Maroc: faut-il ouvrir l'investissement dans la santé à des non-professionnels comme en Tunisie ?
Le cap mis par la Tunisie sur la promotion des investissements privés dans le secteur de la santé et l’encouragement à l’exportation de ces services suscitent de vifs débats dans nombre de pays, notamment le Maroc. La question cruciale est d’autoriser ou non des non-médecins à ouvrir des cliniques et des non-professionnels à créer des établissements de santé. Certes, l’amendement de la loi sur le code de déontologie et de pratique médicale en offre l’occasion, mais ces débats connaissent une animation particulière, avec pour arrière fond la campagne électorale marquée par la candidature de la Ministre de la Santé, Mme Yasmina Badou.
Apostrophée par les syndicats professionnels au sujet de l’ouverture des investissements dans le domaine de la santé à des non professionnels, la Ministre se défend citant à titre de référence notamment la Tunisie. La proposition d'ouvrir le secteur aux investisseurs non professionnels n'est pas le fruit du hasard, rappelle-t-elle.
En effet, le projet s'inspire de nombreuses expériences réussies dans des pays d'Europe, du Golfe et même des pays voisins comme la Tunisie et la Jordanie où l'adoption de cette réforme a permis au système sanitaire de faire un saut qualitatif important. «Il faut reconnaître les faits. Les médecins et professionnels n'ont pas aujourd'hui les moyens d'investir dans un secteur en manque terrible d'investissement et cela revient en premier lieu à la cherté du matériel. Cela dit, même si le ministère procède à la baisse des taxes sur l'équipement, le matériel sera toujours loin de la portée des médecins parce que cela coûte des milliards», ajoute Mme Baddou.
Cherchant à faire annuler le projet relatif à l'amendement du code de déontologie et de pratique médicale au Maroc, 30 organismes appartenant au domaine syndical et professionnel ont reproché au département de la Santé de ne pas encourager les spécialistes à investir. Le département de tutelle devrait selon eux adopter des mesures incitatives pour aider les médecins à tâter l’expérience à travers notamment la baisse des taxes sur l'équipement et la conclusion d'accords avec des organismes de crédits et des médecins désirant investir dans le secteur de la santé.
Expirée en 2001, la loi 10-94 a été soumise au débat en vue de son amendement à la demande des syndicats concernés, apprend Leaders. Une série de principes et règles devaient être édictés afin d’encadrer cette ouverture de l’investissement et des mesures d’accompagnement sont à prévoir.