Les grandes ambitions de l'ambassadrice de l'Inde pour la coopération avec la Tunisie
Finalement, l’unité tuniso-indienne d’acide phosphorique, créée à la Skhira par la société mixte Tifert avec un investissement de plus de 225 MD, entrera en production en janvier. Lorsque le premier bateau chargé d’acide phosphorique partira alors en Inde, il donnera un grand signal de relance effective de la coopération bilatérale. La toute nouvelle ambassadrice de l’Inde, Nagma Mohamed Mallick, y compte beaucoup. « Ce sera fantastique, affirme-t-elle à Leaders. Cette concrétisation aura une forte symbolique et ouvre de larges perspectives pour dynamiser le courant d’affaires entre les deux pays, tant il y a de grandes opportunités à saisir des deux côtés ».
A peine a-t-elle remis, le 6 novembre dernier, ses lettres de créance au président de la République, la voilà piloter dès le jour-même avec brio la visite du secrétaire d’Etat indien aux Affaires étrangères, M. Ahamed Edappakath, la première du genre d’un haut responsable depuis la révolution. «Une grande réussite», souligne une source diplomatique tunisienne, à l’issue des entretiens avec Marzouki, Jebali et Ben Jaâfar, ainsi que des séances de travail au ministère des Affaires étrangères. Et, ça redémarre !
Avec 1.2 milliard d’habitants, l’Inde est par sa population, ses 650 millions de votants et une démocratie profondément ancrée depuis de longues décennies, la plus grande démocratie au monde. Aussi, ce pays véritable sous-continent qui regroupe différentes religions, ethnies, langues et cultures, offre un modèle instructif de fusion totale dans une solide union nationale. «C’est là un acquis précieux érigé en méta-valeur nationale, indique l’ambassadrice, drapée dans son sari. La tolérance religieuse, le respect de l’autre et l’égalité hommes-femmes sont cultivés en vertu fondamentale. Les musulmans, par exemple, qui sont au nombre de 180 millions, n’éprouvent aucune difficulté, à l’instar de toutes les autres communautés religieuses, chacun pratiquant librement ses croyances, dans un merveilleux vivre-ensemble. C’est le socle de notre union nationale et de notre démocratie».
«Maintenant que la Tunisie a accompli sa révolution et œuvre pour sa transition vers la démocratie, déclare-t-elle, les relations avec l’Inde sont destinées à une grande relance. Le climat des affaires, jadis plombé, est assaini, ce qui incite les investisseurs et opérateurs économiques indiens à s’intéresser sérieusement à constituer des partenariats utiles ».
Divers domaines s’y prêtent particulièrement. « D’abord, l’industrie pharmaceutique, précise Nagma Mohamed Mallick. L’Inde est souvent qualifiée de grande pharmacie des pays en développement, tant ses médicaments sont prisés pour leur qualité et leurs prix, notamment pour les génériques. Aux Etats-Unis, 80% des médicaments génériques proviennent des laboratoires indiens. Nous avons convenu avec le gouvernement tunisien d’encourager le secteur privé à établir des joint-ventures dans ce secteur avec la volonté de faire de la Tunisie un site pouvant fournir l’Afrique du Nord et pourquoi pas le reste du continent africain. Il y a aussi les technologies de l’information, les sciences et technologies, d’une manière plus générale. Nous devons trouver un bon modèle de coopération et encourager les hommes d’affaires des deux pays à en tirer bénéfice ».
La culture et la jeunesse aussi
L’ambassadrice de l’Inde ne se limite pas au business. «Il y a aussi l’artisanat, en faisant découvrir aux artisans et artisanes tunisiens les arts et techniques indiens, ajoute-t-elle. L’éducation et la culture méritent ,de leur côté, une attention spéciale. L’Inde offre actuellement des bourses à 52 étudiants tunisiens. Ils poursuivent leurs études supérieures en sciences et technologie, ingéniorat, langue anglaise et, nouveauté, en audit et expertise comptable. Ces effectifs sont appelés à croître, grâce à de nouvelles bourses qui viendront renforcer cette longue tradition. Nous comptons en effet actuellement près d’un demi-millier de Tunisiens anciens qui ont étudié en Inde et je m’apprête à les réunir bientôt, dans une grande fête de l’amitié tuniso-indienne pour faire vivre ensemble de bons souvenir et les mettre à contribution dans cette nouvelle dynamique. Quant à la culture, je suis agréablement impressionnée par l’engouement des Tunisiens pour les arts, la musique, la danse et les autres richesses du patrimoine indien et suis admirative également des trésors culturels de la Tunisie. Mon ambition est d’intensifier la participation d’artistes et ensembles indiens aux festivals tunisiens et, réciproquement, l’invitation de leurs homologues en Inde ».
Une autre pierre angulaire tient à cœur à l’ambassadrice: les échanges de jeunes «C’est ce qui renforcera solidement notre amitié et lui donnera d’autres dimensions aussi bénéfiques que durables», conclut-elle. Tout un programme auquel elle s’est attelée de suite avec ardeur, son mandat étant limité à 3 ans.