Les foires généralistes ont-elles de l'avenir en Tunisie ? Sfax répond...
Est-ce la fin des foires? Avec le foisonnement des salons spécialisés d’un côté et l’opulence des marchandises et des soldes tant dans les grandes surfaces que sur le marché parallèle, de l’autre, ainsi que la multiplication des parcs thématiques et espaces de loisirs, les grandes foires généralistes pourront-elles continuer à drainer les visiteurs ? L’interrogation est d’actualité et les réponses sont multiples. « Oui, estime M. Abdellatif Zayani, président de l’Association de la Foire Internationale de Sfax. Mais, s’empresse-t-il d’ajouter, à condition de savoir se recentrer et se redéployer, pour mieux épouser les attentes du public. C’est d’ailleurs ce que nous sommes en train de faire pour la 43ème session de notre foire qui se tiendra du 16 au 30 juin prochain. »
Premier signal fort affiché, une nouvelle identité graphique. « Après 43 ans, indique M. Zayani, il est indispensable de se mettre à l'air de temps, en gardant l’essentiel et signifier les nouvelles vocations. » L’essentiel, c’est le portail qui rappelle à la fois l’entrée du palais de la foire de Sfax mais aussi le concept de la région, cette grande porte ouverte sur la méditerranée. La roue mécanique, symbole des premières industries manufacturières est abandonnée, tout comme le navire vraquier pour l’exportation des phosphates. Le nouveau logo met plutôt en exergue une famille heureuse qui a pu faire un shopping malin et passer d’agréables moments. Le concept est clair, de bonnes affaires et beaucoup d’amusement.
Attirer les exposants, séduire les visiteurs
Comment vérifier l’attractivité d’une foire ? Le nombre des visiteurs est désormais certifié par des organismes internationaux spécialisés. Mais pour la Tunisie, ces indicateurs étalonnés ne sont pas disponibles, du moins publiés. « Les estimations les plus fiables, révèle à Leaders un expert en la matière, situent les foires de Tunis et de Sfax au premier rang, avec près de 350 000 visiteurs chacun. Dans la catégorie des 100 000 - 200 000, nous retrouvons celle de Sousse, mais aussi Gabes, Monastir et les salons spécialisés de l’ameublement « Dar », « Artisanat », etc. Mais le plus gros des effectifs se situe entre 5 000 et 15 000 visiteurs, notamment pour les salons professionnels. »
Il faut le reconnaître, la réussite n’est pas facile. Comment séduire un grand nombre d’exposants et surtout les inciter à aménager des stands très soignés, lancer des offres attractives et organiser des animations alléchantes. « En attirant le maximum de visiteurs qui se transforment en acheteurs massifs. », répondent-ils à l'unisson. Tout est alors double-marketing. Mais, si pour les salons professionnels, les organisateurs ont trouvé le filon des journées spécialisées, séminaires professionnels et démonstrations techniques, les foires généralistes doivent jouer sur d’autres arguments : la plus grande braderie dans le plus grand parc d’attraction. C’est ce qui fait le succés de la Foire de Paris, alors que celles de Milan, Hanovre ou Shangaï, continuent à mixer grand public et business.
« Ce sont-là de vraies questions, acquiesce M. Abdellatif Zayani et pour y voir plus clair, nous avons lancé une batterie d’études auprès des exposants et des visiteurs. Les enseignements tirés nous ont été très utiles pour bien préparer la prochaine session de la Foire Internationale de Sfax et apporter ainsi une première réponse. » Sans vouloir faire monter les enchères, il préfère, avec sa discrétion habituelle et son sens de l’efficacité, travailler d’arrache-pied avec ses équipes et garantir une session novatrice. L’amorce est engagée, rendez-vous donc en juin prochain.