Tunisie 2050
Cet ouvrage ouvert sur l’avenir, contribue à la réflexion sur un futur souhaitable de la Tunisie dont les progrès réalisés depuis l’indépendance présentent un potentiel d’avenir considérable. La Tunisie, en 2050, se construit aujourd’hui. C’est aujourd’hui aussi qu’on prépare ce qu’elle sera en 2100. L’élève à l’école de base, aujourd’hui, sera le décideur des années cinquante et le jeune instituteur qui vient d’être recruté aura formé, à la fin de sa carrière, un élève qui prendra sa retraite aux alentours de 2100. Cet élève recevra des connaissances d’un instituteur formé en l’an 2008, ce même instituteur continuera de transmettre ses connaissances jusqu’à l’an 2040. Dans le même sens, Berger G affirme que la période de connaissance du savoir est d’une quarantaine d’années, c'est-à-dire qu’elle est deux fois plus longue que celle qui mesure les grandes transformations dues à l’homme . Pour cela, on doit avoir nécessairement comme référence des durées longues.
Un horizon à plusieurs temporalités
Dans le cadre du présent travail trois images successives ont été retenues :
- La première en 2015, celle de l’action politique immédiate et des engagements internationaux notamment avec l’Union européenne. La demande additionnelle d’emplois aura atteint son maximum (100 milles).
- La seconde en 2035, Celle d’une nouvelle légitimité institutionnelle. Elle sera caractérisée par la fin de la transition démographique, la phase de la "fenêtre démographique" , elle est définie par la chute du pourcentage de la population de moins de 15 ans à 30 % et l'augmentation de la tranche d'âge de plus de 65 ans à 15%. Cet horizon est caractérisé aussi par la fin des grands travaux d’infrastructures. Le revenu par tête d’habitant dépassera le cap de 10 000 $ US, la limite admise par la Banque Mondiale pour les pays développés.
- L’image finale en 2050, celle d’une génération. La population atteindra son maximum, environ 13 millions d’habitants dont 30% aurait atteint plus de 60 ans et elle entamera un reflux pour atteindre les 11.5 millions vers 2100. Cet horizon se caractérisera par des possibles ruptures sociales et technologiques et par une possible convergence avec les sociétés développées. Au niveau international, un monde multipolaire se concrétisera et l’économie chinoise sera 30 fois plus importante.
Au cours de la première période, et compte tenu des inerties propres au système, les actions volontaristes qui seront engagées ne modifieront pas sensiblement sa structure mais constitueront le socle du scénario de rupture. Au moins une période de cinq ans (qui correspond à la durée d’un Plan de développement) sera alors nécessaire pour reconfigurer le système dans le sens des déterminants de base du scénario du succès.
A partir de 2035, et si les hypothèses du scénario se réalisent, la Tunisie aura alors franchi une étape importante dans la réalisation des objectifs du scénario avant de s’engager dans la dernière étape qui la conduira à l’image finale à l’horizon 2050, celle de la convergence avec les sociétés développées.
La Tunisie entame une nouvelle étape caractérisée par de nouveaux enjeux stratégiques. Il s’agit de la nécessité d’accélérer le rythme des réformes pour faire face à un monde en turbulences qui change à très grande vitesse. C’est une phase cruciale durant laquelle la Tunisie tend à accroître son taux de croissance dans un environnement économique globalisé, et à l’issue de laquelle elle aspire à atteindre le niveau des pays développés.
Pour essayer de relever ces défis futurs, nous avons procédé à la construction des futurs qui n’ont pas eu lieu pendant 50 ans d’indépendance de la Tunisie, avant d’élaborer les futurs possibles pour les prochaines 50 années. Cette analyse prospective d’un système en transition, pour une période d’un siècle, est fondée sur une dynamique rétroprospective caractérisée par le passage des Histoires plurielles aux scénarios possibles.
