La condamnation de l'étoiliste Ammar Jmel pose la question du périmètre du spectacle
Quand commence un match de football et quand finit-il pour vérifier la sujétion juridique des joueurs ? Peuvent-ils être justiciables d’un fait compromis après le coup de sifflet final de l’arbitre ? Oui, vient de confirmer en appel, les instances disciplinaires de la fédération tunisienne de football (FTF).
Statuant sur le recours présenté par l’Etoile Sportive du Sahel (ESS) en faveur de son « étoile », le jeune Ammar Jmel, poursuivi pour des gestes anti sportifs commis après le match et jugé inacceptables, les magistrats du foot se sont repliés sur le code de bonne conduite. La réglementation en vigueur accorde, en effet, à la FTF le droit général et souverain de poursuivre et condamner, comme l’a précisé, M. Habib Ben Aissa, tout joueur, dirigeant et technicien pour tout acte, sans restriction du contexte et du lieu. " Non sans raison", respirent les partisans de l’esprit sportif dans sa pure noblesse. Ils estiment ,en effet, que l’acteur sportif est en représentation, tant que le spectacle public n’est pas terminé, c'est-à-dire tant que le joueur est sur le terrain, exposé face au public. Plus encore, et de par son statut de personnage public et vedette, il ne saurait adopter la moindre attitude, ni le moindre acte pouvant porter atteinte aux valeurs qu’il incarne et au statut de référence qu’il représente. Sa propre image ne lui appartient plus. Il doit servir de modèle aux autres et donner le meilleur exemple aux autres
Qui veut briser l'élan d'une grande star du foot
"Des arguments fallacieux, rétorquent les étoilistes. C’est du juridisme poussé, juste pour contrer l’ESS et briser l’élan d’une grande star du foot tunisien à des fins qui n’échappent à personne" arguent-ils avec force. Mais au-delà de cette querelle de supporters, les juristes se penchent de plus en plus et avec attention sur ces nouvelles notions de périmètre temporel, mais aussi spatial du spectacle et même de ce qui sont les droits de propriété du spectacle. La notion de période, c’est-à-dire les limites début et fin sont intéressantes, tout comme celle du périmètre pour définir, un rayon exclusif décrété à la ronde.
Quant aux droits de propriété, appartiennent-ils à l’organisateur (pour un match de Foot est-ce la Ligue, la Fédération ou le club hôte), ou, en œuvre composite, à tous les acteurs. Le problème va se poser avec beaucoup plus d’acuité s’agissant des droits de retransmission TV. Un pays engagé dans une compétition, comme la Coupe du Monde Afrique du Sud 2010, doit-il se soumettre au diktat de ces nouveaux maîtres des droits et consentir des sommes insupportables pour ne pas priver son peuple de suivre l’évolution de son équipe nationale ? La télévision tunisienne souffre de cette situation depuis 2002 et n’a dû son salut, en 2004, qu’à un club de sponsors et, en 2007, au soutien patriotique de Tunisie Télécom. Cette année, pour les éliminatoires, elle est dans l’obligation de déclarer forfait.
Décidément, le foot est devenu du gros business ! N’est-ce pas ?