Questions autour du remaniement: Nida Tounes, Mohamed Ben Salem ...
De grandes questions se posent dans les coulisses de la préparation du remaniement ministériel : pourquoi Nida Tounes n’a pas été sollicité lors des consultations menées par Hamadi Jebali, comment expliquer l’idée de confier à Mohamed Ben Salem une mission de coordination de l’équipe gouvernementale avec un rang de N°2 du gouvernement, de quelle réelle marge de manœuvre dispose Jebali et quelle est en fait sa vision de l’avenir, ne serait-ce qu’à court terme. L’un de ses proches a bien voulu répondre à ces questions.
D’abord, pourquoi avoir écarté Nida Tounes de ce processus ?
Notre source indique qu’en l’état actuel, « le parti de Caïd Essebsi n’est pas concerné par la participation au gouvernement, alors qu’il s’agit là d’une perspective possible de l’élargissement de la coalition ».
Deuxième question, quel a été le poids réel du parti Ennahdha sur la marge de manœuvre de Jebali et quelles pressions a dû exercer sur lui Majliss Echoura ?
Cette même source affirme que « Jebali a toujours obtenu la confiance des instances de son parti, notamment lors de son congrès en juillet dernier, puis au sein du Majliss, même si les débats n’ont pas toujours été simples et faciles. Ennahdha est l’un des rares partis qui respectent un processus décisionnel institutionnel et non personnel, laissant une grande liberté à ses instances. A l’intérieur du parti, il y a certes des courants divers, ceux minoritaires peuvent s’exprimer plus fort que les autres, mais tous finissent par se rallier à la décision finale adoptée. On peut s’en rendre compte lorsqu’on sait que depuis le congrès, le Majliss formé de 150 personnes a tenu pas moins de 8 réunions. Au cours de la dernière, il a donné carte blanche à Jebali. Quant à ses représentants au futur gouvernement, il lui a été remis une liste de ministrables en lui laissant de choisir parmi eux, s’il le souhaite, ceux qu’il entend appeler à ses côtés ».
Alors, comment interpréter l’idée de nommer Mohamed Ben Salem, l’actuel ministre de l’Agriculture, en tant que coordinateur de l’équipe gouvernementale et quasiment N° 2 à la Kasbah ?
« C’est l'une des options et elle est proposée à la demande de Jebali lui-même, affirme notre source, contre toute attente. La période à venir sera très prenante, surtout avec les dossiers politique de haute importance pour conduire le processus jusqu’aux élections, sans pour autant soustraire le gouvernement à sa mission. C’est pourquoi, Jebali qui entend y consacrer l'essentiel de son temps, a estimé nécessaire de s’adjoindre une personnalité politique de premier plan, connue pour sa rigueur, et à qui il peut demander de coordonner au quotidien l’action du gouvernement, faciliter la tâche des ministres, débloquer les problèmes de mise en œuvre et faire avancer les projets ».
Quelle est la véritable vision de Jebali ?
«Hamadi Jebali, affirme notre source, est conscient de l’existence dans toutes les familles politiques d’éléments modérés et centristes. D’ailleurs, le centre ne se définit-il pas par rapport aux extrêmes. Ces centristes, de tous bords, peuvent constituer un groupe historique qui saura gérer les différences de points de vue, pour bâtir ensemble, une plateforme commune devant permettre la réussite de la transition démocratique. C’est sur ces centristes qu’il fonde tout ses espoirs estimant qu’il s’agit là du véritable capital de la Tunisie, plurielle, capable de transcender ses divergences, pour se retrouver autour de l’essentiel qui est l’intérêt national ».
Dernière question : a-t-il les coudées franches au sein-même de son propre parti ?
«Catégorique, notre source affirme : Il compte déjà sur les centristes, mais aussi sur de larges franges qui finiront pas s’y rallier ».
Bref, les tout prochains jours le confirmeront, ne serait-ce qu’à travers la composition du nouveau gouvernement.
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