BAD: plus de ressources pour soutenir les pays face à la crise
Personne n’en parle pour le moment, mais tout semble le confirmer, du moins le dessiner en filigrane. Pour faire face à ses engagements à l’égard des pays membres exposés aux aléas de crise, la Banque Africaine de Développement (BAD) devrait bénéficier de ressources accrues.
Les assemblées de la BAD qui se tiendront cette année à Dakar les 13 et 14 mai prochains seront certainement amenées à débattre de la décision du G 20 de faire des banques multilatérales de développement, aux côtés du FMI, l’instrument privilégié pour aider les pays les plus touchés à faire face à la crise financière et économique. Lors de sa dernière session, le G20 avait en effet décidé, face à la crise, l’allocation de 850 milliards de $ supplémentaires pour le FMI et les banques multilatérales de développement. En outre, il a appelé celles-ci à se recapitaliser de leur côté. C’est ainsi que la Banque Asiatique de Développement devra augmenter son capital de 200%.
Si rien n’est encore décidé pour la BAD et les autres banques multilatérales hors Banque asiatique, l’ampleur des dégâts subis par les pays africains exige en effet des ressources, des mécanismes et des stratégies aussi urgentes qu’importantes. Déjà, la BAD avait adopté une stratégie en 4 piliers dont une facilité de financement du commerce et une autre de liquidité d’urgence. A cela s’ajoute la mise en place de mécanismes de décaissements d’urgence. Aussi, elle a déployé une stratégie de réponse à la crise alimentaire et une initiative d’aide aux pays les plus fragilisés.
Pour sa part, le Président de la BAD, Donald Kaberuka, avait évoqué dans des déclarations de presse une augmentation des prêts annuels pour les porter de 5 à 11 milliards de $. Autant d’engagements s’avèrent budgétivores et exigent la mobilisation de ressources adéquates. Les analystes, interrogés par Leaders, considèrent que la voie de révision des règles prudentielles de la BAD n’est pas envisageable. A juste titre, ils estiment que la note AAA dont jouit la banque constitue l’un de ses points forts puisqu’elle l’autorise à sortir sur le marché financier à moindre coût et à en faire bénéficier, en rétrocession, ses pays membres demandeurs.
La BAD se doit donc de dégager des ressources additionnelles pour faire face à la demande croissante de ses clients. Les demandes arrivant au guichet du secteur privé explosent effectivement : près de 1,7 milliards de dollars au titre de la Facilité de financement du commerce et de la Facilité de liquidité d’urgence en quelques semaines à peine !
Une des voies pour cette mobilisation de ressources accrues passe par les partenariats. C’est ainsi que cette semaine la BAD a tenu à Tunis une importante réunion avec la Société financière internationale pour créer des synergies et des ressources supplémentaires pour répondre à ces besoins.
La BAD aura-t-elle encore longtemps les moyens de tenir le rythme sans toucher à ses règles prudentielles ou changer l’affectation de ses revenus ? Pour l’instant, la pro-activité de la banque face à la crise, la clairvoyance des décisions engagées et la rigueur de la gestion apportent beaucoup de réconfort aux Etats membres, donateurs comme bénéficiaires.