Quand un Mechri en cache un autre
Lisez bien l’éditorial de "l’Economiste Maghrébin", cette quinzaine. Le signataire en est bien un Mechri, non pas Hédi, le directeur-fondateur. Mais son fils Omar ! Pourtant, tout y est. "Même en mieux, diront les taquins."
Omar, c’est déjà une belle success story. Ingénieur centralien, il aligne à 31 ans, seulement, un parcours de golden boy. Sainte-Geneviève, pour la prépa, l’Ecole Centrale de Paris, un MBA au Collège des Ingénieurs, qui recrute des ingénieurs triés sur le volet diplômés des grandes universités européennes et américaines, parrainé par AGF(Groupe Allianz). , puis un premier poste chez Schlumberger à Londres avant d’être appelé par BNP Paribas, toujours à la City. L’expérience acquise, il suivra son patron parti chez la prestigieuse Bank Of America. Là, il se fait "happer" par Goldman Sachs qui lui propose une mission exaltante. Quand on est brillant et bosseur, la marche sur la voie royale de l’excellence ne connaît pas de répit. Le voilà à présent à la tête d’un fonds de placement de toute première catégorie à partir de Londres : Blue Crest.
Ni the City, ni Shakespeare n'ont fait oublier à Omar les finesses de la langue française. Encore moins, les subtilités des petites phrases bien ciselées, tout en gardant la rigueur de l’analyse très british. Comme pour ne pas perdre la main, Omar Mechri partage souvent ses commentaires par écrit avec son père, économiste émérite. Hédi Mechri, n’avait-il pas soutenu un certain 26 janvier 1978, en Sorbonne, une thèse de doctorat es-sciences économiques de référence? Enseignant à l’IHEC jusqu’à sa retraite, il s’est laissé emporté par sa passion pour le journalisme économique et financier. D’abord à "Informations Economiques Africaines" de Zerzeri, puis en participant à la fondation de "Maghreb" et de "Réalités", avant de créer ses propres publications, "L’Economiste Maghrébin" (bi-mensuel) et "Le Manager" (mensuel). « Inégalé, incontournable, finiront par reconnaître ses irréductibles compétiteurs. » « S’il y en a, rectifient avec humour et d’une même voix les deux compères avisés, Mohamed Laroussi (Maroc) et Mohieddine Djabri (Algérie). D’autres, sans doute.
Hédi cède la place provisoirement ou pour toujours?
Sur les pas du père, Omar, écrit. Hédi, lit, vérifie, et sans rien toucher, publie. Relégué au fond du journal, dans le dernier cahier, comme pour épuiser le lecteur avant d’y parvenir, l’article d’Omar fait son chemin. Et avance de cahier en cahier. Londres est un observatoire privilégié qui donne accès à des informations de première main et favorise le débat d’idées. Quinzaine après quinzaine, le fils se rapproche du saint des saints. Les lecteurs savourent; les amis du père taquinent Hédi, lui prédisant d'être, bientôt, détrôné de son piédestal, l’éditorial en ouverture du magazine. Un éditorial très prisé, suivi avec attention et lu avec délectation.
Mais, voilà le pas franchi. Hédi finit par s’y résoudre. Pris par sa mission en couverture du Sommet de Doha, en panne d’idées à peine rentré en Tunisie, ou, tout simplement, une honnête reconnaissance de primauté. Cette fois-ci, Hédi cède la place. Provisoirement ? Pour toujours ? Une seule chose est sûre : l’éditorial est mis aux enchères entre père et fils, au plus méritant. Pour le grand bonheur des lecteurs. Le titre de l'édito signé Omar est déjà évoquateur: "De Bretton Woods à Londres: A-t-on lâché le taureau dans l'arène?"