Le livre francophone a-t-il un avenir en Tunisie ?
Alors que tous les indicateurs s’alarment de la chute du lectorat en général et du lectorat francophone en particulier, l’ouverture de la librairie Culturel à La Marsa (Zéphyr), aux normes européennes, annonce-t-elle une bonne augure ou une incertaine aventure ? A 34 ans, Hassen Jaied, le promoteur de la première grande enseigne spécialisée affiche beaucoup de détermination.
« Oui, confirme-t-il à Leaders. Le lectorat tunisien offre un bon potentiel… à condition de savoir le servir. » Sur le millier de bonnes librairies s’égrenant à travers la Tunisie, il faut compter seulement moins d’une centaine, une bonne cinquantaine pour être précis, qui offre le livre francophone, et souvent derrière le comptoir, comme au temps de l’épicerie traditionnelle. La modernité du merchandising n’est pas passée par là.
Indispensable soutien
Seules certaines expériences, menées ici et là tentent vaillamment de résister. D’autres, n’ont connu qu’un éphémère printemps, comme ce fut le cas de Smak (groupe Batam). Souvent, n’étaient-ce les manuels scolaires etrangers et les livres scientifique et technique, la part du livre francophone se serait réduite comme une peau de chagrin.
Quant à de grandes librairies de longue tradition, telles que Clairefontaine et Al Kitab, elles sont réussi à ouvrir d’autres points de vente (respectivement à La Marsa, El Menzah1 et El Menzah6) et ont essaye d’épouser, autant que se peut, l’ère du temps. Deux autres ont du passer la main : Caliga à El Menzah9 et El Moez, rue El Moez, au Menzah1.
A l’intérieur du pays, les bonnes librairies francophones, le demeurent au prix d’une grande persévérance. Le livre facture subit le double effet du prix français et de l’euro flambant, coute cher. Le lecteur se fait rare et les charges augmentent. Faudrait-il songer à un statut culturel pour les librairies (toutes langues confondues) et prévoir, au titre de la promotion du livre, une indemnité de soutien, à l’instar de ce qui est accorde aux galeries d’art ? L’idée caresse plus d’un et suscite des espoirs.
Quant à Hassen Jaied, évidemment il souhaite fortement que des dispositifs d’encouragement et d’incitation soient rapidement pris en faveur du secteur. Mais, en attendant, il multiplie les initiatives et crée sa marque. « C'est un marché à bon potentiel, souligne-t-il à Leaders. Il faut savoir l'écouter et s'adapter à la demande. Le tunisien aime le livre! »Sa succes story est instructive.