Qui pourra arrêter Houcine Labidi?
Le très controversé cheikh de la mosquée de la Zitouna Houcine Labidi fait, encore une fois, parler de lui. Accompagné d’une cinquantaine d’hommes de main, le théologien a jeté mercredi son dévolu sur la Khaldounia, au cœur de la médina de Tunis, la Khaldounia, ancienne Madrassa cédée depuis des années par la municipalité de Tunis à l'Association tunisienne d’Etudes internationales, dont il a délogé les occupants sous la contrainte et l’intimidation. Prestexte invoqué : La Khaldounia avait appartenu un jour, quoique très lointain, au patrimoine de la Zitouna.
Le fougueux octogénaire est allé jusqu’à violenter le président de l’association des anciens d’Ibn Charaf, Fethi Guesmi, ordonnant ensuite à ses nervis de le « jeter dehors », ce qu’ils ont fait sous le regard médusé des commerçants et clients du Souk El-Attarine. Sur ce, l’imam autoproclamé de la Zitouna a quitté les lieux comme si rien n’était, non sans avoir fait remplacer les serrures du local qu’il venait de s’approprier de fait. Début août dernier, le théologien-Rambo avait recouru au même mode opératoire pour s’approprier le monument religieux le plus prestigieux au Maghreb, en l’occurrence la vénérable Mosquée de la Zitouna dont il avait fait changer les serrures et gardé les clés.
Arrêté dans cette affaire et placé en garde à vue à la suite d’une plainte du ministère de tutelle, mais, deux semaines après, un tribunal l’a relaxé pour… vice de forme.
A la mi-juin, le même ministère des Affaires religieuses avait tenté en vain d’appliquer une décision administrative interdisant au président du Comité scientifique de la mosquée de la Zitouna de pratiquer l’imamat ni à la Zitouna ni dans aucune autre mosquée. Pourtant, le motif de la sanction était gravissime : dans son prêche du vendredi juste après la violente attaque salafiste contre une exposition d’art à l’espace d’Al-Abdellia à la Marsa, il avait appelé ni plus ni moins à liquider physiquement les artistes, à ses yeux apostats.
Cheikh Houcine Labidi n’en est donc pas à sa première frasque et l’Etat n’a rien pu faire contre lui. La question qui se pose maintenant est de savoir qui pourra l’arrêter.