L’intérêt de l’exercice réside dans l’absence d’analyse prospective des systèmes en transition dans un environnement incertain, non libéral et instable. Cette caractéristique d’instabilité liée aux systèmes en transition apparaît notamment à travers les liens entre les différentes composantes et leurs dynamiques internes, à travers la multiplication d’acteurs non visibles, la qualité des institutions et le degré de transparence et de visibilité, autant de facteurs d’instabilités. Ce constat rend d’autant plus évident le besoin réel de développement d’une nouvelle étape spécifique de la prospective qu’est la prospective de transition.
La Tunisie constitue un système en changement de transition loin d’être achevée (un historique en transition et un avenir en transition) et qui est caractérisé par un modèle ayant connu des ruptures et des inerties.
En effet, la prospective présente un intérêt particulier et spécifique pour la gouvernance des systèmes en transition. Toute la question consiste à démontrer que la prospective peut être spécifique dans un système en transition tout en participant au mouvement général. Bien évidement, il y a des valeurs et des principes qui sont communs à tous les systèmes mais également une formidable richesse que l’on trouve dans les spécificités de chaque système. Il ne faut pas noyauter le spécifique dans une dimension qui est parfois passagère et il ne faut pas non plus qu’au nom de la spécificité, on rejette un certain nombre de valeurs communes.
Dans le cadre de cette analyse, cinq défis majeurs relatifs à la gestion d’une transition multidimensionnelle ont été relevés, il s’agit de la transition politique, la transition sécuritaire, la transition sociétale, la transition économique et la transition en matière de gestion des ressources naturelles.
Il est incontestable que ces défis futurs sont aussi liés aux préoccupations du passé et du présent, ce qui renforce l’idée de la nécessité d’une relecture de l’Histoire sur la base d’une analyse rétroprospective mettant l’accent sur ce qu’aurait pu devenir le système si un événement ne s’était pas produit ou si certaines liaisons n’avaient pas eu lieu et ce, dans un cadre méthodologique combinant raisonnement et imagination.
Périodes stratégiques
C’est dans cet objectif qu’un horizon à plusieurs temporalités a été retenu, 50 ans d’analyse rétroprospective découpée en 5 périodes et 50 ans d’analyse prospective représentée par 3 horizons.
Bien que l’histoire de la Tunisie se caractérise par des ruptures dans la continuité et par une stabilité relative, on a pu identifier cinq périodes d’analyse rétroprospective au cours desquelles un certain nombre de visions du futur ont pu être élaborées.
Les points de départ de ces périodes représentent les dates les plus significatives qui sont susceptibles d’amorcer d’autres trajectoires selon les germes d’autres histoires virtuelles. Ces périodes sont caractérisées par le changement de dirigeants politiques et le changement d’orientations économique et sociale.
- La première période de 1955 à 1961. C’est la période post coloniale qui se caractérise par la construction du nouvel Etat indépendant. Elle constitue le début de la réflexion sur l’avenir du pays.
- La deuxième période de 1962 à 1969. C’est celle de l’expérience coopérativiste. La Tunisie, influencée, par l’environnement international connaît un changement de cap économique avec l’option en faveur de la planification et de "l'étatisation". L’échec du collectivisme entraîne une crise à la fin de 1969 ce qui ouvre la voie à une nouvelle orientation économique qui a caractérisé la période suivante.
- La troisième période entre 1970 et 1981 est marquée par la libération de l’initiative privée dans un cadre de protectionnisme économique et de monolithisme politique.
- La quatrième période entre 1982 et 1986 se caractérise par un système qui ne semble plus avoir d’objectifs clairs ce qui entraîne l’accélération des crises et favorise l’émergence d’un islam politique.
- La cinquième période de 1987 à aujourd’hui se caractérise par le libéralisme et l’ouverture et peut être divisée en 2 sous périodes. La première de 1987 à 1995 s’identifie au changement politique et la mise en œuvre du plan d’ajustement structurel à partir de la fin 1986 dans un contexte sociopolitique en mutation. La deuxième, de 1995 à aujourd’hui, se caractérise par l’entrée en vigueur de l’accord d’association avec l’Union Européenne et l’interaction entre les valeurs religieuses, la modernité et les nouvelles aspirations de la jeunesse.
