Jebali doit rompre avec Ennahdha
Dans des articles précédents , j’avais soutenu l’aile modérée d’Ennahdha.J’avais demandé à l’opposition de soutenir cette aile modérée. Aujourd’hui, qu’éclate, en plein jour, les divergences profondes entre l’aile dure et l’aile modérée d’Ennahdha, il faut que la société civile, avec l’UGTT en tête, et l’opposition, aident cette évolution, ô combien bénéfique tant pour le pays que pour Ennahdha.
Ce qui a entravé l’action d’Ennahdha et de son Gouvernement c’est, sans nulle doute ces tiraillements entre les deux ailes de ce parti, tiraillements qu’on perçoit dans le texte même du projet de Constitution et d’autres textes.
L’histoire montre que ce parti sait tirer parti des évolutions sur le plan des rapports de forces.Ce qu’il n’a pas pu être réalisé, lors de son dernier Congrès,devra être précipité pour que la scission se fasse maintenant sans se préoccuper, cette fois, des prochaines élections.
La décision prise par Monsieur Jebali de former un Gouvernement de « technocrates» après des tentatives infructueuses dues certainement à l’action conjuguée des « faucons » d’Ennahdha et du CPR montre que cet homme a acquis une stature d’homme d’Etat dans la mesure où il a eu incontestablement le courage de mettre l’intérêt national au-dessus de celui de son parti et au-dessus de son propre intérêt.
Fidèle à ses convictions, cet homme d’Etat a posé ses conditions si on devait lui confier la mission de tenter, à nouveau, de former un Gouvernement.
Ni son parti, ni le CPR, ni Wafa n’accepteront ses conditions et il est exclu qu’il soit pressenti pour former ce Gouvernement.
Dans ces conditions, Monsieur Jebali doit avoir le courage d’aller jusqu’au bout de ses convictions en coupant le cordon ombilical qui le lie à son parti et créer son propre parti précipitant ainsi la scission au sein d’Ennahdha.
Cette évolution doit être soutenue par la société civile, l’opposition et bien entendu l’aile modérée de ce parti et Cheikh Abdelfatteh Mourou.
C’est cette modification des rapports de forces existant qui amènera l’aile dure d’Ennahdha à modérer ses positions dans la mesure où elle ne disposera plus de la majorité au sein d’une ANC qui demeure incontournable.
Sinon, le remplacement de Monsieur Jebali par un « faucon » accroitra l’instabilité politique et fera entrer le pays dans l’inconnu.
Jebali doit répondre à l’appel de la patrie en danger.