Projet de loi sur "l'immunisation de la révolution" : Ennahdha revient à la charge
L’information a été annoncée par le journal « El Maghreb ». Elle vient d’être confirmée par Walid Bennani, un des dirigeants d’Ennahdha. Une pétition circule depuis ce mercredi dans les travées de l’ANC, appelant à l’accélération de la procédure d’examen du projet de loi dite « d’immunisation de la révolution » parrainée par le CPR, Wafa, Ennahdha et des indépendants. Se référant aux « estimations » des groupes parlementaires qui ont parrainé le projet de loi, Bennani estime que « la pétition recueillera plus que les 109 signatures requises ». Le projet de loi devra passer devant la commission de législation générale qui se prononcera sur sa recevabilité avant de le transmettre au bureau de l’assemblée à charge pour celui-ci de fixer une date pour la tenue de la séance plénière en vue de son adoption, l'issue du vote ne faisant aucun doute, compte tenu de la majorité automatique dont disposent Ennahdha et ses alliés à l’ANC.
Ce projet de loi vise à exclure de la vie politique pendant dix ans, les personnes ayant occupé des responsabilités au sein de l’ex RCD et de l’administration de 1989 jusqu’à la chute du régime, soit une dizaine de milliers de personnes. Le texte avait été déposé au lendemain du premier « appel de la Tunisie » de Béji Caïd Essebsi, le 26 janvier 2012. Son activation survient au lendemain de la signature de l’accord conclu entre Nida Tounès, El Massar et El Joumhoury relatif à la création d’un front politique et électoral entre les trois partis, ce qui dissipe tous les doutes quant aux motivations réelles des auteurs de ce projet de loi : exclure Nida Tounès qui s’est affirmé moins d’un an après sa création comme le principal adversaire d’Ennahdha et surtout son fondateur BCE. Ce dernier avait, à plusieurs reprises, émis des doutes sur la volonté réelle du parti islamiste et ses alliés de présenter ce texte, car cela reviendrait à ouvrir la boîte de Pandore pour le pays. « Les dirigeants de ce parti sont suffisamment intelligents pour ne pas se risquer dans une telle aventure», a dit le fondateur de Nida.
Mustapha