On peut remarquer que la périodisation retenue est largement tributaire principalement des fluctuations de la rente pétrolière, elle est également liée à la transition démographique et à la diversification de l’économie. On peut voir aussi que chaque période se distingue par une équipe de dirigeants qui prend en charge la formulation et la mise en œuvre des plans de développement.
Histoires plurielles
L’analyse des périodes stratégiques a été conduite sur la base d’une construction sommaire du système comprenant 7 composantes qui sont les enjeux sociétaux, la gouvernance et la gestion publique, la dynamique de la population et de l’espace, les ressources humaines et l’innovation, les ressources naturelles et les contraintes environnementales, la compétitivité et les mutations économiques et enfin la mondialisation et les défis de la région. Cette analyse a permis de relever que les comportements des acteurs se sont reproduits dans des contextes historiques différents.
Cette construction sommaire a également permis de faire ressortir des Histoires plurielles relatives aux différentes périodes et ce, à partir du comportement possible des acteurs clés sur le trois composantes principales qui affectent le plus le système. Il s’agit des enjeux sociétaux, la gouvernance et gestion publique et la mondialisation et les défis de la région.
C’est ainsi que 9 histoires plurielles ont été construites :
- Concernant la première période (1955-61), le choix a porté sur le scénario de l’aboutissement de l’option pour la monarchie constitutionnelle qui se fonde sur l’alternance. Leçon pour le futur : l’alternance pacifique et la bonne gouvernance permet à la Tunisie d’atteindre un taux de croissance d’environ 7 à 8% sur une longue période.
- Concernant la deuxième période (1962-69), deux scénarios ont été dégagés. L’un décrit la fin du conflit palestino-israelien suite à la proposition du Président Bourguiba en 1965 et se caractérise par une prospérité régionale. Leçon pour le futur : la stabilité et l’intégration régionale permet une accélération de la croissance de l’ordre de 2% sur le long terme. L’autre scénario est relatif au succès de l’adaptation du modèle coopérativiste scandinave qui se base sur un nouveau contrat social. Leçon pour le futur : un nouveau modèle de développement basé sur l’économie sociale du marché permet à la Tunisie d’être plus compétitive (modèles des pays scandinaves).
- Concernant la troisième période (1970- 81), deux scénarios ont été retenus. Le premier concerne l’aboutissement de l’Union avec la Libye dans le cadre d’une transition démocratique. Leçon pour le futur : l’intégration maghrébine accompagnée d’une bonne gouvernance régionale permet d’améliorer la croissance d’environ 2 à 3% par an. Le second concerne le maintien de Bourguiba au pouvoir avec une aggravation de la situation interne. Leçon pour le futur : dégradation de la situation politique, économique et sociale.
- Concernant la quatrième période (1982-86), deux scénarios ont été également retenus, il s’agit, pour le premier, de la reconnaissance du succès de l’opposition libérale aux élections et l’avènement de l’alternance. Leçon pour le futur : l’organisation des élections libres permet une alternance démocratique. Pour le deuxième, d’une situation où l’agitation dans la rue arrive à remettre en cause les acquis. Leçon pour le futur : l’instabilité de la rue présente un risque pour le pays.
- Concernant la cinquième période (1987 à nos jours), elle a été décrite par deux scénarios. Le premier, le changement dans la douleur. Leçon pour le futur : déstabilisation du pouvoir. le second, le changement en douceur. Leçon pour le futur : changement progressif.
Une tentative de chiffrage de ces scénarios a été réalisée sur la base de deux composantes du système : une réussite de l’intégration maghrébine qui permettrait une accélération de la croissance de l’ordre de 2 à 3% et un développement politique plus soutenu qui permettrait à son tour une accélération de 1 à 2% de croissance; ce qui a fait ressortir un potentiel de croissance de 3 à 5 points sur une longue période. Ce chiffrage est conforme aux résultats et analyses de plusieurs organismes internationaux notamment la Banque Mondiale et le Fonds monétaire international.
Construction du système
L’étape suivante de l’analyse a consisté à finaliser la construction du système en menant plusieurs investigations pour minimiser les risques de subjectivité. Ces investigations ont porté sur des entretiens avec acteurs clés et certaines publications relatives à des analyses de tendances lourdes au niveau maghrébin et mondial.
