News - 18.02.2013
Un gouvernement de technocrates, c'est fini; Jebali passe au plan B
Que va faire Hamadi Jebali, maintenant que son initiative de former un gouvernement de technocrates a échoué, ne parvenant pas à recueillir le consensus nécessaire ? Sans annoncer sa démission, il a déclaré, lundi soir à l’issue de plus de trois heures de concertations en deuxième round avec des partis politiques qu’il ira voir mardi le président de la République « pour parler des étapes à venir ». Toutes les options restent alors ouvertes, notamment celle de former un gouvernement mixte, selon des conditions très précises.
Ne cherchant pas à camoufler cet échec, Jebali a déclaré à la presse : « je dis en toute clarté que l'initiative telle que je l'ai présentée, c'est-à-dire un gouvernement composé de membres ne se réclamant pas de partis politiques qui ne soit pas l’objet de tiraillements et qui se consacre à la réalisation d’un programme clair, n'a pas recueilli un consensus. Je n’en attribue la responsabilité à aucune partie. Mais, j’ai constaté une évolution qualitative durant les discussions politiques en vue de la recherche d'un consensus autour d'une autre solution. La porte n’est pas fermée ».
Gardant son optimisme, Jebali a ajouté : « de nature, je ne suis pas pessimiste et suis persuadé que l’intelligence tunisienne nous permettra d’aboutir dans les prochains jours à une solution pour servir notre peuple. Cette initiative a eu au moins le mérite d’avoir réuni autour d’une même table et sur un même pied d’égalité, un grand nombre de partis et d’éviter au pays de basculer dans l’inconnu. Nous n’avons pas d’autre alternative que de chercher un consensus ».
Une occasion historique ratée. Non selon Ghannouchi
Selon des participants à la réunion, la persistance d’Ennahdha, d’une partie du CPR et des autres formations qui leur sont proches à rejeter catégoriquement la formule d’un gouvernement apolitique et leur attachement à garder certains ministères régaliens ont bloqué les concertations. «Nous venons de rater une chance historique, a déclaré à Leaders Mohamed Hamedi (Alliance démocratique). Une nouvelle crise s’installe avec cette volonté de nous faire revenir au système de quotas selon les résultats du dernier scrutin, sans tenir compte des nouvelles réalités dans le pays ».
Un point de vue que n’a pas partagé le chef d’Ennahdha, Rached Ghanonouchi. « Les représentants d’une quinzaine de partis présents, a-t-il déclaré sont favorables à la formation « d’un gouvernement restreint chargé de travailler pour des élections dans les plus brefs délais où les ministres seront les porte-paroles du gouvernement et non de leurs partis et s’engagent à ne pas se présenter aux prochaines élections ». Il a beaucoup insisté sur les compétences politiques qui doivent faire partie de ce cabinet. Et Ghannouchi d’ajouter : "nous, dans Ennahda, tenons à ce que Jebali continue de présider le gouvernement et c'était aussi le cas de tous ceux qui participaient à la réunion".
Abondant dans le même sens, Aziz Krichen, représentant du CPR, a confirmé qu’un accord a été trouvé pour la formation d'un gouvernement mixte » regroupant personnalités politiques et technocrates, sans en dire plus.
Hamadi Jebali l’avait clairement mentionné au début de sa déclaration à la presse : « j’ai nettement séparé mon initiative originelle des autres formules », faisant sans doute allusion à la proposition d’un gouvernement mixte. Edifié quant à l’échec de son initiative, rien n’interdit maintenant, surtout au vu de la nouvelle dynamique qu’il a suscitée et de l’appui personnel que lui ont apporté un grand nombre de partis politiques souhaitant vivement qu’il continue à conduire le gouvernement, qu’il envisage un plan B, autre que celui de la démission. C’est peut-être le sens de sa phrase énigmatique « voir mardi le président de la République « pour parler des étapes à venir ».