Ibrahim Letaief : Hizz Ya Wizz l'humour en film
Trois ans après son premier long métrage Cinecitta (2009), Ibrahim Letaief revient sur les écrans avec une comédie concoctée depuis des années et remise aux codes du temps après la révolution : « Hizz Ya Wizz », ou « Affreux cupides et Stupides ». Dans un humour caustique, il traite de la trilogie exubérance, criminalité et extrémisme religieux. Le tout avec de grands comédiens, un décor soigné et un bon filmage. Letaief ne s’en cache pas, il est amoureux du cinéma italien et des ambiances latino-américaines.
L’idée du film avait germé dans sa tête en 2006 sous le titre de « Flouss Académie ». Point de départ, le ras-le-bol contre la téléréalité, l’escroquerie, l’extrémisme rampant et l’abus de pouvoir de la famille du président déchu, incarné par le pouvoir des flics. Trois vrais phénomènes à l’époque. La révolution est venue y ajouter celui des barbus faux salafistes. L’actualité est là. Le cadre est neutre : l’histoire n’est pas nécessairement tunisienne et peut se passer dans n’importe quel autre pays de la région. Le synopsis concocté par Ibrahim Letaief part de Sultan, «un minable petit escroc a enfin trouvé le moyen d’amasser un bon petit paquet d’argent. Sa combine, c’est la Star Académie, ou plutôt, sa Star Académie à lui…Il organise un grand casting dans le but de dépouiller toutes les jeunes vedettes en herbe et, bien entendu, beaucoup de monde se bouscule pour participer à ce casting très particulier. Mais, Sultan n’a pas de chance. Un mystérieux groupe armé s’empare du magot récolté au cours de cette soirée. Les hommes du groupe armé n’ont pas de chance non plus ; ils perdent le magot en route ! Chef Hedy, un policier, de retour dans sa ville natale, va se mettre en tête de retrouver l’argent pour le rendre aux jeunes et qu’importe les moyens pour y parvenir!»
Coproduit avec Ulysson, «Hizz Ya Wizz» réunit les ingrédients d’un succès annoncé. Le casting est réussi. Letaief aime beaucoup le théâtre et a fait alors appel à de grands acteurs. On y trouve en effet Ahmed Hafiène, Fatma Ben Saïdane, Foued Litaiem, Afef Ben Mahmoud, Sawssen Maalej, Kawther Belhaj, Chedly Arfaoui, Ramzi Slim,Taoufik El Ayeb, Fayçal Lahdhiri, Habib Ghzal et bien d’autres comédiens de talent. L’équipe technique est elle aussi bien composée.
Assurant lui-même la réalisation du film, Ibrahim a choisi notamment Salem Daldoul comme premier assistant- réalisateur, Mohamed Maghraoui, en tant que directeur photo, Moncef Taleb, pour le son, Ghazi Temimi, en chef décorateur et Besma Dhaouadi, en chef costumière. La direction de production a été confiée à Rafiaa Gouja.
Ibrahim Letaief a-t-il cherché à mettre à l’index les salafistes ? «Pas du tout, s’en défend-il. Plutôt les faux salafistes, ceux qui se sont laissé pousser la barbe et pris le moulage, juste pour s’en servir dans leurs basses besognes. De vrais opportunistes. Maintenant, et c’est un peu le but recherché, c’est que chacun puisse lire le film à sa manière et l’interpréter selon son propre regard.» Le plus important pour lui est d’offrir un bon spectacle, une bonne comédie, un bon film. A confirmer en visionnant le film. Sortie : fin du mois.