Atugéens: comment réussir en Tunisie et à l'étranger
Il est Tunisien. La trentaine. Il est issu d’une grande école française. Son diplôme en poche, il choisit de rentrer au pays pour créer sa propre société de services informatiques "Vermeil". Après des débuts difficiles, son entreprise commence à générer des bénéfices. Les commandes affluent, il recrute du personnel.
Ayant dépassé «les problèmes de survie», il s’investit dans le mouvement associatif : il crée "le printemps des arts" à la Marsa , participe à la création d’une unité de soins pour les personnes atteintes de la maladie d'Alzheimer. Qu’est-ce-qui fait courir Badreddine Ouali ? L’engagement citoyen, tout simplement. D’ailleurs, le retour en Tunisie, à lui seul, participe de la même démarche. Car refuser un salaire plus que confortable dans un environnement où on a plus de chances de se réaliser est un acte patriotique qu'il faut saluer. Un renvoi d’ascenseur en quelque sorte pour un jeune, conscient des sacrifices que son pays avait consentis pour son éducation et impatient de lui rendre la pareille. L’exemple de Badreddine Ouali n’est pas isolé. Souvent stigmatisés, nos jeunes diplômés savent résister aux tentations. On a eu l’occasion de s’en rendre compte lors de la séance du 2 juin des "Mardis de l’ATUGE", l’Association des Elèves des Grandes Ecoles Etrangères dont le thème était, précisément, l’engagement citoyen.
En présence d’une brochette de jeunes atugéens qui avaient en commun, outre d’être des anciens des Grandes Ecoles-françaises essentiellement- d’avoir choisi de rentrer au pays «sans hésiter un seul instant», les témoignages se succèdent. Rien que des success stories.
M. Mohamed Frikha, X et Sup. de Com’, patron de Telnet et ancien président de l’ATUGE, fait figure de vétéran. Son entreprise a pignon sur rue au point d’avoir eu, récemment, les honneurs de la visite du premier ministre français, François Fillon. Il explique à l’auditoire les secrets de sa réussite. Elle tient en trois mots: conviction-vision-détermination. Son objectif, en créant Telnet, était de participer à "l’appropriation par notre pays de la technologie, préalable à l’accession de la Tunisie au rang de pays développé". Rétrospectivement, Mohamed Frikha ne regrette pas son choix ayant contribué à la formation de dizaines de jeunes ingénieurs tunisiens. Un intervenant insiste sur la vertu de l’exemple, égratignant au passage ceux qui «par excès de modestie ont choisi la discrétion» alors qu’il aurait fallu monter en épingle toutes ces réussites pour faire justice des préjugés qui, comme chacun sait, ont la vie dure.
S'impliquer davantage dans le mouvement associatif
Hassen Zargouni, parle d’élan citoyen appelant l’auditoire à s’impliquer davantage dans le mouvement associatif tout en écartant d'un revers de main, les craintes "d'instrumentalisation" dont certains intervenants ont fait état. Mehdi Khémiri, patron de Topnet évoque la nécessité de mettre l’intérêt personnel, qui reste la principale motivation d’un chef d’entreprise au service de la collectivité nationale: "il faut mutualiser l'intérêt personnel".
On donne ensuite la parole à M. Mohamed Ennabli, ancien ministre et président du Haut Comité Sciences et Technologie, directement rattaché au premier ministère qui a passé en revue les tâches de cette structure. Il s’agit a-t-il dit de rechercher une jonction entre le tissu industriel et la recherche. Celle-ci répond, certes, à une demande des entreprises, mais souvent, cette demande a du mal à s'exprimer. M. Ennabli reconnaît qu'en matière de recherche en est encore au stade de l'adolescence. Notre objectif est d'atteindre l'âge adulte en développant l'implantation des entreprises utilisant les hautes technologies en Tunisie.
Des discussions d'une haute tenue qui font honneur à nos jeunes surdoués. Mais il y a un petit bémol: pour qu'un débat soit vivant, il faut qu'il soit contradictoire. Or qu'a t-on constaté mardi: des échanges feutrés et une belle unanimité que rien n'est venu ternir. Ce n' est pas la meilleure façon de faire avancer le débat. Car il existe un réel problème d'exode des cerveaux sur lequel on ne devrait pas faire l'impasse. Et puis, l'installation à l'étranger n'est pas nécessairement antinomique avec l'engagement citoyen. Tiens, cela pourrait bien faire l'objet d'une prochaine séance des "mardis de l'ATUGE".