Démocratiser le Jazz
Slim Abida, illustre bassiste a décidé de mettre sur pied une formation musicale visant à braver les frontières qui existe entre les jeunes tunisiens et le Jazz. Longtemps considéré comme une musique élitiste, le Jazz s’est retrouvé fort loin de la jeunesse tunisienne. Chose qui n’a pas échappé à Slim.
Ouvert sur toutes les musiques, Slim Abida est un vrai caméléon musical. Jouant du métal, du reggae, du gnawi, du Jazz et bien d’autres styles, il arrive à se mouvoir dans le cercle fermé des artistes confirmés. La preuve en est qu'il collaborera avec Nabil Khmir, Habib Samandi et l’illustre Fawzi Chekili: « je vois dans toutes ces expériences que ce soit le métal, le jazz ou autres des nouvelles perspectives musicales, de nouvelles techniques à acquérir, de nouveaux sons. Et je m’en nourris. »
Précurseur en matière de rock, il a été l’un des premiers fondateurs de groupe de black métal en Tunisie. En 97, il piochera dans les œuvres de Stephen King et nommera son groupe « Gorthol ». Quelques années après, il montera un autre groupe, toujours dans le même genre qui se fera connaitre sous le nom de Melmoth. Cette formation sera l’un des groupes les plus connus de la scène black métal tunisienne et sera également le premier groupe tunisien à jouer hors des frontières locales à savoir au Maroc et en Algérie. La qualité musicale de ce groupe fit l’unanimité parmi les experts en la matière mais il finira par être dissout. C’est là que Slim pourra se donner à 100% dans un autre projet créé avec Halim Yousfi qui portera le nom de « Soul Bowl Vibration » avant de porter le nom sous lequel tout le monde le connait aujourd'hui: « Gul trah sound system ». Cette formation n’aura rien à voir avec les précédentes.
Une fusion de Gnawi, de Chaabi, de Dub et de reggae
Au sein de ce groupe Slim jouera une musique tout à fait différente ; une fusion de Gnawi, de châabi, de dub et de reggae. Le groupe rencontrera un franc succès auprès du public tunisien et multipliera les apparitions sur scène un peu partout en Tunisie.
Mais le nouveau-né parmi les projets de ce bassiste hors pair, c’est « Jazz Oil ». Après 13 ans de basse, Slim Abida ne s’est toujours pas résolu au fait que la basse n'est qu’un instrument d’accompagnement. « Iil s’agit ici d’une nouvelle mise en évidence de la basse pour montrer un autre visage de cet instrument ». Partant du principe que la basse est un instrument à part entière, un instrument de composition, un instrument qui puisse jouer les premiers plans, il monte ce « Ce projet qui tourne, certes, autour de la basse, mais qui ne dénigre pas pour autant les autres instruments. ». Il tentera donc de tirer le public vers le Jazz, d’aller le chercher là ou il est, car « c’est à l’artiste d’aller vers le public et non pas le contraire ».
C’est également dans l’optique de pousser les novices, les jeunes apprentis bassistes à découvrir leur instrument sous un nouveau jour et à en repousser les limites à leur tour.
Une révolution musicale?
C’est donc avec des amis qu’il mettra sur pied ce qui pourrait être une révolution musicale. Entouré d’une brochette de musiciens très talentueux et d’univers différents, il compte démocratiser le Jazz, qui a longtemps été loin des jeunes. Jihed à la guitare, Tarek à la batterie, Nidhal au Kanoun, Paco aux percussions, et Wissem au clavier, constituent, avec Slim, le noyau dur du groupe. Noyau dur autour duquel gravitent des invités comme la chanteuse Amira Chebli.
« Nous faisons du Jazz fusion… dans notre musique, on incorpore des touches tunisiennes, du funk et plusieurs autres sonorités musicales diverses. » et c’est cette musique qui figurera dans l’album en cours d’enregistrement et qui apparaîtra sous le titre de « Humanity ». Le choix de ce titre n’est pas dû au hasard, car la thématique de l’album est l’être humain dans tous ces états. La musique dresse donc un portrait de l’humain dans différents états d’âmes. L’album comportera 7 titres exclusivement instrumentaux. Les titres oscilleront entre Heavy Jazz et funk. « La musique est une pâte à modeler, c’est à l’artiste d’en faire ce qu’il souhaite. Il faut juste casser les frontières entre les différents styles et arriver à les concilier. » Bien que les paroles soient absentes des titres présents sur l’album, on arrive à ressentir le message qu’elle véhicule. Le titre « stranger » est le portrait d’un Homme étranger dans son propre monde, dans son propre quotidien. « Crazy » est plus moraliste, il montre au monde que les fous ne sont pas ceux que l’on croit, mais ceux qui ont oublié les plaisirs de la vie et qui se laissent engloutir par la superficialité. Tous les titres de l’album sont un cri, non pas un cri de détresse mais un cri d’espoir.
Une fois l’album enregistré, le groupe partira dans une tournée promotionnelle locale, visant à élargir le public et à toucher un grand nombre de personnes. « Notre but n’est pas lucratif, ce qu’on veut dans un premier temps c’est démocratiser cette musique et faire passer un message. » L’album sera, certes, vendu mais il sera en téléchargement gratuit sur le site : www.myspace.com/jazzoilmastergroove. Avis aux amateurs!