Cette démarche a permis la construction d’un système final comprenant 56 variables regroupés en 19 dimensions et 7 composantes. Elle a également fait ressortir 3 enjeux majeurs, les plus importants et les moins maîtrisés, sur lesquels les scénarios ont été construits à savoir : les enjeux sociétaux, la gouvernance et la gestion publique et les défis de la région tel qu’ils ressort du graphique des changements critiques.
Pour mieux cerner les enjeux du système, il a été procédé à l’analyse des dimensions par l’utilisation du logiciel MicMac. On voit que la configuration obtenue sur le plan direct d’influence et dépendance des dimensions est conforme aux caractéristiques d’un système en transition qui est marqué par l’instabilité. Plus de 80% des dimensions du système gravitent autour de l’axe des enjeux.
Ces enjeux sont représentés par des dimensions internes et des dimensions externes. Les dimensions internes regroupent l’accélération de la croissance, le développement politique, les ressources humaines, l’emploi, l’énergie, l’eau et les valeurs ainsi que trois autres dimensions présentant des enjeux à très long terme : l’évolution démographique, l’infrastructure et l’innovation.
Pour les dimensions externes, on remarque qu’elles sont relatives à la géopolitique de proximité : les perspectives du Maghreb et le processus euro-méditerranéen.
Pour l’analyse des jeux d’acteurs, on a retenu 10 acteurs internes et 6 acteurs externes. Le plan de correspondance acteurs / objectifs permet d’estimer la convergence des acteurs avec les objectifs.
En considérant la sensibilité des acteurs à l’objectif "gouvernance", il apparaît que l’on est en présence d’un arc regroupant les acteurs sensibles à la gouvernance. Il s’agit d’acteurs internes : les jeunes, l’élite, les syndicats, les partis d’opposition et les mouvements religieux. Il s’agit aussi d’acteurs externes : l’Union européenne, les organisations internationales et les Etats-Unis. On peut aussi remarquer que le pouvoir et les mouvements religieux, chacun dans une direction, sont opposés par rapport à l’objectif gouvernance, ce qui augmente l’intensité de leurs divergences.
L’ensemble de cette démarche s’inscrit dans le cadre de différents niveaux d’analyse regroupés en 7 étapes:
D’abord, la construction sommaire du système qui a permis de faire ressortir les Histoires plurielles, celles-ci, combinées avec d’autres investigations ont servi de base à la construction du système final.
A partir du système final, ont été dégagées des hypothèses sur les dimensions et des scénarios partiels sur les composantes.
Ces scénarios partiels articulés avec les Histoires plurielles dégagées ont constitué le fondement de la construction des scénarios globaux à partir desquels un certain nombre d’orientations stratégiques ont pu être présentées. La combinaison des 9 histoires plurielles a permis de cadrer les 4 scénarios possibles.
Scénarios globaux
Ces 4 scénarios possibles dégagés sur la base des Histoires plurielles ont servi aussi à réduire le nombre de combinaisons possible des scénarios partiels élaborés sur les 7 composantes du système. Cette démarche rétroprospective qui se fonde sur l’analyse des Histoires plurielles a permis de "rationnaliser" le choix des scénarios.
Le scénario 1 : "La poursuite", scénario tendanciel favorable, caractérisé par un taux de croissance de l’ordre de 3 à 5%. Il décrit à court terme l’évolution de la situation présente sur la base des tendances lourdes observées. A moyen terme, ce scénario est corrigé par des régulations qui permettent d’éviter une rupture défavorable. Ce scénario indique les paramètres et variables qui interviennent dans le développement de la situation présente et permet d’examiner dans quelle mesure les tendances ainsi dégagées contribuent à répondre aux nouvelles ambitions.
Le scénario 2 : "Le repli", scénario tendanciel défavorable, caractérisé par un taux de croissance inférieur à 3%. Il décrit également à court terme l’évolution des tendances. Cependant, ces tendances sont corrigées par une évolution avec plus de difficultés (conditions défavorables). Cette évolution débouche, à moyen terme, sur une situation négative et à long terme, elle fait apparaître une rupture défavorable.
