Ennahdha accepte un gouvernement composé de politiques et de technocrates
Dix jours après l’annonce de l’initiative de Jébali, les Tunisiens ne voient rien venir. Le communiqué du Conseil des Sages laisse entendre que la liste du nouveau gouvernement ne sera pas connue avant le semaine prochaine.
Alors que Hamadi Jebali poursuit ses consultations, du côté d’Ennahdha, les dirigeants multiplient les déclarations laissant apparaître un léger fléchissement de leurs positions. D’ailleurs, une réunion devait se tenir mercredi soir entre Ennahdha, le CPR et Wafa, auxquels pourraient se joindre, dit-on, Ettakattol, El Massar et El Joumhoury pour discuter d’un gouvernement composé de politiques et de technocrates. C’est la première fois que le parti islamiste envisage une telle formule.
Officiellement, Hamadi Jebali s’en tient à son initiative et semble décidé à rendre son tablier au cas où il échouerait. Pourtant des observateurs avisés commencent à se poser des questions sur cette polémique à fleurets mouchetés entre le chef du mouvement Ennahdha et son second. Il faut savoir que la discipline est une culture bien ancrée dans ce parti et on voit mal comment un leader aussi charismatique que Rached Ghannouchi accepte que les différends au sein de son mouvement soit étalés aussi complaisamment dans les journaux. De là à penser que ce différend est « arrangé » il n’y a qu’un pas qu’un dirigeant de Nida Tounès, Mohsen Marzouk n’hésite pas à franchir, d’autant plus qu’il dure depuis une dizaine de jours sans provoquer le moindre émoi chez les dirigeants comme chez les militants d’Ennahdha, pourtant peu habitués à un tel spectacle.
Ce qui est sûr, en tout cas, c'est que les dirigeants nahdhaouis n'entendent pas «se laisser confisquer leur victoire» aux élections de 2011 et s'apprêtent à organiser une grande manifestation samedi à Tunis pour soutenir leur «légitimité». Ils entendent garder la haute main sur le gouvernement, d'autant plus que le travail de noyautauge des rouages de l'Etat n'est pas terminé.