Kairouan - Tombouctou : la traversée du Sahara
Pour mieux comprendre les origines de « La Route » qui a relié pendant plus d’un siècle Kairouan à Tombouctou, il faudrait situer en premier lieu le rôle et la fonction réelle du dromadaire et Chameau dans les récits de voyages sahariens sans l’existence de cet animal qui dispose d’une capacité d’endurance exceptionnelle et d’un sens remarquable de l’orientation, le Sahara serait totalement inaccessible avant la mécanisation des moyens de transport.
En second lieu reconnaître aux arabes de l’époque une large connaissance de la signification du positionnement des étoiles, leur permettant d’identifier les itinéraires à parcourir dans cette immense mer de sable.
En troisième lieu, il faudrait contextualiser l’origine de cette « Route » dans le cadre de l’islamisation du Maghreb et du commerce dans la région sachant que les relations entre islamisation et commerce ont été extrêmement étroites. En effet ce sont les colonies commerçantes arabes musulmanes nomades qui une fois installées aux alentours de Kairouan ont cherché à élargir leur négoce et à transmettre la foi islamique à tous les territoires inconnues. Kairouan était alors à ses débuts un centre commercial et une capitale intellectuelle, ce que sera plutard Tombouctou.
Tous ces éléments restent finalement incomplets si on ne se réfère pas à l’anthropologie du nomadisme et son rôle fondamental dans le traçage des routes trans-sahariennes, ce qui explique en partie le brassage permanent entre nomades du Sud et nomades du Nord du Sahara.
En guise d’introduction à cette ébauche de recherche, je signale qu’il n’est imprudent à mon avis de considérer que les lieux entre le Maghreb et l’Afrique subsaharienne sont facilement identifiables à partir d’un regard chronologique linéaire parce qu’il s’agit d’une histoire qui s’étale sur une très longue durée couvrant un territoire immense et un espace culturel multiple et diversifié.
L'apport considérable des chroniqueurs arabes
Mais cette complexité n’exclut pas que ces deux régions africaines aient pu établir, rien que par le fait géographique, des relations notamment commerciale tout au long de l’histoire. Dans ce contexte, Abdallah Laroui remarque, à juste titre, dans son ouvrage, "l’histoire du Maghreb" « que l’erreur serait de noyer un problème chronologique déterminé dans un autre beaucoup plus vaste qui est du ressort de la géographie ». le Sahara supposé être une frontière infranchissable est, en fait, une zone peuplée, reliée par des pistes, des relais et des oasis. Le chameau y était présent selon plusieurs sources au premier siècle après J.C. et les traces des nomades transsahariens remontent aux peintures rupestres. Je dirai même que les populations des rives nord et sud du Sahara n’ont jamais été totalement séparées. En tout cas, le métissage qui a pu donner naissance à une ethnie maure (intermédiaire) confirme en partie cette hypothèse.
Par ailleurs, d’autre signes tels que : l’expression musicale, le mélange de certains dialectes, l’appropriation de coutumes culinaires communes rendent plausible l’existence de ces lieux ancestraux entretenus par les populations pastorales et nomades.
Cependant la majorité des historiens, sans exclure l’existence des relations commerciales transsahariennes puniques et romaines, notamment, considèrent que la Sahara ne devint une terre de liaison permanente d’une manière visible et lisible qu’à partir des VIIIème et IXème siècle.
Cette période marque l’avènement de l’expansion de l’Islam. au Maghreb, La fondation par les Arabes musulmans de la ville de Kairouan (50-69/670-688) constitue le début d’une longue épopée d’islamisation de l’Afrique Subsaharienne qui s’est prolongée jusqu’à la période coloniale et les liens continus entre le Maghreb et l’Afrique de l’ouest se sont multipliés depuis.
En effet, depuis quatorze siècle environ les contacts sont quasi permanents. L’historiographie de cette épopée est en grande partie connue grâce aux chroniqueurs arabes qui ont sillonné la région entre le Xème et le XIVème siècle. Les connaissances et les observations rassemblées par ces derniers restent aujourd’hui encore une référence fondamentale dans la perception historique de ces relations.
D’autres voyageurs européens ont, également, apporté des témoignages riches en information sur le mode de vie, les traditions, l’histoire de toute la région
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