Après la démission de Jébali.Ce que prévoit le plan B
Hamadi Jébali a présenté mardi soir sa démission au président de la république, une démission qui équivaut à celle du gouvernement. Celui-ci est chargé par le chef de l'Etat de gérer les affaires courantes jusqu'à sa désignation du nouveau chef de gouvernement qui sera probablement Hamadi Jebali.
"Tout sauf un échec" a affirme à Leaders, Aziz Krichen,à sa sortie lundi soir de la réunion de concertation des partis politiques, à l'invitation de Hamadi Jebali, où il avait représenté le CPR. "Les participants se sont rendus à l'évidence de la non viabilité de l'idée d'un gouvernement de technocrates, ajoute-t-il. Dans une phase de transition, comme nous l'avons vu dans le monde entier, les forces politiques doivent toutes se rassembler dans un gouvernement de large entente nationale."
"L'idée de recourir aux seuls technocrates s'explique sans doute par le sentiment général éprouvé par l'opinion publique quant à l'échec du premier gouvernement Jebali dominé essentiellement par des représentants de partis politiques. Or la solution n'est pas de substituer des techniciens à des politiques, mais de trouver le juste équilibre, en privilégiant d'un côté le soutien des partis et de l'autre l'efficacité et la compétence, tout en garantissant la neutralité des ministères régaliens. L'essentiel, est d'y aller très vite".
Ces propos éclairent les grandes lignes du plan B. Diverses déclarations recueillies par Leaders auprès des présents au deuxième round de consultations du lundi soir, indiquent qu'une forte majorité s'est ralliée à cette option. D'ailleurs à la fin de la réunion, plusieurs chefs de parti s'en sont allés donner de chaleureuses accolades à Hamadi Jebali,l'encourageant à accepter de former un gouvernement de concorde.
Selon le scénario le plus probable, Jebali décidera des portefeuilles à confier aux technocrates et ceux réservés aux partis qui soutiennent la deuxième option, dans une répartition égalitaire. Chaque parti sera alors invité, sans rentrer dans un nouveau cycle de negociations, à désigner le plus rapidement possible, un ou deux candidats (le nombre n'est pas encore précisé). À partir des propositions recueillies, Jebali pourra alors annoncer la composition de son nouveau gouvernement. La date la plus probable serait jeudi soir ou vendredi matin, selon certaines sources.
"On ne se fait pas d'illusions quant à la portée réelle du futur gouvernement en matière de réformes à engager et de grandes décisions à prendre, affirme à Leaders, un dirigeant de parti non concerné par le remaniement. Le plus important est de faire cesser ce long feuilleton et d'envoyer au pays, et au monde, un message d'assurance. Quant au gouvernement Jebali 2, il lui appartiendra surtout de restaurer la sécurité, de relancer l'economie, d'expédier sans fracas les affaires courantes, et d'oeuvrer au consensus sur la Constitution, la loi électorale et la tenue des élections dans les meilleures conditions possibles.
Toute la journée du mardi, le palais de Carthage a vu défiler au cabinet du Président de la République, des chefs de partis pour de longues concertations. Premier arrivé, le matin, Rached Ghannouchi, suivi l'après-midi de Mustapha Ben Jaafar. Celui-ci à fait faux bond aux journalistes, les laissant en rade sans leur accorder la moindre déclaration. L'entretien Marzouki-Jebali, prévu en fin de journée était le plus attendue par la presse chacun y allant de ses spéculations. Diverses sources laissent entendre c qu'Ennahdha a finalement accepté, sauf surprise de derniere minute, la neutralité de tous les ministères de souveraineté y compris celui de l'Interieur.
Quand on interroge un communicant de Carthage sur le rôle joué par la présidence dans le dénouement de la crise, il répond d'une phrase énigmatique: "un rôle de facilitateur et d'accélérateur." Nous en saurons certainement plus au résultat.