L'Accord entre le gouvernement et l'UGTT annonce-t-il une refondation des relations entre les deux parties ?
Il a fallu plus de 10 heures de discussions, parfois houleuses, pour que la commission administrative de l’UGTT entérine, mercredi, l’accord conclu, la veille, entre le gouvernement et l’organisation syndicale, qui stipule notamment l’annulation de la grève du 13 décembre. Aussitôt après le feu vert de la C.A, le texte a été signé par les deux parties.
Pendant toute la journée, les rumeurs les plus contradictoires ont circulé. On avait parlé d’abord, de maintien de la grève, puis de sa suspension, enfin de son annulation. Mais si les débats ont été très serrés à en juger par les éclats de voix dont les murs de la salle de réunion ont retenti (ce qui est tout à fait normal dans une organisation démocratique), c’est finalement la voix de la sagesse qui a prévalu, les membres de la commission ayant fini par se ranger aux arguments du secrétaire général, Houssine Abassi qui a souligné « la nécessité de préserver la sécurité du pays et d’éviter les risques pouvant menacer sa stabilité ».
L’accord avec le gouvernement n’a pas encore été rendu public, mais on croit savoir qu’il porte sur 8 points, notamment :
- la reconnaissance par le gouvernement du droit à l’exercice des activités politiques, civiles et syndicales et sa responsabilité exclusive de protéger ces activités ainsi que sa dénonciation de toutes les formes de violence d’où qu’elles viennent et quelles que soient ses motivations ;
- la condamnation par le gouvernement de toutes les agressions commises le 4 décembre contre le siège de l’UGTT, les syndicalistes et les employés de la centrale ;
- l’engagement des deux parties à œuvrer en vue d'aplanir toutes les difficultés susceptibles d'entraver le dialogue entre elles ;
- la création dans un délai de dix jours d’une commission mixte avec pour mission d'enquêter sur les évènements du 4 décembre et le rôle attribué à certaines ligues de protection de la révolution dans ces incidents, à charge pour elle de remettre son rapport au chef du gouvernement dans un délai d’un mois pour qu’il prenne les mesures idoines prévues par la loi ;
- l’accélération des procédures judiciaires à l’encontre de tous ceux dont l’implication dans ces évènements aura été établie ;
- le gouvernement se félicite du rôle joué par l’UGTT, en tant qu’organisation nationale et partenaire essentiel dans la réussite du processus démocratique et la réalisation des objectifs de la révolution.
Ce texte est important certaine dans la mesure où il constitue une plateforme idéale pour une refondation des relations jusque là conflictuelles entre le pouvoir exécutif et l’UGTT et partant avec les autres organisations nationales qui étaient satellisées par le pouvoir depuis l’indépendance, augurant de relations sociales enfin apaisées et consensuelles. Parallèlement, il représente un signal très fort en direction des tenants de la violence et du fanatisme sous toutes ses formes. Dans la Tunisie d'après le 14 janvier, nul n'a le monopole de la vérité, ni de l'esprit révolutionnaire, de même qu'il n'y a nulle place pour les anathèmes, l'exclusion et la violence, fût-elle sous couvert de protection de la révolution.
Cela dit, il faut se garder de tout excès d'optimisme. On jugera sur pièces.