Quand le remaniement tourne au travail de Sisyphe
Nouveau rebondissement dans le feuilleton du remaniement. L’idée d’un gouvernement de technocrates prônée par Hamadi Jebali serait à son tour abandonnée. Après le CPR, c’est au tour d’Ennahdha de rejeter d’une manière catégorique ce lundi par la voix du président de la Choura, Fethi Ayadi, l’initiative de Hamadi Jebali. Les deux alliés penchent à présent pour un « gouvernement consensuel composé de compétences politiques ». Autrement dit pour une formule proche de l'actuelle à deux détails près : la nouvelle équipe sera plus resserré et ne se limitera pas à la troika. Riadh Chaibi, membre du bureau politique d’Ennahdha a fait état lundi de discussions dans ce sens tant au sein de la majorité qu’à l’extérieur, l’idée étant de substituer à la majorité actuelle un front groupant,outre les trois partenaires originels, El Wafa, une partie d’El Aridha, le parti de Bahri Jlassi qui compte actuellement 8 élus !, bien qu’il n’ait remporté aucun siège aux élections et des indépendants, bref de quoi disposer d’une majorité confortable même en cas de défection, au demeurant peu probable, d’Ettaquattol. Le dirigeant nahdhaoui a révélé que la décision du CPR de geler pendant une semaine la démission de ses ministres du gouvernement a été prise pour permettre d'apporter la dernière main à la formation du nouveau gouvernement.
Pour sa part, le président du Conseil de la choura a qualifié l’initiative de Hamadi Jebali de « courageuse », l’assurant de « la pleine confiance d’Ennahdha », et allant jusqu’à lui promettre d’être proposé pour présider le prochain gouvernement. Une éventualité à écarter toutefois, Jebali s’étant engagé à quitter ses fonctions « pour se reposer », si son initiative échoue. Le nom de son successeur est déjà sur toutes les bouches. Ce serait, Abdellatif Mekki, l'actuel ministre de la santé. Mais le problème est aujourd'hui de savoir si, malgré l'opposition de son parti, Jebali va poursuivre l'entreprise dans laquelle il s'est engagé au risque d'écorner l'image d'un parti qui, jusque-là, ne ratait jamais l'occasion de mettre en avant la fidélité et la discipline de ses militants.