Ghannouchi confirme le revirement d'Ennahdha à propos de la loi sur «l'immunisation de la révolution»
« La loi d’immunisation de la révolution, c’est bien. Mais la vraie immunisation doit passer par la justice transitionnelle ». C’est ce qu’a annoncé en substance, Rached Ghannouchi, jeudi, dans une interview au journal, La Presse. Autrement dit, la priorité devra être accordée à l’examen du projet de loi sur la justice transitionnelle. A contrario, cela signifie que l’examen de cette fameuse loi qui a suscité tant de controverses est renvoyé aux calendes grecques. C’est un véritable tournant qui pourrait annoncer d’autres concessions douloureuses du parti islamiste, notamment un changement d’attitude vis-à-vis de Nida Tounès :« Ce parti fait partie du paysage politique. Le jour où il y aura la possibilité d’un dialogue, nous aviserons. Mais lors des concertations avec les autres partis sous l’égide du Chef du gouvernement, nous n’avons pas subordonné notre présence à leur exclusion. Le gouvernement dirigé par Ennahdha a reconnu ce parti », a souligné Rached Ghannouchi.
Il y a beaucoup de contre-vérités dans ces propos. Son mouvement n’a-t-il pas saboté la conférence de l’UGTT parce que Nida Tounès y était invité et empêché la tenue de nombres de ses réunions dont celles de Djerba. Mais compte tenu des difficultés rencontrées par Ennahdha et certainement, suite à des pressions étrangères, Ennahdha a dû changer de ton. Ghannouchi est un pragmatique. Il sait jusqu'où il ne faut pas aller trop loin. Béji Caïd Essebsi a été le premier à prévoir ce revirement en émettant des doutes sur la capacité du parti islamiste à faire passer. Venant après les dernières déclarations de Samir Dilou et Abdelfattah Mourou défavorables à l'exclusion de Nida Tounès du champ politique, les propos de Ghannouchi confirment le changement de cap d'Ennahda.