L'intégration maghrébine: les hommes d'affaires montent au créneau
Alors que partout dans le monde, des Groupements régionaux se créent, l’idée d’un espace économique maghrébin a du mal à sortir des limbes. La justification qu’on avance, généralement, pour expliquer cet état de fait, c’est l’affaire du Sahara occidental. Pourtant, cette explication ne résiste pas à l’examen. Car le processus de construction maghrébine, bien antérieur à cette affaire qui remonte, faut-il le rappeler, à 1975, avait commencé, en fait, au début des années 60. Trois ans à peine après la fin de la guerre d’Algérie, les trois pays du Maghreb Central, dont les relations étaient, alors, au beau fixe,et auxquels s’était jointe, plus tard, la Libye, conscients de la nécessité de créer une entité économique commune, décidaient de créer le Comité Permanent Consultatif Maghrébin (CPCM) avec pour objectif de mettre sur pied des structures communes destinées à jeter les bases de la nouvelle entité.
Ce Comité qui siégeait à Tunis avait eu à son actif quelques succès comme le fait de réunir les ministres des pays membres d’une manière régulière pour discuter de la complémentarité économique entre les pays maghrébins. Mais, très vite, dès qu'on a abordé les sujets qui fachent, des dissensions apparurent.
Le coût exorbitant du non Maghreb
Le CPCM devint une simple institution décorative jusqu’à sa disparition… à la fin des années 70. En 1989, les Chefs d’Etat maghrébins, réunis à Marrakech, décidaient de faire l’impasse sur l’affaire du Sahara et de relancer la construction maghrébine. Avec beaucoup d’enthousiasme et une régularité de métronome dans les réunions y compris dans celles des Chefs d’Etat et puis dès l’apparition des premières dissensions, la machine se grippe: depuis 1994, aucun Sommet n’a eu lieu. Le Maghreb est de nouveau en panne. C’est le scénario des années 60 qui se reproduit à l’identique. Pourtant, tout le monde dans notre région est convaincu du coût - exorbitant - du non Maghreb: 2% de croissance au moins chaque année, soit une perte de 10 milliards de dollars par an.
Lors de sa dernière tournée au Maghreb, le Directeur Général du FMI avait demandé aux pays de la région de s’appliquer à eux-mêmes les facilités qu’ils consentent aux autres pays dans leurs échanges commerciaux avec eux. De fait, la trentaine d’accords commerciaux conclus entre nos pays n’ont pas été totalement appliqués, ce qui explique le faible niveau des échanges intermaghrébins (3%). Une attitude incompréhensible qui hypothèque les économies de nos pays à tel point que les Ministres du Commerce et les Gouverneurs des Banques Centrales maghrébins ont été invités par le FMI à Washington pour examiner la facilitation du commerce intra maghrébin dans le but d’activer le processus d’intégration de leurs économies et de développement des échanges commerciaux.
Pour le secteur privé, il n'est plus question de tergiverser. Le Forum des hommes d'affaires qui se réunira les 11 et 12 mai à Alger devra, précisément, plancher sur la dynamisation des échanges, des investissements et des instruments de coopération entre les pays de la région. Parce qu'ils vivent au quotidien les difficultés de l'entreprise, ils sont mieux placés que quiconque pour saisir l'urgence qu'il y a à agir.
L'histoire de la construction maghrébine a été, jusqu'ici une histoire d'occasions manquées. Les hommes d'affaires sauront-ils briser cette fatalité de l'échec à laquelle on semble se résigner.