en bousculer: quelques-uns. Il aimait très certainement les honneurs mais sûrement pas l’argent facile.
Son capital ? Ses amitiés aussi nombreuses que diverses, tunisiennes ou d’ailleurs et qu’il n’a pas manqué d’appeler à la rescousse et de gagner à la cause de son pays.
Son dada ? Le dialogue des cultures et des religions. Quelle fierté était la sienne lors du succès de la première rencontre scientifique sur l’histoire de la communauté juive de Tunisie, qui pourtant lui avait valu les critiques acerbes de certains. Il rejetait les amalgames qui mettaient, selon lui, en danger les valeurs ancrées profondément en nous de tolérance, de respect de l’autre, d’ouverture.
Son credo ? Les femmes. Il voyait en elles, avant tout, intelligence et compétence. Il était totalement solidaire de leur lutte et toutes les occasions étaient bonnes pour lui de leur rappeler que des hommes courageux avaient défié leur époque pour défendre leur cause et qu’il fallait profiter de cette chance unique que nous avions, nous Tunisiennes, de pouvoir compter sur une volonté politique claire et ferme en faveur de l’égalité et de la promotion des droits des femmes.
Ce n’est pas sans une profonde émotion que j’ai relu dans les colonnes de « Réalités », le vibrant appel qu’il nous a lancé du haut de la tribune du CREDIF, au mois d’août dernier, nous invitant à nous engager économiquement, socialement et politiquement de manière plus résolue. Sa voix, déjà légèrement affectée par la maladie, n’en avait pas moins retenti largement dans les différentes sphères de l’opinion publique, contribuant ainsi à éveiller les consciences, féminines notamment, aux enjeux de l’heure.
Alors, comment pourrais-je jamais oublier cette voix des dernières recommandations, moi qui ai reçu tant de marques de gentillesse, de respect, d’encouragement et de soutien ?
Que mon amie Zeïneb Jazi et ses enfants, Abdelmagid et Neïla, veuillent bien accepter de me faire partager un petit bout de leur peine et me permettre de leur rendre toutes les «délicatesses» dont leur défunt époux et père m’avait si généreusement gratifiée.
Revue Réalités
du 26 avril 2007
L’homme exceptionnel
Par Frédéric Mitterrand
Je ne peux me résoudre à l'idée que mon ami Dali Jazi est mort. C'était un homme exceptionnel, bon, intelligent et généreux; d'une ouverture d'esprit et d'une fidélité extraordinaires. Patriote, il a consacré toutes ses qualités à l'édification de la Tunisie d'aujourd'hui. Citoyen du monde il a servi toutes les idées qui concourent à surmonter les barrières entre les hommes et les cultures. Francophile, il n'a jamais oublié ses années d'étudiant à Paris et ce message universaliste de la République, hélas dédaigné maintenant par tant de Français.
in Réalités
Sur le site: www.nabeul.net
- J’ai connu M. Daly Jazy comme ministre de l’Enseignement Supérieur, j’étais alors doyen de la Faculté des Sciences Humaines et Sociales de Tunis et j’ai pu apprécier quelques unes de ses qualités : sa compétence, son ardeur au travail, son amour de la Tunisie, l’élégance de ses prestations, l’étendue de sa culture et j’en passe. Allah yarhmou. Hassen EL Annabi.
- Que Dieu le garde dans le paradis. Alah yarhmou. Desole on n'a pas pu venir au cimitiere de la Marsa parsqu'on avait ce jour là el fark el saba3 de notre mère el marhouma Fatma Ezzedine Boudakim. Enfin Alah yarhamhom el kol et merci Nabeul.net Famille Boudakim ABDELKADER.
- Dali Jazi c'est la jeunesse au lycée de Carthage, et des retrouvailles trop rares d'adultes en Tunisie ou à Paris, une fidélité à l'amitié peu commune et puis, et puis la vie qui nous emmène tous. Toute mon affection à sa famille et à ses amis proches. Liliane Tucci.
- En tant que nabeulienne, c'est avec tristesse et beaucoup de chagrin que j'apprends cette terrible nouvelle. Mes condoléances et mon soutien de tout coeur aux membres de la famille du grand homme Dali Jazy. Il sera toujours dans nos mémoires et nos pensées. bint libled Jihen BEN ARBIA.
- Tu étais la générosité, que beaucoup qui t’ont connu de près ou de loin, reconnaissent. Ce que tu as fait pour la Tunisie, pour tes compatriotes, pour l’Homme - quelle que soit sa religion - est présent et tu en as des témoignages multiples Ta tolérence et ta vaste culture restent gravées en moi, et ta droiture restent pour moi un exemple. Puis-je te dire : « essèlèmou alaïkoum». Hamadi ABDELMOULA.
- Au nom de mes amis du rotary club Nabeul Neapolis je presente toutes mes condoleances à toute la famille Jazi et à si Radhi et alah yarham SI DALY. Nejib ESSID - Rotary club Nabeul Neapolis.
- En premier toutes mes condoléances à la famille JAZI et à tous les Nabeuliens à la suite du décès de Mr Dali Jazi Allah Yarhmou ! je vous remercie Monique et je vous encourage pour votre effort pour l'entretien de votre site qui est l’un de mes préférés … Bon courage à vous Monique et à votre équipe vive, vive Nabeul cette fleur qui est dans notre cœur. Hatem Selmane.