Raffarin à Tunis: le retour du Politique, le retour aux valeurs
L’ancien Premier Ministre Jean-Pierre Raffarin est sans nul doute un tribun très apprécié. Invité d’honneur du Forum de l’Economiste Maghrébin, il a tenu en haleine, jeudi matin à Tunis, un public massif et attentif qui a vibré à chacune de ses analyses. A ses yeux, la crise consacre le retour du Politique, non pas celui des partis et systèmes, mais des valeurs.
Oui, souligne Raffarin, c’est l’ère d’une nouvelle conception de la vie, de l’action et des pratiques, fondée sur cinq valeurs fondamentales. La première est, indiscutablement, la sécurité. Dans l’insécurité, il n’y a point d’investissements, point de développement. La deuxième valeur est le choix de l’intelligence ajoutée. Ceux qui ont privilégié le low cost finiront par se retrouver pénalisés par leur choix. Même la Chine, qu’il ne faudrait jamais sous estimer en est bien consciente et entend, à présent, miser fortement sur cette intelligence. La Tunisie, y a toujours cru et s’y emploie de toutes ses énergies, se félicite l’ancien Premier Ministre.
Troisième valeur, la croissance verte. La dimension écologique et le développement durable se situent au centre des nouvelles préoccupations. Pour l’avoir visité, Jean-Pierre Raffarin évoque avec admiration le parc naturel d’Ichkeul qui, dit-il, à lui seul, offre une pédagogie de la nature et de l’écologie du XXIème siècle.
Mettre le curseur entre la tradition et la modernité
Mais ces trois valeurs n’ont de sens que si elles s’accompagnent de deux autres, non moindres, à savoir la mesure et la culture. En pleine crise de la démesure, le retour à la mesure constitue une reprise en main pour ne pas perdre le pilotage. Quant à la culture, Raffarin rappelle que l’économie rassemble et mondialise, alors que la culture résiste et laisse pratiquer pas moins de 3000 langues. Citant Valéry Giscard d’Estaing « l’un de mes maitres », il rappelle cette définition de la politique qui consiste juste à mettre le curseur entre la tradition et la modernité. Juste au bon point.
Pour l’ancien Premier Ministre, une nouvelle priorité de développement s’impose. Si tout était misé jusque-là sur la compétitivité, il s’agit à présent de se mobiliser en cultivant la spécificité, contre les effets de la globalisation et de la banalisation, de renforcer l’attractivité, face au nomadisme général des hommes comme des capitaux et des entreprises et de consolider la solidarité de voisinage dans la cohérence territoriale.
Une analyse pertinente à savourer intégralement dans le prochain numéro de L’Economiste Maghrébin, sans doute.