Stades ou cours des miracles?
2 morts et plusieurs blessés, ce n’est pas le rituel bilan des accidents de la route pendant le week end, mais celui d’une journée de football ordinaire encore que ce bilan ne tient pas compte "des victimes collatérales", de tous ces jeunes supporters qui roulent à tombeau ouvert sur le chemin du stade pour terminer, parfois, leur course qui, dans un fossé qui, contre un arbre ou une voiture avec au final des contusions, pour les plus chanceux mais parfois la mort pour les autres ; ou encore ces rixes devant les stades entre supporters. Car on aurait tort de croire que la violence dans le football ( et accessoirement le hand ball) se limite au stade.
L’environnement immédiat du stade n'est pas épargné, non plus (les habitants d’El Menzah en savent quelque chose) pas plus que l’itinéraire qui mène au stade ou, encore la ville, à l’occasion des fameux derbies avec des bouchons de plusieurs kilomètres, les concerts assourdissants des klaxons et en prime les slogans, orduriers, comme il se doit.
C’est un bilan qui ne tient pas compte de la violence verbale, inquantifiable, il est vrai, mais ô combien dangereuse parce qu’il ya des mots qui tuent. Ces chants guerriers qui vous donnent l’impression d’être sur un champ de bataille où se joue le destin de votre pays. Ces slogans régionalistes qui sèment la « fitna » entre les citoyens d’une même nation. Et pour ne pas être en reste, les joueurs se mettent, maintenant, de la partie, n’hésitant pas à provoquer le public.
Mais où sont, donc, les comités de supporters censés encadrer le public ? Où sont les dirigeants censés encadrer les joueurs et non seulement les défendre devant les instances fédérales en cas de sanction ? Où sont les membres fédéraux censés encadrer tout ce beau monde ?
C’est à ce demander si on ne sera pas amené, un jour, et au train où vont les choses, à publier, à l’issue de chaque journée de championnat, les statistiques sur les pertes occasionnés par les matches comme on le fait après chaque week end pour les accidents de la route, ou annuellement pour les maladies dangereuses comme le sida, la tuberculose ou le cancer.
Car, en fait de maladie dangereuse, la violence dans les stades en est une. On a tout essayé pour la juguler: la sensibilisation, la loi, la diffusion des scènes de violence dans l’espoir qu’elle aurait un effet cathartique sur les supporters. Avec un succès très relatif et parfois un effet de boomerang inattendu.
Un phénomène de société
La raison en est simple. Cette violence n’est pas un simple épiphénonème. C’est beaucoup plus profond. Un phénomène de société dont notre société n’a pas, il est vrai, le monopole puisqu’il concerne à la fois les pays riches et les pays pauvres. Le hooliganisme n’a-t-il pas pris naissance en Angleterre ?
La violence, avons-nous dit, est une maladie dangereuse, elle doit être traitée comme telle. En recourant, d’abord, à un traitement préventif, et à ce niveau, la société civile devrait se mobiliser comme elle sait si bien le faire pour sensibiliser aussi bien les parents que les intéressés qui pour une grande partie sont des adolescents; et un traitement curatif qui pourrait prendre la forme d’un traitement carrément médical avec l'assistance de "psy" pour les cas pathologiques, et il en existe, et répressif ( par un glissement sémantique, ce mot est souvent pris au sens de mater, punir de manière indistincte alors qu’il s’agit de punitions ciblées) soit, en recourant à des interdictions de stade pour les meneurs (cette méthode a donné de bons résultat en Angleterre), soit, en traduisant en justice les fautifs.
Mais une chose est sûre, il ne faut, surtout pas, compter sur les clubs pour régler ce problème. Pour une raison simple ; la pression exercée, sur eux, par les supporters est tellement forte qu’ils en sont devenus les otages. Et si cette observation n’est pas valable pour tous, elle l’est sûrement pour la plupart d’entre eux .
Hédi