Les révélations de Mohamed El Fehry Mehrez
Sacré Fehry ! «Un phénomène unique en son genre» comme le décrit l’un de ses anciens conseillers en communication, ce self-made man, qui a su créer et imposer son groupe de détergents et produits de nettoyage, publie ses mémoires. Sous le titre de « Mon parcours », un autre « coup de tête » comme il en aura, heureusement, un bon nombre, il raconte sa vie avec le bagout qu'on lui connait, sans rien cacher, ou presque. Il nous dévoile aussi ses collections de photos, de voitures, de montres, de bagues. Une tasse de café renversée sur son costume en plein vol, suite à des perturbations aériennes, par un voisin qui n’était autre que feu Ali Zouaoui, et une prémonition de l’ancien gouverneur de la Banque centrale changeront son parcours.
La présentation de l’ouvrage, vendredi après-midi dans son fief a été un moment de grande délectation. En présence de MM. Moncef Bouden, Secrétaire d’Etat chargé de la Fiscalité et ami d’enfance, Hédi Djilani, témoin de son action patronale, Lamine El Abed, Gouverneur de la région, Ahmed El Karm, DG d'Amen Bank et d’un grand nombre d’amis, tous souriants, Boubaker Seghaier en avait dressé un portrait hilarant, serti d’anecdotes et d’évocations comme celle d’avoir acheté pendant des années, en solution épaississante, de l’eau de mer à 1 D le litre. Ou encore d'offrir du Zrir à la naissance d’un bébé Judy.« En face de lui, vous vous trouverez devant un dilemme difficile qui ne vous laissera que le choix de l’aimer ou… de l’aimer. »
Un parcours de forçat
Enfance rigoureuse à Dar Chaabane El Fehry, près de Nabeul, dans une famille modeste et laborieuse qui fait face aux difficultés de la vie avec beaucoup de ténacité. Etudes primaires au village avant de partir au Lycée Technique Emile Loubet à Tunis et découvrir la capitale. Mais, obligé de subvenir aux besoins de sa famille, il interrompt ses études, parvient à se faire recruter à la Trésorerie générale, avant d’obtenir sa mutation à Nabeul. Là, commence pour lui, en ce début des années 60, une bouillonnante activité militante au sein des formations de jeunesse et du mouvement associatif. Le récit est passionnant, le verbe haut, et sa volonté de s’en sortir sans égale.
Envié, il est l’objet d’une cabale qui le fait traduire en justice (blanchi totalement), et muter à Tunis. Marié, et faisant quotidiennement la navette Tunis-Dar Chaabène, il saute sur la première occasion offerte par le ministère des Finances à ses agents, pour reprendre ses études à l’ENA, puis partir pour une année à l’école française des Impôts à Clermont Ferrand. C’est sur le vol de retour à Tunis que le hasard (de la tasse de café renversée) qu’il fera la connaissance de feu Ali Zouaoui. Après l’avoir écouté raconter son parcours, celui-ci lui dira : « Si Fehry, vous n’êtes pas fait pour être un simple fonctionnaire, par contre, vous pourrez être un grand homme d’affaires et le temps le prouvera. »
Un certain 11 septembre…
Et le voilà parti, un 11 septembre 1972, pour se lancer avec des associés dans ce qui deviendra l’emblématique marque Judy ! Et la saga commence. Comment y est-il parvenu ? Comment le nom de Judy a-t-il été trouvé ? Quel est le secret de sa réussite ? Tout est dit, Fehry se lâche, photos à l’appui.
Premier à créer un cercle de qualité, à obtenir la certification Qualité et la Norme NT, à se lancer dans la pub TV, il sera toujours en première ligne. Maire de Dar Chaabane, président de l’Utica régionale, membre du Bureau exécutif, fondateur du conseil d’affaires tuniso-marocain et animateur de tant de forums, il promène toujours sa fougue, sachant équilibrer entre son caractère bouillonnant et sa capacité de réaliser et de mobiliser.
Se retirer des affaires pour se consacrer au reste
A 55 ans, il décide de passer le témoin à ses deux fils pour se consacrer aux siens et vivre la vie dont il avait toujours rêvé. Y compris, écrire ce livre. Pour l’agrémenter, il publie en annexe une série de témoignages, notamment ceux de Slaheddine Ben Mbarek, Hédi Djilani, Ahmed El Karm, Hédi Mechri, Taieb Zahar, Boubaker Seghaïer, Riadh Zeghal, et d’autres. Il y ajoute des citations de son œuvre, et surtout une abondante illustration.
L’album photo est d’ailleurs exceptionnel. On y trouve différents portraits de lui, ses parents et amis, sa famille, ses usines, ses produits, ses locaux et tout ce qu’il chérit. Mieux vaut s’arrêter là pour mieux savourer le livre.