Zohra Ladgham, chargée d'affaires de Tunisie à Helsinki, relevée de ses fonctions
A peine nommée chargée d’affaires de Tunisie en Finlande, Zohra Ladgham a été relevée de ses fonctions pour « comportement incompatible avec son statut et manquement à ses obligations. La décision, annoncée jeudi par le ministre des Affaires étrangères, Rafik Abdesselem sur Mosaïque Fm, fait suite à une vidéo largement diffusée sur les réseaux sociaux, montrant la représentante de Tunisie contrôlée par la police, tard le soir, alors que la voiture officielle était conduite par une personne ne faisant partie de la mission diplomatique tunisienne.
«Cabale attisée par des barbus » contre la diplomate, dont le frère, Abderrahman Ladgham est l’un des dirigeants d’Ettakatol et siège à ce titre dans le gouvernement démissionnaire de Hamadai Jebali, comme le dénoncent certaines sources ? « J’ai mené moi-même les premières investigations, affirme le ministre des Affaires étrangères et vérifié auprès des autorités finlandaises que les faits reprochés sont bien avérés. C'est ce qui a motivé ma décision de la rappeler à Tunis. Une commission d’enquête a été dépêchée à Helsinki ».
Mise à jour
Récusant fermement ces accusations, Zohra Ladgham a dénoncé « un acte de vengeance monté par un chauffeur salafiste aux antécédents judiciaires avérés, congédié pour refus d'exercer son métier sous l'autorité d'une femme ». Usant de son droit de réponse sur Mosaïque Fm, elle a indiqué qu’elle n’a pas été invitée par le ministère des Affaires étrangères à donner sa version des faits et qu’aucun procès verbal n’a été communiqué aux autorités tunisiennes, s’étonnant de la célérité de la décision « inique » prise par le ministre.
Revenant sur les faits, Zohra Ladgham a indiqué que son prédécesseur l’avait déjà mise en garde contre deux chauffeurs « en rupture de ban ». Prenant ses fonctions, elle en a eu la preuve, les deux chauffeurs refusant de la conduire, ce qui l’a obligé à prendre des taxis, même lors de ses déplacements officiels, en attendant de procéder à leur licenciement, après en avoir informé le ministère. Ce soir-là, elle recevait des amis de passage à Helsinki et dînait tôt avec un ami qu’elle connaît de plus de 30 ans dans un restaurant, après avoir garé la voiture qu’elle conduisait elle-même, sur un emplacement réservé au corps diplomatique. A la fin du dîner, et en raison des conditions climatiques, elle avait remis les clés de la voiture à cet ami pour aller ouvrir la portière. Sur ce, elle a eu la surprise de voir deux policiers arriver en hâte, déclarant avoir reçu un appel anonyme dénonçant un conducteur en état d’ébriété.
Démentant les accusations, Zohra Ladgham a affirmé que la voiture était encore en stationnement, que l’ami en question était en dehors de la voiture, et que ni lui ni elle n’étaient en état d’ébriété. Le chauffeur en question s’est présenté immédiatement sur les lieux et persistait dans ses accusations devant les policiers. L’ami en question a été entendu le lendemain, mercredi et le procès verbal clôturé à 18 heures. De ce fait, il ne pouvait parvenir le soir-même ou ce matin jeudi, aux autorités tunisiennes.
« Fille de Bahi Ladgham, élevée dans l’amour de la patrie et le respect de l’Etat, ayant plus de 30 ans de carrière diplomatique, je ne peux faire à 55 ans, ce que j’aurais pu faire à 25 ans, lorsque je débutais dans la diplomatie, affirme -t-elle sur un ton très indigné».
Alertée par sa famille sur la circulation des vidéos sur la toile, Zohra Ladgham indique qu’elle a contacté immédiatement le secrétaire d’Etat chargé des relations avec les pays d’Europe, Touhami Abdoulli pour lui donner sa version des faits, lui indiquant qu’elle se tient à la disposition du Département pour tout complément nécessaire. Abdoulli lui a promis d’en parler avec le ministre. Quelle ne fut pas sa surprise de recevoir jeudi matin une note de rappel à Tunis, le 4 mars 2013, sans qu’elle ne soit entendue officiellement par personne.