La députée d'Ennahdha Fattoum Attia: Ghannouchi n'est pas rassurant
La députée d’Ennahdha Fattoum Attia a annoncé sa démission du bloc du parti islamiste à l’Assemblée nationale constituante. Dans une interview à l’hebdomadaire « Akher Khabar », elle porte également un jugement sévère sur divers hauts dirigeants de son parti, connu pour « la discipline de fer » qui y règne. Elle ne ménage même pas Cheikh Rached Ghannouchi qu’elle gratifie de plusieurs aménités…
« Ses idées ne sont pas rassurantes, surtout en ce qui concerne les salafistes », juge-t-elle l’incontesté chef de file et inspirateur d’Ennahdha. A propos de Rached Ghannouchi, elle témoigne en substance : « Je me rappelle qu’au tout début de la vague de violences salafistes, certaines députées avaient demandé à Ghannouchi et Jebali d’y mettre fin par des mesures appropriées. Ghannouchi a rétorqué qu’il fallait être compréhensif et ne pas combattre la violence par la violence. Ce qui a retenu le plus mon attention c’est son propos selon lequel Ennahdha, à ses débuts, recourait aux mêmes méthodes. C’était à se demander s’il était aussi salafiste qu’eux ou s’il entendait utiliser les salafistes à des fins électoralistes ».
Coups de griffes...
Le Chef du gouvernement Hamadi Jebali est l’un des rares hauts dirigeants d’Ennahdha à être épargné par ses coups de griffes. Elle le qualifie de « patriote sincère ».
Et Meherzia Labidi ? « Elle ne représente pas la femme tunisienne », dit-elle de la Vice-présidente de l’ANC.
Dans cette même interview de deux pages entières, Fattoum Attia présente ses excuses à ses électeurs, « parce qu’ils ont fait de moi une menteuse » et demande surtout à son propre parti « de partir » pour son « laxisme dans le traitement des dossiers de malversation et dans la lutte contre la corruption ».
Contrairement à quelques voix nahdhaouies qui ont mis en doute la véracité des propos de la députée démissionnaire, l’intéressée ne s’est pas rétractée, ni dans d’autres médias, ni sur sa page Facebook. Tout indique donc que ses déclarations sont authentiques.
En tout état de cause, cette démission, si elle se confirme, serait une première pour le bloc d’Ennahdha dont les 89 députés montraient jusque là un front uni et surtout discipliné. Ce serait aussi une nouvelle confirmation du malaise qui enfle visiblement dans et entre les trois partis de la coalition au pouvoir.