Le scénario 3 : "Le piétinement", est un scénario de rupture négative, caractérisé par une croissance lente inférieur à 3%. Il est construit sur la base de l’amplification des faiblesses du système, de l’exacerbation des conditions défavorables ainsi que sur l’incapacité des acteurs à remédier à ces dysfonctionnements.
Le scénario 4 : "Le succès", scénario de rupture positive, il est caractérisé par une nouvelle impulsion politique forte. Il est construit sur la base d’hypothèses qui permettent à la Tunisie d’atteindre les objectifs de développement avec un niveau de croissance atteignant 7 à 8% sur une longue période dans une perspective de rattrapage des pays développés.
Enchaînement des scénarios
Les 4 scénarios globaux émanent d’un enchaînement qui illustre la problématique du développement de la Tunisie en faisant ressortir le passage des Histoires plurielles aux scénarios futurs et ce, sur la base de deux composantes à savoir le développement politique et la transition vers l’économie sociale de marché ce qui n’exclut pas l’impact des autres composantes.
Au cours de son histoire, la Tunisie a connu des réussites et des échecs, ce sont deux Histoires possibles (extrêmes) qui peuvent englober tous les scénarios futurs de la Tunisie. Elles rejoignent les scénarios "le succès" et "le piétinement". Les deux autres scénarios "la Poursuite" et "le Repli" décrivent l’évolution tendancielle.
Les 2 histoires extrêmes dégagées se caractérisent par de fortes amplitudes (mouvements de balancier) : à chaque évolution positive, il y a des facteurs de résistance qui tempèrent et à chaque creux, il y a de nouvelles impulsions qui se déclenchent, ce qui exclut tout mouvement linéaire.
On est donc en présence de 2 courbes enveloppes, "le succès" et "le piétinement" ce qui constitue une caractéristique des systèmes en transition. Il faut noter que la tendance à la hausse est plus favorable au succès qu’au piétinement.
Orientations stratégiques et tableau de bord prospectif
Cet ouvrage se termine par la présentation d’orientations stratégiques sur un certain nombre de dimensions du système. Ces orientations stratégiques ont pour base le scénario "le succès".
A partir de ces orientations, un tableau de bord prospectif à l’horizon 2050 ainsi qu’aux horizons intermédiaires 2015, 2035 et qui couvre les différentes dimensions du système.
Ce tableau a pour point de départ aussi bien l’historique que les données actuelles et ce pour situer les orientations stratégiques de la Tunisie dans le cadre d’une contribution à la mise en valeur des faits d’actualité pour leurs significations prospectives.
Les données de ce tableau sont basées sur plusieurs sources nationales et internationales ainsi que sur les valeurs des pays cibles tels que les pays les moins avancés de l’OCDE.
Conclusion
Dans ce travail nous avons essayé de transférer les méthodes de prospective, qui ont été élaborées dans l’environnement spécifique des pays développés, et de les appliquer à un pays en transition. Or même si les systèmes peuvent présenter des similitudes, les liens entre les différentes composantes et leurs dynamiques internes sont très différents. A cet effet, il suffit de préciser que le rôle des acteurs n’est pas le même dans tous les systèmes; ainsi un pays en transition n’a pas d’institutions de qualité similaire à ceux qui existent dans les systèmes stables, ils n’ont pas le même degré de gestion des affaires publiques. Il est impossible d’appliquer à l’ensemble du système en transition toutes les règles utilisées dans un environnement différent. Ce qui explique, en partie, l’existence d’un besoin réel et spécifique en une nouvelle étape de développement de la prospective : "la prospective de transition".
Le deuxième point concerne le passage de la rétroprospective à la prospective. La construction des histoires plurielles nous a permis de confirmer que la rétroprospective peut être pensée comme l’art de convertir les futurs qui n’ont pas eu lieu en futurs possibles. La connaissance de l’historique a permis de construire des futurs passés qui ont servi comme cadrage à la construction des scénarios. Quelques éléments des scénarios historiques ont été repris dans l’élaboration des scénarios futurs.
Khaled kaddour