Samir Dilou : l'idée d'un gouvernement de technocrates est attractive mais pas viable…
« A première vue, l’idée d’un gouvernement de technocrates, telle que formulée par Hamadi Jebali paraît très attractive, mais en fait, elle risque de ne pas s’avérer viable, tant le soutien politique est indispensable ! » C’est ce qu’affirme Samir Dilou, ministre des Droits de l’Homme et de la Justice transitionnelle, considéré parmi les proches de Jebali et classé dans le clan des modernistes et démocrates d’Ennahdha. « La situation particulière dans le pays poursuit-il dans une interview à Leaders, exige certes des compétences techniques affirmées pour prendre en charge des départements spécialisés, mais aussi, la participation au sein du gouvernement de personnalités politiques issus des diverses familles et capables de garantir au gouvernement une base de soutien la plus large et la plus solide possible ».
Dilou estime que Jebali, « homme de devoir beaucoup plus qu’homme de pouvoir, attaché à l’intérêt supérieur de la nation et animé d’un sens élevé de l’Etat et de ses institutions, se rendra à cette évidence et trouvera la manière la plus appropriée pour allier technocrates et politiques dans son prochain gouvernement ». Pour lui, la démarche consisterait, selon toute vraisemblance à ce que Jebali remette au président de la République sa démission en tant que chef du gouvernement. Ennahdha le proposera à nouveau et le président le chargera ainsi de former son gouvernement. Les différentes concertations menées en parallèle avec les autres parties concernées auront abouti à une configuration qui obtiendra l’investiture de l’Assemblée nationale constituante.
Ce processus que Dilou estime le plus probable repose cependant sur l’acceptation de Jebali de remettre sa démission et de rempiler pour la constitution d’un cabinet mixte. « Je ne pense pas que Hamadi Jebali, édifié par les conclusions de ses concertations et l’analyse de la situation, s’y opposera. Mais, si en définitive, pour pousser l’hypothèse théorique à l’extrême, il se décide, ce que je ne le crois pas, à renoncer à former un gouvernement mixte, Ennahdha opterait pour une deuxième alternative et proposerait un autre dirigeant ! »
La logique du parti, pour un mouvement aussi structuré qu’Ennahdha, l’emporterait alors sur celle des personnes, ce que laisse entendre clairement Samir Dilou qui connaît bien le fonctionnement des instances de son parti et ses mécanismes de décision. « En politique, il n’y a pas d’état d’âme, mais des valeurs », répète-t-on au siège d’Ennahdha.