Ennahdha accentue la pression sur Moncef Marzouki
Moins de 48 heures après la petite phrase de Abdellatif Mekki, le groupe parlementaire d’Ennahdha veut déposer une motion de défiance contre le président de la république suite à sa proposition de former un gouvernement restreint formé de compétences.
Dans une déclaration à Mosaïquefm, le président du groupe, Sahbi Attig a rappelé lundi que c'est l'Assemblée nationale constituante qui élit le président de la république et peut, par conséquent, le démettre à tout moment. Mais pour en arriver là, il faudra au préalable consulter les différentes structures du mouvement. Si la décision est prise de revoir la composition de tout le gouvernement, il n'est pas exclu que les changements touchent le sommet de l'Etat. Commentant la proposition de Marzouki, M. Attig a observé qu’elle n’engageait que lui et que la troika n’y souscrivait pas.
Ennahdha finira t-elle par sauter le pas ? Rien n’est moins sûr. D’abord, parce que la conjoncture, particulièrement difficile depuis les évènements de Siliana, ne s’y prête pas ; ensuite, il n’est pas sûr que la motion de censure soit votée. Selon « la petite constitution », en cas de dépôt de motion de défiance, « le parti dominant » aura besoin de la majorité absolue de l’assemblée, soit 108+1 voix, pour obtenir la destitution du président. Non seulement il n’aura pas l'appui de ses deux partenaires de la troika, mais il risque de se les aliéner durablement et notamment le CPR et le groupe Wafa, avec à la clé une crise institutionnelle plus que probable. Un pari trop risqué pour être tenté d’autant plus qu’il aura besoin ultérieurement de leur appui, lors du vote de la loi sur l'immunisation de la révolution. L’hypothèse la plus probable est que le mouvement Ennahdha maintiendra sa pression, jusqu’à amener à résipiscence le président de la république. La partie est d’autant plus jouable que le porte-parole de la présidence, Adnan Mansar s’est empressé dès le lendemain du discours de Moncef Marzouki de nuancer ses propos. Il ne s’agit plus de changer la totalité du gouvernement comme tout le monde l’a compris, mais de confier quelques ministères techniques à des compétences. Gageons que d’autres concessions suivront, vidant les propositions de Marzouki de leur substance.
Hedi