Ferme mise en garde d'Ali Larayedh aux syndicats de police frondeurs
La démarche était inédite pour un ministre, fût-il celui de l’intérieur : une adresse au peuple via une vidéo sur facebook et youtube. Ali Larayedh avait sans doute ses raisons pour y recourir. En l’occurrence, c’étaient les mouvements de protestation des syndicats des forces de sécurité. Le ton était ferme envers ces syndicats qu’il n’a pas identifiés les mettant en garde contre « toute forme d’aventurisme ou de politisation des revendications », les appelant à la retenue et à la raison. Oui pour les revendications raisonnables, pour la protection des agents, pour l'amélioration des conditions de travail, pour un corps de sécurite neutre et républicain, non à ceux qui «sèment la gabégie et servent des agendas suspects».
Dans une vidéo fleuve (47 minutes), Ali Larayedh réagissait manifestement au meeting tenu dimanche au Palais des congrès à Tunis par les syndicats de différents corps et au sit in de protestation tenu jeudi matin place du gouvernement à la Kasbah sur fond de revendications professionnelles.
«Pourtant de création récente, a-t-il déclaré, ces syndicats essaiment à un point tel que nous n’en connaissons plus le nombre. Nous nous sommes efforcés de dialoguer avec les uns et les autres pour trouver des solutions aux problèmes qui se posent dans le secteur et leur avons proposé de les aider à se rassembler dans une formation unique pour avoir un interlocuteur unique et crédible. Peine perdue, hélas car une partie d’entre eux ont choisi de se mouvoir dans une logique partisane et d’obéir manifestation à une instrumentalisation politique. Si, cependant nous n’avons trouvé aucun terrain d’entente avec les uns pour cause de prédominance de calculs politiques sans rapport aucun avec le statut d’agent de l’ordre, d’autres se sont montrés plus responsables et plus enclins au dialogue».
Ali Larayedh s’est par ailleurs insurgé contre le fait que lors de dures épreuves, y compris lors de l’affaire de Bir Ali Ali Ben Khélifa qui avait mis aux prises des policiers contre des terroristes armés, certains syndicalistes appelaient de manière éhontée à la grève. «L’agent de l’ordre, a-t-il martelé, est fait pour être au service du peuple et non contre le peuple. Il doit rester neutre et se garder de s’embarquer dans des entreprises du genre de celles consistant à dévoyer le travail sécuritaire au service d’agendas partisans et politiques, ce qui constitue « un comportement irresponsable que nous ne tolèrerons jamais. Par contre, nous sommes ouverts au dialogue pour aider ceux qui reviennent à la raison».
Le ministre a par ailleurs énuméré en détail les nombreuses mesures prises par le ministère pour améliorer la condition des agents de l’ordre, y compris par l’élaboration de projets de loi, en instance d’examen, pour la protection des agents et des locaux sécuritaires.