News - 13.07.2009

Naples pleure son Maire Tunisien, Maurizio Valenzi

Centenaire, Maurizio Valenzi, fils de Tunis, artiste-peintre, militant anti-fasciste, ancien Maire de Naples et Député européen, vient de s’éteindre. L’émotion est vive à Naples, mais aussi dans la communauté italienne et auprès de ses nombreux amis en Tunisie comme au sein de ce qui reste du mouvement communiste international.

Sa vie a été faite d’action militante, d’art, de littérature et d’indéfectible attachement à sa Tunisie natale. Journaliste engagé dès son jeune âge contre le fascisme, collaborant activement à nombre de journaux italiens à Tunis et Paris, membre du parti communiste, il connaîtra la prison, la torture et les pires conditions d’incarcération. Condamné à perpétuité, il fera le tour des prisons de Tunis, Bizerte et le Kef avant d’être  transféré en Algérie dans l’horrible pénitencier de Lambèze. Il y aura notamment pour compagnons d’extravagantes atrocités, le leader Bahi Ladgham ainsi que de nombreux militants destouriens.

De cette périodese, il peindra plus tard, des portraits devenus célèbres. Libéré en 1944, il s'était installé à Naples pour une longue carrière politique dont le point d'orgue sera, le 15 juin 1975, la mairie de la ville. Un véritable exploit pour un non natif de Naples, comme pour son parti.

Son amour pour la Tunisie n’avait fait que croître au fil des années. Maurizio Valenzi a toujours prêté main forte aux Tunisiens à Naples en particulier et en Italie, en général, ne leur épargnant aucune aide, aucun soutien.

L’ancien Consul Général de Tunisie à Naples, M. Habib Chaghal, interrogé par Leaders, évoque sa mémoire avec beaucoup d’affection et d’appréciation. « A chaque sollicitation, il avait toujours répondu présent, se dépensant de toutes ses énergies, mobilisant tous ses amis. A l’annonce du Changement, il était parmi les premiers à se rendre en Tunisie présenter ses félicitations et proposant la relance de tous les dispositifs. Sénateur, Député européen et grande personnalité en vue, il avait constamment placé la Tunisie au cœur de ses bonnes actions. »

Dans ses livres, comme à travers de nombreux ouvrages, interviews et articles qui lui sont consacrés, Maurizio Valenzi peindra avec nostalgie et passion son enfance, puis sa jeunesse en Tunisie. Il avait décrit aussi, avec force détails instructifs, la ferveur militante, toutes causes confondues, des années 30, puis l’aveuglement du terrorisme fasciste et de la répression coloniale.

Quant à l’artiste-peintre, Khaled Barsaoui, dans son superbe documentaire « Les rescapés de la dérive » sur l’influence de l’immigration italienne dans les arts en Tunisie, Khaled Barsaoui (2002), il avait mis en exergue l’œuvre de Maurizio Valenzi, ainsi que celles de Mose Levy et Giusepe Aprera. Diffusée par TV5, le 14 mars 2004, lors des fameuses « 24H en Tunisie » de Frédéric Mitterrand, cette révélation avait conquis les téléspectateurs qui ne soupçonnaient guère ses talents artistiques bien confirmés.
 

 

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