La stratégie suicidaire d'Ennahdha
Samedi 22 décembre : 2000 militants de Nida Tounès sont assiégés dans leur hôtel à Djerba, après que tous les espaces publics de l'ile aient refusé de les accueillir, par quelque 200 membres des fameuses Ligues de Protection de la Révolution sous le regard complaisant des forces de sécurité. Le lendemain à Hammamet, le conseil de la choura discute du prochain remaniement, sans être importuné le moins du monde par une manifestation fût-elle pacifique. Quelle aurait été donc leur réaction si des opposants s'étaient massés devant l'hôtel où ils se trouvaient pour protester contre leur présence dans cette ville ? Ils auraient certainement crié au scandale et accusé les fouloul, les Azlam et sans doute Nida Tounès et son président, BCE, d'être derrière cette manifestation.
Laajmi Lourimi et Ameur Laryedh auraient-ils fait preuve de la même compréhension que celle dont ils avaient fait montre avec les manifestants de Djerba? Est-ce trop demander aux dirigeants d'Ennahdha que de les appeler à plus d'empathie envers leurs adversaires politiques et à moins de mauvaise foi dans leurs réactions, quand ils jurent la main sur le coeur que leur parti n'y est pour rien tout en défendant «le droit des manifestants de Djerba de manifester contre la présence de Nida Tounès sur leur ile» ? Se sont-il interrogés sur le bien-fondé de cette stratégie de l'encerclement qu'ils déploient contre Nida Tounès. Ils veulent la pousser à la faute. En fait, Ennahdha est devenu le meilleur ennemi de Nida Tounès. A chaque provocation, c'est BCE et son parti qui montent dans les sondages.
Le parti islamiste n'est pas conscient qu'en agissant de la sorte, il est en train de semer les graines de la discorde en dressant les Tunisiens les uns contre les autres. Après l'attaque de l'ambassade US, les évènements de Séliana, les incidents devant le siège de l'UGTT, Ennahdha poursuit sa politique du bord du gouffre. Malheureusement, tant va la cruche à l'eau qu'à la fin elle se casse. Auquel cas, ce ne sera pas seulement Ennahdha, mais bel et bien le pays tout entier qui en pâtira.