Quand Cheikh Mourou cherche à donner le change
Ceux qui ont suivi, dimanche soir sur Ettounissia, le talkshow "animé" notamment par Ala Chabbi n'ont pas été surpris par la bonne prestation de l'invité principal, Abdelfattah Mourou, bien que ceux qui étaient chargés de lui porter la contradiction n'étaient pas à la hauteur, le privant ainsi de faire étalage une fois de plus de ses qualités de "debater". C'était à se demander s'ils n'étaient pas là, juste pour lui servir de faire valoir avec leurs questions convenues.
Au menu de cette émission, un sujet d’une brûlante actualité : la grève projetée du 13 décembre. Allons-nous vers un nouveau jeudi noir ? En fait de débat, on a eu donc droit à un monologue de 30 minutes où cheikh Mourou s'efforcera de nous convaincre que les torts sont partagés tout en se gardant de la moindre critique contre ces fameuses ligues de protection de la révolution dont l'UGTT demande la dissolution, prétendant n'avoir pas suffisamment d'informations pour les juger. Pourtant, , lundi, sur Mosaïquefm, il avouera avoir rencontré «il n'y a pas si longtemps» des éléments de ce mouvement venus demander des conseils sur la façon de rédiger leur statut et qu'il en avait profité pour les tancer pour attitude violente envers l'opposition.
Au fond, le cheikh n'a fait que reprendre les thèses d'Ennahdha, mais sous une forme édulcorée, à coups de circonlocutions et d'euphémismes,pour les rendre acceptables. A un certain moment, on avait presque oublié son appartenance à Ennahdha dont il était pourtant, le vice-président, tant il paraissait soucieux de se positionner à égale distance de tous les partis. C'est peut-être ce qui le différencie des autres dignitaires d'Ennahdha. Ces derniers se contentent généralement de reprendre l'argumentaire qui leur est fourni, sans s'en écarter, alors que Mourou est passé maître dans l'art de dorer la pilule, se permettant parfois de prendre des libertés avec les thèses de son parti pour donner le change.
Le débat n'a finalement valu que par le "numéro" de cheikh Mourou qui s'en est bien sorti grâce à son bagout assaisonné d'humour fin. Quant aux animateurs, ils seraient bien inspirés de mieux préparer leurs émissions à l'avenir surtout lorsqu'ils ont affaire à des invités rompus aux joutes oratoires comme c'est le cas de cheikh Mourou.