Salah Bourjini
Il n’a pas changé ! Toujours la même verve, la même intelligence, la même voix chaleureuse et amicale ! Salah Bourjini, ancien Chef de Division des programmes régionaux du PNUD pour les pays arabes, mais aussi le Représentant-Résident du PNUD et Coordinateur des Nations Unies en Irak pendant la première guerre du Golfe, puis en Libye, sous l’embargo, garde toujours ses ancrages profonds. Entre New-York où il continue à résider après avoir pris sa retraite en 2000, et sa chère Tunisie natale, humant le zéphyr de la Marsa, il entretient ses amitiés, de par le monde.
Actuellement, Consultant international auprès des Nations Unies et de plusieurs ONG œuvrant pour le développement et la paix, il partage son expérience et prête conseil. Comme il l’a toujours fait. Ses bureaux à New-York, juste en face de la Maison de Verre, siège de l’ONU, n’avaient-ils pas été le carrefour de tous les délégués des pays arabes, de tous les experts s’y rendant. Aucune donnée, aucun plan de développement, aucun indicateur ne lui échappaient. Par cœur, il était capable de vous dresser la situation économique et géopolitique de chaque pays de la région arabe.
Les moments les plus délicats de son parcours ont été, certainement, ces 4 années passées en Irak de 1988 à 1992. D’abord en tant de Représentant résident du PNUD et Coordinateur de l’ONU, puis, avec le déclenchement de la première guerre du Golfe, en qualité de Coordinateur de l’assistance humanitaire. Gardant toujours la tête froide, le verbe courtois et le geste amical, il a été de toutes les crises, un témoin historique.
Il a entretenu les meilleures relations avec tout le corps diplomatique en Irak y compris l’Ambassadrice Glaspy, des Etats Unis, avant son départ de Bagdad en Août 1990. Après l’arrêt des hostilités, il a été désigné membre de la fameuse commission spéciale nommée par le Conseil de Sécurité et présidée par Ahtisaary, Prix Nobel, ancien Secrétaire général-adjoint des Nations Unies pour évaluer les destructions de la guerre et les besoins en assistance humanitaire. Durant cette période de l’après-guerre, jouissant de la confiance et du respect des dirigeants irakiens au plus haut niveau, il a apporté un grand soutien à la grande famille de l’ONU, sur le terrain, et aux organisations humanitaires.
Salah Bourjini a toujours fait preuve de compétence et d’humilité. Son crédo, servir les Nations Unies et aider le peuple irakien, en honorant l’image de la Tunisie, sur les traces de l’illustre Mongi Slim, Rachid Driss et tous les distingués représentants de notre pays.
Toujours engagé
Jeune élève du collège du Kef, dans les années 50, il avait vécu le dernier quart d’heure de la lutte nationale contre l’occupation et goûté à la joie de l’Indépendance. Etudiant au début des années 60, il était, naturellement, un militant actif au sein de l’UGET et deux fois élu membre de la Commission administrative.
Ingénieur Statisticien diplômé de l’Ecole d’Ingénieurs au Maroc, il rentre à Tunis fin 1963. Tout en assumant ses fonctions d’ingénieur au Ministère du Plan, il s’inscrit à la Faculté de Droit et des Sciences Economiques de Tunis, pour entamer une licence en économie qu’il a obtenue en 1966.
Grâce au soutien du Professeur Chédly Ayari, premier agrégé tunisien en économie, il obtient une bourse d’étude cette fois-ci, aux Etats-Unis, avec Abdelhay Chouikha, Mondher Gargouri et Mahmoud Triki pour préparer un PHD à Georgetown puis à l’Université du Kansas. D’ailleurs, il a enseigné en tant qu’assistant dans cette université durant les deux dernières années de ses études.
Durant ce périple, il était accompagné par son épouse (fille de feu Si M’hammed Maarouf de Sousse, un des premiers militants de l’indépendance) qui a également obtenu le diplôme de Master degree en littérature anglaise et américaine.
De retour en Tunisie, Salah Bourjini atterrit, comme il se doit, à la Faculté de Droit et des Sciences Economiques (Campus) mais rejoint le cabinet du Ministre de l’Economie qui n’était autre que l’ancien Doyen Chédly Ayari. Il a été retenu également par son successeur, Azouz Lasram. Mais dès 1976, il était appelé aux Ministère des Affaires Etrangères en qualité de Directeur-Adjoint chargé de la coopération multilatérale, jusqu’en 1980.
L’Appel des Nations Unies
A cette date, il accepte l’offre du PNUD qui le désigne en qualité de Représentant-Résident Adjoint à Alger, avant de rejoindre en 1982, le siège à New-York, pour servir aux côtés de M. Mustapha Zaanouni, ancien Ministre du Plan, nommé Assistant Secrétaire Général, chargé de la région arabe.
Ainsi, il gravit rapidement les échelons, grâce à son sérieux et l’abnégation de la conscience, pour occuper le poste de Chef de la Division des Programmes Régionaux pour les pays arabes jusqu’au début des années 1987. Les Administrateurs du PNUD les plus exigeants, de Bradford Morse à William Draper et J.G Speth lui reconnaissent de grandes qualités, tant professionnelles qu’humaines et ses relations les plus solides avec les dirigeants arabes. Dès qu’il a fallu envoyer un Représentant Résident de haut niveau en Irak, en pleine guerre avec l’Iran, c’est Salah Bourjini qui fait l’unanimité.
La première guerre du Golfe l’y surprend le 2 août 1990 et lui donne l’occasion, encore une fois, de confirmer sa compétence et son style de management des ressources humaines à une période difficile en Irak. Quatre ans après, le voilà sollicité, encore une fois, pour servir à un autre poste « sensible », à savoir la Libye, passée sous embargo. Même ardeur au travail et même réussite, cinq ans durant, jusqu’à 1997 qui lui ont valu, non seulement le respect des hauts responsables des Nations Unies, mais surtout l’estime et l’amitié des dirigeants libyens.
De retour au siège à New-York, il est chargé des fonctions de Chef de Division de tous les programmes par pays dans le monde arabe. Il est ensuite appelé à servir, au-delà de l’âge de retraite, en tant que Représentant du PNUD pour la région arabe lors de la préparation de la fameuse Conférence Internationale TICAD (Tokyo International Conference for Africa)
Aujourd’hui, Salah Bourjini savoure la chaleur des retrouvailles plus fréquentes avec ses 3 enfants. L’aînée, est ingénieur dans les Technologies de l’information et de la Communication, le cadet après 5 ans à Wall Street, dirige sa propre société en communication et production, alors que la plus jeune, est consultante en finances et Commerce International.
Pour avoir pris part, plus de 32 ans durant, à toutes les grandes conférences internationales de l’ONU, côtoyé de grands dirigeants, il garde des souvenirs précieux et un témoignage exceptionnel sur les événements politiques, économiques et sociales au cours des trois dernières décennies.
Aujourd’hui, il continue à être sollicité pour participer à plusieurs conférences et réunions internationales en tant que consultant universitaire, la dernière en février 2009 aux Nations Unies à New York à propos de la tragédie de Ghaza.
Entre Sousse, la Marsa, et New-York, Salah Bourjini aime retrouver ses amis de toujours, se délecter d’activités culturelles. Ses archives recèlent des pépites entre documents inédits et photos historiques.
Songe-t-il à les consigner dans des mémoires ? Chut ! Sujet tabou. Il ne cherche plus que les retrouvailles amicales.