Lutte contre le tabagisme: l'heure n'est plus aux demi-mesures
Première cause de mortalité en Tunisie avec près de 7000 décès par an; responsable de 90% des cas de cancer du poumon; taux le plus élevé de fumeurs dans le monde arabe.Trop, c’est trop. Le phénomène du tabagisme prend des proportions telles, que les pouvoirs sont décidés à prendre ce problème à bras-le corps.
Certes il y a eu cette fameuse loi anti-tabac de 1978, qui a marqué, véritablement la première manifestation de prise de conscience de la gravité de ce fléau en ajoutant au danger peu perceptible jusque-là, la conscience du danger. Mais, il faut reconnaître que la plupart des ses dispositions sont restées, pendant longtemps, lettre morte, y compris celle relative à l’interdiction de la publicité sur les marques de cigarettes qui ne sera appliquée qu’au milieu des années 90. Malgré ce retard, cette décision est d’une grande importance compte tenu de l’ingéniosité et du cynisme que les fabricants mettaient pour commercialiser ce véritable produit de la mort au point qu’il était devenu, c'est particulièrement vrai pour les marques américaines, un symbole d’appartenance à l’élite. A défaut de scrupules, il faut reconnaître aux fabricants des dons certains en marketing. Devinez quel est le nom de la marque de cigarettes la plus vendue en Afrique : Visa. Quatre lettres synonymes de « sésame », le rêve de tout candidat à l'émigration. le mot de passe tant convoité qui permet à des milliers de jeunes africains d’accéder à l’eldorado européen.
La loi de 1978 a, également, permis de lancer la première campagne de sensibilisation aux méfaits du tabagisme avec un succès trés relatif, il est vrai. Car, comment expliquer que trente ans d'efforts n'ont pas permis d'enrayer ce fléau ou du moins de stopper sa progression. Bien au contraire, d'autres franges de la population sont maintenant touchées comme les adolescents ou les femmes sans parler des fumeurs passifs. N'étant pas un spécialiste de la communication, je me garderai d'émettre des jugements péremptoires sur le travail qui été fait. Je me contenterai de quelques remarques qui me semblent relever du bon sens.
S'agissant des adolescents, il est peu probable que des messages jouant sur l'instinct de conservation ou la peur des maladies aient un impact sur eux. La mort ne fait pas partie de l'univers mental de l'adolescent. C'est une échéance, certes fatale, mais lointaine dont il ne se sent pas concerné pour le moment. Pas plus que la maladie. Il est, donc, peu probable que ce genre de messages suffise à faire chuter de 50% le tabagisme chez les jeunes comme on en a l'ambition.
Deuxième remarque: il faut considérer les fumeurs comme des malades avant tout et le tabagisme une maladie qui devrait être inscrite sur la nomenclature de la CNAM. Le tabac crée un phénomène de dépendance dont il n'est pas facile de s'affranchir. C'est pourquoi, il faut renforcer l'aide au sevrage et ouvrir, au besoin des unités spécialisés dans les hôpitaux.
Et, last but not least, ne plus se contenter de bonnes paroles et de sensibilisation. Il faut appliquer la loi et frapper les contrevenants là celà fait le plus mal : le portefeuille. L'heure n'est plus aux tergiversations.